146 incendies de forêt cet été Hier matin, le ministre de l'Agriculture, Lassaâd Lachaâl, et le directeur général de la direction des forêts, Youssef Saâdani, ont présenté le bilan de ces trois dernière années ainsi que les plans d'action du ministère. Mardi dernier, 12 août, deux incendies ravageurs ont détruit au Kef de nombreux arbres forestiers. Cette année, on compte à ce jour 146 feux de forêt et 1800 hectares de forêt brûlés. Le ministre de l'Agriculture et le directeur général de la direction des forêts veulent mobiliser les Tunisiens quant à la question de ces incendies forestiers qui causent d'énormes pertes financières. Le ministre, Lassaâd Lachaâl, a particulièrement insisté sur l'importance du facteur économique que représente l'agriculture forestière, puisqu'elle rapporte chaque année 250 millions de dinars de revenus au million de Tunisiens qui vivent dans les forêts. La culture des pignons de pin, des champignons ou des arbres à zgougou par exemple est menacée à chaque nouvel incendie. Youssef Saâdani, directeur général des forêts, souligne le fait qu'un arbre brûlé met du temps à redevenir productif. Selon le ministère, il peut y avoir jusqu'à 90 millions de dinars de pertes en une année en comptant tous les moyens mis en œuvre pour éteindre les feux : l'eau, le gasoil... Des enquêtes non résolues Le ministère de l'Agriculture a présenté un bilan de ces trois dernières années et des précisions sur les causes de ces incendies qui ne manquent pas d'inquiéter. Entre 1954 et 2011, le ministère de l'Agriculture a compté en moyenne 105 incendies par an. Depuis, il y en a eu 205 en 2011, 400 en 2012 et 297 en 2013, remarquant ainsi une augmentation importante. Mais il est probable que les chiffres — au temps de la dictature — aient été faussés, ils ne sont donc pas tout à fait fiables. Toujours est-il que ces incendies ont lieu tous les ans, généralement pendant la période qui va du 15 juillet à la fin du mois d'août. Cette année, on compte pour l'instant 146 feux de forêt dont plusieurs se sont déclenchés au début du mois de juin. On se souvient de l'incendie du mont Nahli du 5 juin dernier qui a dû faire l'objet d'une enquête; plusieurs feux se sont déclenchés en même temps à différents endroits. Si ces incendies de forêt sont habituels en cas de fortes chaleurs, Youssef Saâdani s'inquiète de ceux plus suspects : «Nous avons mis deux semaines à éteindre l'incendie qui est survenu à Sejnane parce qu'à chaque fois que l'on éteignait un feu, un autre se déclenchait». Une enquête est toujours en cours, de l'incendie qui s'est déclaré le 20 juillet mais qui n'a donné encore aucun résultat. « Impliquer la population » Youssef Saâdani affirme qu'il y a 3% d'incendies d'origine criminelle, mais on ne peut donc pas savoir qui sont les coupables et quelles sont leurs mobiles car aucune enquête n'a abouti. Le ministère ne connaît pas la cause de 60% des incendies mais les 40% restants seraient dû à l'inattention des habitants de ces forêts. Ainsi, les mégots de cigarettes lancés dans les feuilles et le bois séché sont à l'origine de plus de la moitié des incendies. La cuisson qui laisse des feux mal éteints, l'apiculture ou le tonnerre sont aussi des causes fréquentes. Le directeur général des forêts fournit des explications quant à certains incendies situés dans les zones militaires, sur le mont Chaâmbi par exemple : «L'armée manipule des armes, des obus, qui peuvent involontairement provoquer des feux». La conférence de presse a permis au ministre de saluer tous ceux qui travaillent à la sauvegarde des forêts, notamment la Protection civile, les gardes forestiers et les pompiers. La direction des forêts met en place une stratégie sur le long terme pour encourager la conservation des forêts «en améliorant les conditions de vie et en impliquant la population». Depuis le début de l'année, il a également été décidé de doubler l'effectif des camions-citernes, de multiplier les points d'eau et les tranchées pare-feux (des bandes de territoires totalement débroussaillées pour éviter que le feu ne se propage). Au ministère de l'Agriculture, il est urgent de faire prendre conscience à la population de la gravité de ces incendies de forêt. Lassaâd Lachaâl l'a répété hier matin : «Nos forêts sont un patrimoine précieux qu'il faut préserver».