Gouvernance, financement, formation, ressources humaines, statuts des chercheurs, formation et valorisation de la recherche, autant de points d'attaque à réviser radicalement. Réformer le système complexe de l'enseignement supérieur, de l'employabilité des cadres, de la recherche scientifique et de l'innovation s'avère être une priorité absolue. Elle l'est en raison de moult défaillances qui accablent ledit système, entravent sa rentabilité ainsi que la dynamisation de la recherche scientifique au détriment des compétences tunisiennes dont 242 mille sont actuellement au chômage. Lors de la tenue, avant-hier, de la conférence nationale sur les compétences universitaires tunisiennes à l'étranger, le Pr Chédly Souga, membre de la commission nationale de la réforme, a rappelé, dans un exposé détaillé, les efforts déployés récemment en vue de booster le travail de la commission mais aussi — et surtout — afin d'asseoir les jalons de la réforme. En effet, une consultation nationale sur la réforme de la recherche scientifique et de l'innovation a été organisée à travers de multiples réunions et des rencontres-débats, tenues à l'échelle sectorielle et régionale. D'un autre côté, l'atelier sur la réforme de l'enseignement supérieur, de l'employabilité, de la recherche scientifique et de l'innovation, qui a été organisé, du 20 au 22 juillet 2014 à Monastir, a été l'occasion, pour les participants de débattre des différents volets relatifs à ce secteur et de fixer les axes majeurs du projet de la réforme. Il faut dire que le domaine de la recherche scientifique intrigue, de par les lacunes persistantes touchant à la fois à sa gouvernance, son infrastructure, son financement, ses ressources humaines, aux statuts des chercheurs, mais aussi à la formation par la recherche et à l'efficacité de cette dernière. Place à une instance nationale de pilotage Les recommandations auxquelles ont abouti les travaux exigent la mise en place d'une structure nationale à même de piloter toutes les missions liées au secteur. Cette instance sera chargée de l'élaboration des stratégies, la définition des priorités, la quête des fonds de financements et la garantie d'une coordination en bonne et due forme entre les institutions de cotutelle. Pour optimiser son rôle, de nouvelles structures de gestion, de financement, d'audit, d'évaluation, devraient voir le jour. Parallèlement, il conviendrait de créer une synergie entre l'université et son environnement socio-économique pour une meilleure visibilité de l'université. D'autant plus que cette mesure favoriserait la mobilité des chercheurs et des doctorants. Les responsables recommandent un intérêt plus significatif pour la recherche en sciences humaines et sociales par la création de pôles de compétences. Pour ce qui est du financement et de l'infrastructure propre à la recherche scientifique, les participants à l'atelier de Monastir se sont mis d'accord sur l'impératif de la mise en place, au niveau des universités, de bureaux de levée de fonds et de montage de projets internationaux, lesquels boosteraient la compétitivité de l'université dans la quête des fonds de financement internationaux. Trouver des solutions aux problèmes liés au financement de la recherche scientifique implique, par ailleurs, la création de nouveaux mécanismes favorisant la contribution des structures régionales au financement des projets. Il convient, également, d'augmenter la part de financement privé et réviser le cadre réglementaire d'incitation du personnel œuvrant dans les projets de recherche. La motivation dudit personnel passe, en outre, par la fructueuse mobilité privé-public et public-privé et par la motivation matérielle des doctorants s'apprêtant à préparer leurs thèses. Les responsables recommandent, par ailleurs, la mise en place d'un audit pour l'examen de l'état et de l'exploitation des infrastructures de recherche, la création de plateformes de recherche dans les régions, créer des réseaux de documentation, ainsi que des unités de recherche au sein des campus. Pour la mobilité entre enseignement, recherche et environnement socio-économique S'agissant des ressources humaines, et des statuts des chercheurs, il est temps de doter les établissements universitaires ainsi que les structures de recherche de personnel spécialisé en gestion des ressources humaines (Atos), d'inciter à une meilleure mobilité des chercheurs entre les trois pivots du secteur, à savoir l'enseignement, la recherche et l'environnement socioéconomique. La réforme inclura, en outre, la création d'une stratégie de capitalisation des compétences universitaires tunisiennes à l'étranger. En ce qui concerne la formation par le biais de la recherche et des écoles doctorales, les participants à l'atelier ont été unanimes sur la nécessité d'instaurer des thèses d'excellence, lesquelles seront financées sur projet et recruter, désormais, des candidats de mérite. Une telle mesure restreindra et le nombre de thésards par encadreur habilité et le nombre d'années d'inscription. Il convient également de mettre les commissions de thèses sous la tutelle des écoles doctorales et de mettre en place un collège d'écoles doctorales au sein de chaque université.