C'est la première fois en Tunisie qu'un tel événement se produit. Le Festival de Carthage organise, cette année, en partenariat avec Tunisie Télécom et la Télévision tunisienne, entre autres, la projection de quatre spectacles en direct, dans quatre villes tunisiennes : Sidi Bouzid, Siliana, Tozeur et Gabès. Des écrans géants ont été installés dans le centre de quatre villes de l'intérieur du pays pour permettre à leurs habitants de profiter de quelques soirées du Festival de Carthage, gratuitement et en même temps que les chanceux spectateurs assis dans les gradins du théâtre antique. Les projections ont eu du succès, même si le projet a connu quelques soucis : la ville de Kasserine, initialement sur la liste, n'a pas pu accueillir ces projections pour question de sécurité et le spectacle de Chirine, qui a eu lieu samedi 9 août, n'a finalement pas pu être diffusé pour cause de « problèmes techniques », selon Tunisie Télécom, sponsor officiel du Festival. Une initiative qui plaît Khaled Labidi, chargé de l'activité culturelle dans le gouvernorat de Siliana, est très content de cette initiative qui anime sa ville. « Depuis la révolution, plus aucune manifestation culturelle n'a été organisée sur la grande place qui accueillait souvent une scène. Cette initiative a pu amener les spectacles de Carthage à des Tunisiens qui ne peuvent pas y aller : cela fait plaisir, surtout que d'habitude on ne nous envoie même pas d'affiches... » A Sidi Bouzid, les soirées de projection se sont déroulées sans problème, selon Mustapha Aloui, délégué régional à la culture. Même s'il est heureux de cet événement, il déplore le fait de n'avoir pas pu choisir les spectacles. « Le spectacle République pour tous n'a pas plu. J'ai vu des gens partir au bout de 20 minutes. Par contre, le concert de Marcel Khalifa a eu beaucoup de succès», raconte celui qui s'apprêtait, sans grand enthousiasme, à assister au concert de Nancy Ajram, projeté hier au théâtre municipal de Sidi Bouzid. La directrice du festival, Sonia M'Barek, est ravie d'avoir pu mettre en place ces projections qui ont vocation à devenir « une tradition » : «Notre démarche est d'apporter la culture aux gens qui n'ont pas les moyens d'aller au Festival de Carthage, de démocratiser l'accès à l'art ». Un essai gagnant, selon elle : « Les gens ont vraiment apprécié les spectacles et ont été étonnés de pouvoir y assister de chez eux.» Ainsi, la direction du Festival de Carthage et tous ses partenaires ont pour ambition d'organiser ces projections dans les 24 gouvernorats tunisiens, à l'avenir. « Quelques spectacles suffiront aux Tunisiens pour se sentir avec nous », conclut Sonia M'Barek. La dernière projection aura lieu ce jeudi 14 août : il s'agit du spectacle Hymnes de l'amour et de la paix, avec Lotfi Bouchnaq, entre autres artistes.