Le conseil des Tunisiens à l'étranger, les procédures d'inscription et les immigrés disparus en mer, dossiers en instance toujours d'actualité L'université d'été qu'avait organisée la Coordination des assises de l'immigration tunisienne (CAIT), pendant trois jours à Aïn Draham, a pris fin tout récemment, laissant en suspens autant de questions : comment percevoir le nouveau conseil des Tunisiens à l'étranger ? Quel rôle est-il appelé à jouer ? Nos concitoyens et les élections, qu'attend-on de l'Isie ? La CAIT, que demande-t- elle du gouvernement quant au brûlant dossier des immigrés disparus en mer ? Ces mêmes points d'interrogation ont fait, hier, l'objet d'une conférence de presse tenue par ladite Coordination au siège du forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES). A peine un mois après l'annonce faite par le chef du gouvernement provisoire Mehdi Jomâa, lors des travaux de la conférence annuelle sur la migration et la citoyenneté, le conseil national des Tunisiens à l'étranger n'a pas fini de faire parler de lui parmi la diaspora tunisienne aux quatre coins du monde. A telle enseigne que la CAIT s'est massivement mobilisée pour demander au gouvernement l'accélération de la mise en place de ce conseil tant attendu depuis les années 80, où l'ancien régime avait tout fait pour l'enterrer. Aujourd'hui, à la faveur d'une telle nouvelle volonté politique, se félicite par la même occasion M. Tarek Ben Hiba, porte-parole de la CAIT, ce projet se voit renaître de ses cendres. Comment doit-il se présenter, aux yeux des émigrés ? D'après M. Ben Hiba, le conseil devrait revêtir l'aspect d'une instance consultative représentant les Tunisiens résidents à l'étranger « en vue de défendre leurs intérêts légitimes spécifiques. Il est l'interlocuteur des pouvoirs publics tunisiens et ceux des pays d'accueil ». Sa composition devrait englober les élus de l'immigration au sein de la future chambre parlementaire, les représentants des associations chevronnés en la matière, des ministères concernés, de l'Office des Tunisiens à l'étranger (OTE), ainsi que ceux relevant des organisations ouvrière (Ugtt), patronale (Utica) et estudiantine (Uget). Sa vocation consiste tout bonnement à émettre des avis sur la question migratoire dans ses aspects économique, financier, juridique et socioculturel. La CAIT, faut-il le rappeler, n'a pas manqué de remettre entre les mains du gouvernement un projet de ce conseil détaillé. Cependant, la mise en place d'une vraie politique migratoire s'avère tributaire d'une réforme globale structurelle et juridique touchant, en premier lieu, la restructuration de l'OTE, la révision des accords et conventions en matière d'immigration, l'assouplissement des formalités administratives, la redynamisation de l'apprentissage de la langue arabe et l'amélioration du contenu pédagogique, la législation de lutte contre les pratiques discriminatoires contre nos concitoyens et la reconnaissance de leurs droits civiques et politiques dont le droit de vote et d'éligibilité à toutes les échéances électorales. Telles sont, entre autres, les revendications que les assises des associations de la migration tiennent à concrétiser. Sur le volet inscription électorale à l'extérieur, les Tunisiens à l'étranger ont beaucoup de réserves à soulever. M. Hiba a déjà dénoncé la démarche de l'opération, toujours avec les mêmes inconvénients qui se répètent depuis les élections de 2011, où l'instauration d'une seule circonscription regroupant la diaspora tunisienne relève plutôt de l'absurde. Abondant dans ce sens, le conférencier a jugé que le processus d‘inscription est mal parti : « Les bureaux d'inscription ont des problèmes, ils ferment le dimanche et même le lundi, suivant un horaire administratif contraignant, en séance unique, au point que les citoyens n'arrivent pas à s'inscrire massivement. Or, c'est paradoxal, car les travailleurs ne peuvent pas s'inscrire pendant les horaires de travail.. ». Idem pour les listes électorales, une seule ne peut manifestement suffire. La CAIT semble être au rendez-vous. « Nous y avons participé avec nos propres locaux pour que les Tunisiens puissent s'inscrire. Nous avons aussi mobilisé nos équipes pour l'observation du déroulement des inscriptions. De surcroît, nous allons nous préparer à l'observation dans les bureaux de vote.. », a-t-il encore indiqué. La CAIT ne s'est pas privée de critiquer les atermoiements du gouvernement et sa négligence à l'égard du dossier des immigrés disparus sur les côtes de Lampedusa, en Italie. Elle réclame soutien effectif moral, financier et matériel à la commission nationale d'enquête sur cette affaire si lancinante. Aux dires de M. Hiba, il est aujourd'hui question de tenir les promesses afin de régler ce dossier.