Ils voulaient déstabiliser le pays et torpiller le processus électoral en cherchant à faire taire un constituant connu pour son opposition farouche à leurs plans diaboliques L'attaque terroriste qui a ciblé lundi soir le constituant Mohamed Ali Nasri a suscité l'indignation et la colère des citoyens ordinaires, qui considèrent que les terroristes ne reculent plus devant aucun stratagème pour faire taire les voix qui s'opposent à leurs plans diaboliques et essayer de saboter le processus électoral. Hier, l'impression générale était que le terrorisme dans la région de Kasserine ne se limite pas à l'attaque des unités de l'armée et des forces de sécurité intérieures. Il opère, désormais, au sein de la ville et s'attaque aux personnalités politiques régionales. Mohamed Ali Nasri est — faut-il le rappeler — membre de l'Assemblée nationale constituante au nom de la circonscription de Kasserine, ancien membre de Nida Tounès et tête de liste indépendante aux élections législatives du 26 octobre prochain. Comment la version de Mohamed Ali Nasri relatant les péripéties de l'attaque terroriste, du reste confirmée par le ministère de l'Intérieur, a-t-elle été interprétée, aussi bien par les experts «qui savent tout» que par les acteurs du paysage politique national qui connaissent de près la victime ? Les images diffusées par la TV nationale montrant l'impact des cartouches ciblant la demeure du constituant ont-elles dissipé certains doutes qui se sont exprimés ici ou là quant à la véracité des événements tels que relatés par Mohamed Ali Nasri ? La Presse a touché Fayçal Cherif, analyste militaire, et Lazhar Akremi, porte-parole de Nida Tounès et ami proche de Mohamed Ali Nasri, dans le but de sonder leur lecture de l'événement. Nous attendons les arguments techniques Pour Fayçal Cherif, analyste militaire et membre du Centre international des études stratégiques et militaires, «il faut étudier les traces des balles montrées par la TV nationale hier après-midi, pour savoir s'il s'agit réellement de cartouches ou non. A première vue, l'impact des balles sur la porte en fer montré par la TV n'est pas très perceptible ? Peut-on parler d'un coup monté par l'intéressé en prévision de sa campagne électorale ? Si c'est le cas, tout ce que je peux dire, c'est que le scénario utilisé est mal ficelé». De son côté, Lazhar Akremi, porte-parole de Nida Tounès, pense que tant que «les images de la TV ont montré des traces de balles, il y a eu bel et bien une attaque terroriste visant Mohamed Ali Nasri. Pour moi, c'est un acte terroriste raté». Et notre source d'ajouter : «A ma connaissance, Mohamed Ali Nasri pressentait qu'il allait être l'objet d'une agression et c'est la raison pour laquelle il se déplaçait avec une très grande prudence. Ceux qui l'ont attaqué voulaient sûrement le pousser à quitter la région de Kasserine où il bénéficie d'une bonne audience». Quant à ceux qui penchent pour le coup monté, surtout que son nom ne figure pas sur la liste des personnalités menacées par les terroristes, Lazhar Akremi relève : «D'abord, il n'y a pas de liste définitive et l'on découvre de nouveaux noms à chaque fois qu'un terroriste tombe entre les mains des forces de sécurité. Le coup monté ou l'opération de communication, je n'y crois pas. Mohamed Ali Nasri ne peut pas y penser». L'ANC et Ennahdha s'indignent De son côté, le ministère de l'Intérieur a publié un communiqué confirmant la tentative d'assassinat contre Mohamed Ali Nasri qui «avait eu une fracture de la jambe en escaladant le mur de son domicile», en fuyant ses agresseurs. Quant à l'ANC, elle s'est dit, au nom de sa présidence, «profondément indignée» de la tentative d'assassinat du constituant Mohamed Ali Nasri. Dans sa déclaration, l'ANC appelle «à plus de vigilance pour faire front aux groupes terroristes et déjouer leurs tentatives désespérées de provoquer l'anarchie et la terreur». Seuls deux partis politiques ont réagi (du moins jusqu'à la rédaction du présent article): Ennahdha et Nida Tounès. Ennahdha condamne «cet acte ayant pour but de déstabiliser le pays et de saper le processus électoral» et exige «l'ouverture d'une enquête et des poursuites à l'encontre des assaillants». Quant à Nida Tounès, il estime dans une déclaration publique que «la montée des menaces sécuritaires quelques semaines avant l'échéance électorale risque d'avoir des incidences négatives sur le climat électoral et le bon déroulement du scrutin». Le parquet ordonne une enquête Le ministère public a ordonné l'ouverture d'une enquête au sujet de la tentative d'agression du député de l'Assemblée nationale constituante, Mohamed Ali Nasri, a indiqué, hier, le porte-parole du Tribunal de première instance, Allala Rhouma. Le parquet a ordonné l'ouverture d'une information judiciaire contre X pour crimes terroristes et tentative de meurtre, a-t-il précisé.