Il y a quelques jours, dans un communiqué au bureau de la TAP de Sfax, le président du Cnot, Mehrez Boussayane, faisait la déclaration suivante : «Lors d'un conseil ministériel restreint, le gouvernement a refusé de présenter la candidature de la ville de Sfax pour l'organisation des Jeux méditerranéens 2021, dont le dernier délai est fixé pour le 31 juillet 2014». Jusque-là, rien de vraiment anormal. Sauf que le président du Cnot ne s'est pas arrêté là en plaçant une attaque en règle contre le gouvernement. Presqu'une accusation : «Cette décision est dangereuse parce qu'elle intervient après que le Cnot et la municipalité de Sfax eurent avalisé cette décision. Et aussi après que le gouvernement précédent s'est engagé, ainsi que l'ancien ministre des Sports, à appuyer cette candidature». Abus de pouvoir, bras de fer et fausses informations Depuis qu'il est en place, le président du Cnot, Mehrez Boussayane, n'en finit pas de dépasser ses pouvoirs et d'empièter sur ceux des autres. Essentiellement ceux du ministère des Sports, relégué, depuis quelque temps, au second rang avec un président du Cnot qui se prend pour responsable de tout ce qui touche, de près ou de loin, à notre sport. Ce projet sportif, la candidature de Sfax aux Jeux méditerranéens, nous aurions préféré que ce soit le ministère et le ministre des Sports qui en prennent l'initiative et qui la présentent aux médias et au public. Or, ce qu'on a vu, c'est le président du Cnot qui fait un travail en coulisses, qui impose un bras de fer au gouvernement et qui prend l'initiative de prendre une délégation à Athènes pour présenter la candidature de Sfax. Ce qui est encore plus grave et plus pernicieux dans cette déclaration, c'est d'avoir joué sur les sentiments d'une région et d'une ville, Sfax, contre le gouvernement, qui a le droit d'accepter ou de refuser. Ceci est à notre avis un précédent dangereux et nous nous étonnons que les autres membres du Cnot n'aient pas réagi à la démarche de leur président. Même s'il n'est un secret pour personne que plus de la moitié du collège du Cnot est opposé au pouvoir unique décrété par Mehrez Boussayane. Détournement d'un projet Le point de départ de toute cette histoire, c'est un ex-grand sportif tunisien, qui a envie de faire quelque chose pour son pays, qui s'en va voir l'ex-ministre des Sports, Tarek Dhiab, pour lui dire que des Chinois veulent investir dans le sport en Tunisie. Tarek Dhiab reçoit les Chinois qui lui présentent les plans d'un projet grandiose d'une ville sportive à Sfax, mais aussi de la restructuration totale de l'Ineps, institut sportif de Kassar Saïd, qui date des années 60 et qui tombe en ruine. Tarek Dhiab présente le projet au gouvernement et part même à Sfax pour le présenter aux autorités et à la famille sfaxienne, qui expriment leur enthousiasme. Mais avec les problèmes (économiques et autres) que connaît le pays, tout cela reste au stade de projet, même si l'ancien ministre a accéléré les travaux du M'hiri. En ce qui concerne l'aval de Tarek Dhiab et de son ministère pour la candidature de la ville de Sfax pour les JM de 2021, rien de vrai, rien d'écrit. Idem pour le gouvernement précédent. Tout au plus si Tarek Dhiab et ses collaborateurs s'étaient déplacés à Mersin pour les derniers JM et qu'ils s'étaient rendus à l'évidence : les Jeux med, ça coûtera cher, très cher à la Tunisie qui a d'autres priorités en ce moment. Pour autant, le projet d'un stade et de deux terrains annexes à Sfax n'a jamais été abandonné ! Le souvenir des Jeux méditerranéens de 2001... Une précision de taille tout d'abord : les Jeux méditerranéens n'ont aucune valeur sportive. C'est une manifestation de quatrième zone qui n'apporte rien sur le plan des performances. Ceci pour dire que notre sport et nos sportifs n'en tirent aucun profit. Le centième de ce qui peut être dépensé pour ces Jeux peut servir à avoir une dizaine de champions olympiques et du monde avec une bonne programmation sur le temps. C'est ce que doivent s'atteler à faire le ministère, le Cnot et nos fédérations et non appuyer un dossier bidon, faire la pression sur le gouvernement et allumer la ville de Sfax. Faut-il rappeler qu'en 2001 les Jeux méditerranéens à Tunis ont permis à Zaba, sa famille et sa clique de s'en mettre plein les poches, avec un stade de Radès aux mille imperfections et anomalies, tout comme c'est le cas pour la salle couverte et la piscine. Faut-il également rappeler que 100 mille dinars (de l'argent du contribuable) ont été généreusement et abusivement distribués aux médaillés d'or, dont la valeur des performances sportives est nulle par rapport à celles mondiales et olympiques. On veut quoi? Refaire le même business et faire avaler les mêmes pilules avec ces Jeux méditerranéens à Sfax?! Nous disons non et nous mettons en garde l'actuel gouvernement et ceux qui vont arriver contre un pillage en règle des deniers publics. Le Cnot et nos fédérations, nous allons voir leurs résultats lors des prochains Jeux olympiques en 2016 au Brésil et ils seront comme d'habitude lamentables. Alors, faire acte de diversion avec des Jeux méditerranéens bidon pour se fabriquer une crédibilité, se maintenir en place, éventuellement se faire réélire et se taire sur la véritable situation catastrophique de notre sport, c'est quelque chose qui ne doit pas échapper aux responsables et au pays. Aujourd'hui, plus que jamais, il faudra remettre les choses en ordre. Le Cnot et son président doivent rester à leur véritable place et ne plus dépasser leurs prérogatives. Les dépassements qui se vérifient depuis quelque temps sont trop graves pour ne pas être signalés. Et il faudra y mettre fin ! Le ministre et le ministère des Sports doivent réagir et reprendre les choses en main. Il y a une hiérarchie qui doit être respectée. A notre connaissance, ce sont eux qui représentent la légitimité politique et populaire et non le Cnot, élu par des fédérations dont on connaît les scandales et les résultats calamiteux. Les membres du Cnot doivent réagir à la dérive dangereuse de leur institution et ne plus se laisser entraîner dans des polémiques où s'entremêlent pouvoir, politique et affaires. Il faut enfin qu'on dresse un véritable bilan de notre sport. Le gouvernement doit demander des comptes au ministère et aux fédérations. Même pas au Cnot qui n'est qu'une institution protocolaire !