Entre Gnawa Diffusion et le public tunisien, le plaisir des retrouvailles est partagé. Depuis sa reformation en 2012, Gnawa Diffusion s'est produit, dimanche dernier, pour la première fois en Tunisie. Sur l'esplanade du musée de Carthage, les membres du groupe, à leur tête Amazigh Kateb, ont fait le bonheur d'un public qu'ils connaissent bien. La reconnaissance est partagée et il ne pouvait en résulter qu'une bonne ambiance, en cette dernière soirée des rencontres internationales de musique alternative de Carthage ou « Mousiqa Wassalem ». La manifestation qui prône les découvertes de nouvelles propositions musicales dans le monde arabe a gardé le meilleur de sa programmation pour la fin. Gnawa Diffusion sont, en effet, une valeur sûre en Tunisie. Le groupe le doit à son répertoire au métissage particulier, mais aussi à son leader, Amazigh Kateb. Personnage haut en couleur, il porte en lui cette Algérie où Gnawa, Chaâbi, Aissaoui, Raï et Malouf témoignent d'un peuple à la culture plurielle. Kateb déploie sa voix et ses écrits pour défendre diversité et libertés partout où il passe. Jeux de mots intelligents, humour piquant et rythmes dansants ont fait de son groupe une référence. Avec les Gnawa Diffusion à Carthage, on n'a pas dansé idiot. Après une introduction avec « Salam Alikoum », titre aux influences afro-algériennes, le groupe enchaîne avec « Ya laymi », chanson phare de leur sixième album « Fucking Cowboys », sorti en 2007. Leur premier date de 1993 et annonce, avec son titre « Légitime différence », la couleur de leur projet musical. Les sonorités de celui-ci se définissent grâce à la rencontre d'instruments afro, orientaux et occidentaux comme le luth, le gumbri, les percussions, la guitare et la batterie. Rock, jazz, reggae et rap s'ajoutent aux genres algériens pour créer l'identité de Gnawa Diffusion. Et le public semble le redécouvrir chaque fois avec plaisir, sautillant et chantant en chœur avec un Amazigh Kateb énergique comme toujours. « Nous sommes contents d'être là après le départ de Ben Ali », a lancé le chanteur au public. Il a tenu à rappeler à ses fans tunisiens que la révolution est un long processus. « Ne vous lassez pas, la révolution est encore en cours », a-t-il ajouté sous leurs applaudissement. Ensuite, le groupe a enflammé l'ambiance en interprétant une série de ses chansons à succès: « Complices », « Bab el Oued Kingston », « Malika moutahajiba», « Visa vie » et « Timimoun Tombouctou », servies à la manière d'Amazigh Kateb, avec ses commentaires décalés, tout en étant en phase avec le public. Un ton romantique a régné sur la dernière partie du concert. « Malika ya bent el jiran », chanson aux influences Raï, ou encore « Je voudrai être un fauteuil » sont des hommages à la femme, l'un des thèmes récurrents de l'œuvre de Gnawa Diffusion. « Koubayara » de leur deuxième album «Algeria » (1997) a clos ce concert où « la fête était belle », comme le groupe l'a posté sur sa page Facebook le lendemain.