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Notre bateau tangue encore, le gouvernail est-il mal tenu ?!
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 08 - 2014


Par Dr Rejeb HAJI
«Quand la mer est tranquille, chaque bateau a un bon capitaine» (proverbe suédois)
Notre pays, en situation dépressive et malheureuse, est submergé par la colère. Des énergumènes la plupart étrangers,viennent de plus en plus nombreux, de jour en jour, semer la peur pour troubler sa quiétude. Un soi-disant gouvernement d'indépendants, trié sur le volet, paraît-il, bardé de diplômes est aux commandes depuis quelques mois. Quel bilan peut-il avancer aujourd'hui ? Nous étions de ceux qui prêchaient de lui accorder du temps et de ne pas inventorier ses cent jours. Avec une loi de finances complémentaire de 2014, peu crédible où le fardeau, épargnant la classe possédante, fait supporter la charge à la classe moyenne, devenue de plus en plus déshéritée, il est temps de faire le bilan. Au lieu d'aller au fond des choses et s'attaquer en priorité aux dépenses de fonctionnement de l'Etat, on affrète un avion pour des voyages présidentiels pour parcourir des pays d'Afrique, sans résultats tangibles à ce jour. Autres pays, autres objectifs pour les présidents voyageurs. A leur retour au pays, le bilan est scruté à la loupe. A la suite de leurs tournées, quels nouveaux investissements ont-ils apporté au pays ? Combien de contrats ont été signés par les chefs d'entreprise accompagnant le président ? Quelles actions entreprendre pour l'ouverture de nouveaux marchés ? Qu'en est-il du dernier voyage de notre président intérimaire ? Le pays est dans une situation grave,sinon à la dérive. Il ne voit pas la fin du tunnel. Pire encore, tous les indicateurs sont au rouge, alors que certains clament tout va bien madame la marquise !
A voir la glissade continue de notre dinar, l'image de notre économie, on comprend l'origine du pessimisme et du ressentiment. La faiblesse de l'Etat et son désarroi face aux épreuves, le gouvernement de technocrates n'a trouvé mieux que d'enfoncer le clou. Il instaure de nouvelles contributions exceptionnelles et conjoncturelles, dit-il ! Il impose une diminution du salaire de un à six jours et d'un supplément d'impôt pour les sociétés et pour les contribuables. Les ministres de l'Economie l'attribuent au redressement économique. Ils soutiennent que la loi de finances émane du dialogue social alors que leurs partenaires (Ugtt et Utica) la contestent. La méthodologie, affirment-ils, repose sur plusieurs spécificités «le dialogue, le consensus et le principe de responsabilité». Ils avouent, quand même hériter un trou de 770 millions de dinars des ressources non fiscales,de dépenses de 1.411 millions de dinars et de 1.195 millions d'arriérés de l'année 2013. Aucune raison pertinente n'est invoquée à cette situation alarmante. La solution magique consiste pour eux en une diminution de moins de 1% des dépenses publiques, ce qui est dérisoire. Ils tablent sur une augmentation de 4% des recettes fiscales, ce qui est peu probable. Le secteur bancaire est épargné de l'effort à consentir. Juste de la poudre aux yeux, l'autorisation d'ouverture de bureaux de change. Quel est l'intérêt de cette mesure dans l'environnement actuel ? La restriction des subventions, les augmentations de différentes taxes (tabac, timbres fiscaux...) et la création de nouvelles (contrat de mariage, tourisme...) leur rendement demeure insignifiant par rapport à la récupération des biens du clan Ben Ali. Ces derniers fonds sont perdus à jamais,puisque les dossiers sont mal ficelés et les pays qui promettent ne mettent pas à exécution leurs engagements.
Les «sukuk» : obligations islamiques
Les ministres tablent aussi sur une autre source pour diminuer le déficit budgétaire. Ils évoquent les «sukuk», l'équivalent des «obligations islamiques». Pour mieux les comprendre,rappelons pour les non-avertis qu'une obligation est «un titre représentatif d'un prêt à long terme consenti par un agent à une entreprise ou un Etat. Les détenteurs de ces titres sont créanciers de l'agent émetteur jusqu'au remboursement de l'emprunt à son échéance». L'obligation procure un intérêt annuel (le coupon) en général à taux fixe. Par contre cette nouvelle trouvaille du gouvernement précédent, à connotation islamique, exige des garanties en nature qu'il faut présenter à la Banque islamique de développement. Certaines de nos entreprises nationales voire même nos palais chargés d'histoire, qu'on voulait brader, ou encore nos autoroutes feraient-elles l'affaire de ces garanties ? Le sukuk accorde à l'investisseur une part d'un actif, ainsi que des flux de trésorerie et des risques proportionnés à la créance. Ce titre respecte les principes de la Charia, qui interdit la facturation ou le paiement d'intérêts. Les investisseurs locaux et étrangers les achètent. Sous plusieurs structures,approuvées par les conseils d'administration où siègent des spécialistes de la jurisprudence musulmane de la Charia, ils sont mis sur le marché financier. En vogue ces dernières années, leur taux de croissance est actuellement de 10 à 15%. Ils sont surtout émis pour l'économie de la Malaisie.
Un institut africain de la statistique
Outre la loi de finances complémentaires dont on vient de tracer les contours, deux autres événements méritent qu'on s'y attarde. Le pacte africain de la statistique adopté par l'ANC. Il vise à mettre en place un institut africain de la statistique. Comment peut-on envisager une pareille institution alors que la nôtre l'INS (Institut national de la statistique) est dépendante du gouvernement ? Elle est encore peu crédible. Faut-il rappeler à son sujet qu'un des ministres d'après la révolution, qui a atterri à la tête d'une banque pour services rendus, avait déclaré que tous ses chiffres de l'INS sont faux. Il aurait fallu, en premier lieu,à l'instar de la Banque centrale, lui donner son indépendance et de ce fait parfaire sa crédibilité pour la rendre exemplaire.
Un comité de pilotage
Le deuxième événement, dangereux celui-là, puisqu'il marginalise encore plus l'université tunisienne, déjà absente de l'environnement économique et social. La création d'un comité de pilotage de l'économie,composé de seize membres. Autour du gouverneur de la Banque centrale siègent des représentants de l'Institut de la Méditerranée-Marseille, de la Femise (Forum Euro-méditerranéen des Instituts de Sciences Economiques),de l'Institut de la Méditerranée-Tunisie créé pour les besoins de la cause (celui-ci réunit autour du gouverneur de la BCT, «un néokeynésien», le ministre de l'Economie et des Finances, «un technicien franco-tunisien sur les questions énergétiques», le ministre auprès du chef du gouvernement chargé de la Coordination et du suivi des affaires économiques). Cet institut, dont l'ouverture à Tunis a eu lieu récemment, est cofinancé par la France. L'objectif, qui lui est assigné par ses promoteurs, est de conduire «une étude stratégique destinée à proposer une vision à moyen terme pour l'économie tunisienne, incluant une matrice quinquennale 2015-2020». L'Iace (L'Institut arabe des chefs d'entreprises), la direction générale du Trésor français, la Délégation de l'Union européenne et l'université tunisienne sont entre autres des composantes de ce comité. Que c'est triste de voir des Français s'occuper de notre destinée. Il est vrai que la plupart des légionnaires portent la double nationalité et qu'ils n'ont pas participé à la révolution et par conséquent la fibre nationaliste leur échappe.
Dans les familles politiques, auxquelles adhèrent une poignée de poussières d'individus, si hétéroclites qu'ils manquent de constance et de rectitude, cet événement est passé, pour elles,inaperçu. Il est vrai, qu'en leur sein, des tartuffes cherchent plutôt à être des stars célèbres de la politique que de se préoccuper du devenir du pays. Si la démocratie d'opinion amène son cortège de facilité, de subjectivité et d'autosuffisance, elle ouvre aussi l'appétit des candidatures à être président. La nouvelle Constitution leur a balisé la voie puisque les conditions d'y accéder sont à la portée de tous. Pour la myriade de partis, en manque de projets, ce nouveau comité prendra le relais et tracera à leur profit les solutions d'avenir.
Une autre démarche
Il aurait été plus convenable que le Premier ministre charge un expert choisi pour son indépendance et sa notoriété et lui donne un mandat de six mois pour l'étude de l'économie et de sa projection pour les cinq années à venir. Cet expert, qui serait entouré de personnalités tunisiennes connues dans leurs domaines respectifs (une trentaine), auditionnerait tous ceux qui ont eu à assumer des responsabilités dans le domaine économique et social. Après études et confrontations si nécessaires, il présenterait son rapport au Premier ministre. Ce rapport, portant le nom de son auteur, serait soumis à tous les acteurs de la société civile pour l'enrichir. Telle serait une autre manière plus crédible de gouverner. Telle est la démarche plausible des pays développés dans la résolution de leurs problèmes. Nous l'avons suggéré à de multiples occasions mais nous avons eu affaire à des gouvernants malentendants où la suffisance est la règle alors que le doute est permis dans leurs performances passées. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer objectivement la situation du pays et ce qu'ils vont léguer comme héritage pour leurs successeurs. Le souhait de tous est que les prochaines élections mettent les pendules à l'heure pour mener à bon port le bateau Tunisie qui tangue de plus en plus, à se demander si le gouvernail est bien tenu !


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