Dans son dernier rapport du mois de juillet, le Conseil d'administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT) exprime son inquiétude quant à l'impact éventuel du contexte géopolitique tendu L'environnement économique international se caractérise par un ralentissement du rythme de croissance dans les pays avancés, contre une altérité du rythme de la croissance dans les économies des pays émergents. Le tout sur fond de contexte géopolitique tendu, avec des risques de hausse des prix de carburants. Une situation qui a poussé le Fonds monétaire international à réviser, fin juillet, à la baisse le taux de croissance pour l'année 2014. Un taux ramené à 3,4% contre 3,7% initialement prévu. Par contre le FMI n'a pas changé les prévisions pour l'année 2015. Une année au cours de laquelle, on table sur un taux de croissance de 4%. Sur le plan national, et lors de l'examen des dernières évolutions de la conjoncture nationale, le Conseil d'administration de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a relevé que les derniers indicateurs sectoriels disponibles présagent d'une bonne reprise du secteur agricole et des mines. Par contre, la production industrielle a légèrement régressé (-0,1%). Une baisse due, essentiellement, au recul de la production des industries non manufacturières et de l'activité du secteur des énergies. Il en est de même pour le secteur touristique, qui, en dépit d'une légère amélioration des recettes en devises, a accusé une baisse au niveau de ses principaux indicateurs. En effet, le CA de la BCT a relevé une baisse de -3,3%, au niveau des entrées et de -4,4% au niveau des nuitées. Aussi, le rythme de reprise reste-t-il en deçà des attentes. Ce qui a abouti à une révision à la baisse du taux de croissance économique attendu pour l'année 2014. Un taux ramené de 3,5% à 2,8%. Il est évident que vu la situation économique reflétée par ces chiffres, et compte tenu des résultats modestes enregistrés l'année écoulée, l'économie nationale demeure loin du niveau requis. A ce rythme-là, on ne peut répondre aux aspirations du pays en matière de développement, de création d'emplois et de maîtrise des équilibres financiers globaux, ce qui exige de toutes les parties prenantes une prise de conscience de l'impératif de multiplier les efforts et d'œuvrer conjointement à instaurer de nouvelles orientations adéquates pour libérer l'initiative et développer le potentiel productif de l'économie nationale, afin de relever ces défis. Aggravation du déficit courant Concernant le secteur extérieur, le Conseil a noté la poursuite de l'aggravation du déficit courant au cours du premier semestre de l'année 2014 pour s'établir à 5,3%, du PIB contre 4,4% au cours de la même période de l'année écoulée. L'aggravation du déficit commercial est attribuée, principalement, à la balance énergétique et à celle des produits alimentaires. Une situation qui n'est pas sans impact sur les avoirs nets en devises. Néanmoins, le CA de la BCT relève que les avoirs ont enregistré une légère amélioration, à fin juillet, pour s'établir à 12.085 MTD ou l'équivalent de 108 jours d'importations, au 31 juillet 2014, contre 106 à la fin de l'année 2013. Une amélioration que l'on doit principalement à l'emprunt obligataire souverain de 500 millions de dollars, assorti de la garantie des Etats-Unis à travers l'Agence américaine pour le développement international (Usaid). S'agissant de l'inflation, l'indice général des prix à la consommation a enregistré, depuis le mois de février dernier, une augmentation crescendo, atteignant 6%, au mois de juillet, en glissement annuel contre 5,7% le mois d'avant. Cette tendance est imputable particulièrement à la décélération du rythme d'évolution des prix des produits alimentaires frais et, à un degré moindre, des produits manufacturiers. Il en est de même pour le taux d'inflation de base (hors prix des produits encadrés et frais) qui a évolué dans le même sens, pour se situer autour de 4,6%, contre 4,2%, au mois de juin dernier. Selon les données disponibles, la pression sur les prix se poursuivra, d'autant plus qu'on est en pleine saison de consommation, vacances estivales et haute saison touristique oblige. En matière d'évolution de l'activité du secteur bancaire, le Conseil a signalé des indicateurs positifs notamment au niveau de la hausse du rythme d'évolution de l'encours des dépôts au cours du premier semestre (4,3% contre 2%, au cours du premier semestre de l'année dernière). Un rythme positif grâce notamment aux comptes à terme et à la consolidation du rythme des concours à l'économie. Ces derniers ont évolué, au cours du premier semestre de l'année 2014, pour atteindre 5%, contre 3,1% l'année passée. S'agissant des dernières évolutions monétaires, le Conseil d'administration de la BCT a enregistré la poursuite de l'accroissement des besoins des banques en liquidité au cours du mois de juillet 2014, ce qui a entraîné une intervention accrue de la Banque centrale pour réguler le marché monétaire avec une enveloppe de 5.489 MDT en moyenne, contre 5.581 MD, pendant le mois précédent. Partant, le taux d'intérêt moyen sur ce marché a enregistré une légère hausse, passant à 4.98%, contre 4.78% d'un mois à un autre. Lors de l'analyse des tendances récentes du marché des changes, le Conseil a relevé la poursuite de la dévaluation du dinar, depuis le début de l'année 2014, vis-à-vis des principales devises étrangères. Ainsi, la parité du dinar a atteint, à fin juillet, le niveau de 1,7184 dinar par rapport au dollar américain, soit -1,8%; contre une stabilisation face à l'euro (2,3031). Et, depuis le début de l'année, le C.A. relève que la dévaluation a atteint -1,6%, pour ce est du dollar, contre 4,2% pour l'euro sachant que le prix de change a connu un rythme positif soutenu, au cours de la dernière période, suite à l'amélioration de l'état de liquidité sur le marché de change. A la lumière de l'ensemble de ces évolutions et de la situation sécuritaire aussi bien en Tunisie que dans la région, le Conseil d'administration a exprimé son inquiétude quant aux impacts éventuels de la situation géopolitique sur l'économie nationale et sur les équilibres financiers internes et externes, appelant l'ensemble des parties concernées à plus de vigilance. Le C.A. a, par ailleurs, décidé de maintenir inchangé le taux d'intérêt directeur de la Banque centrale. I.B.