Individualisme, confusion des tâches, choix du passé : la Tunisie a risqué très gros ! Que vaut à l'heure actuelle l'équipe nationale? A quelques heures de Tunisie-Botswana, nous n'allions pas tarder à le savoir. Mais il n'y avait pas que cela qui nous intéressait au départ. Ce qui nous intéressait et titillait également notre curiosité, c'était de tâter le pouls de la rue, savoir où en sont l'équipe nationale, ce groupe et le staff technique dans le cœur des Tunisiens. Surtout après une traversée du désert de dix ans, les derniers déboires et les interminables polémiques qui accompagnent son parcours depuis quelque temps. Pas convaincus... Avant d'aborder donc les détails tactico-techniques et autres, on vous prend par la main et on vous emmène au cœur du «tifo» tunisien. Le cadre, c'est un café dans le quartier populaire de Bousalsla, du côté de La Marsa. Pas une seule chaise de vide, preuve que l'amour et la haine sont deux sentiments très proches. Quand on aime ou qu'on a aimé quelq'un, on peut également le détester, mais on n'oublie qu'on a tout de même eu des sentiments pour lui. En d'autres termes, l'équipe nationale est toujours dans le cœur des Tunisiens, mais ces derniers ont été tellement «cocus» qu'ils ont fini par écraser leurs sentiments. Mais ils sont tout de même là en signe de fidélité. La télé est branchée sur BeIN Sport où apparaissent Kaïs Yaâkoubi et... Nabil Maâloul à l'analyse. On vous épargne les commentaires sur leurs interventions d'avant-match, à la mi-temps et en fin de rencontre, mais on peut vous assurer que chaque intervention de l'ex-sélectionneur national est accueillie par une forte désapprobation. Inégalable donneur de leçons. Nabil Maâloul martèle inlassablement ce qui ne marche pas et ce qui doit être fait. Il faut dire qu'il y avait de la matière, mais de la bouche de quelqu'un qui a lamentablement échoué à la tête de l'équipe nationale, ce n'était pas du tout crédible et on vous laisse imaginer les réactions des présents à ses analyses. Et les noms d'oiseaux qui pleuvaient... Mais il n'y a pas que le «coach» qui en a eu pour son grade. Joueurs et Leekens en ont eu plein la figure. Les premiers pour leur suffisance, le second pour certains de ses choix et la confusion tactique qui régnait sur le terrain. Dès lors, ne vous étonnez pas que le but botswanais ait été accueilli avec... des applaudissements. De dépit certes, mais la colère était bel et bien là. Amour et haine, disions-nous. A l'égalisation de Khazri et au penalty victorieux de Chikhaoui, on saute sur sa chaise et on jubile. Oubliés les errements de Msakni, les limites de Ragued, les énormes bourdes défensives, l'individualisme de Khazri, la solitude de Hamza Younès et bien d'autres errements. A l'arrivée, un sentiment d'inachevé et une grande frustration. La victoire est certes là, mais la réconciliation Tunisiens-Equipe nationale n'est pas pour demain la veille. Peut-être qu'une victoire au Caire mercredi prochain... Mais nous n'en sommes pas encore là. Délit de prétention Le constat le plus important, c'est que ce onze est un groupe hétérogène de joueurs, mais sûrement pas une équipe. Constat ultérieurement aggravé par l'insoutenable prétention de quelques joueurs avec l'impression qu'ils étaient là pour un show en solo. Chikhaoui se prenait pour un Messi qu'il n'est pas et a cherché systématiquement à épater et à amuser la galerie. Msakni lui a emboîté le pas, mais il n'avait pas vingt minutes dans les jambes; Khazri a usé et abusé des tirs alors qu'il avait d'autres solutions; Ragued a été égal à lui-même, c'est-à-dire prévisible; Hamza Younès était totalement dépaysé, mais tous, sans exception, ont joué aux «beaux» et failli le payer très cher. Cette équipe nationale, ses joueurs, ça nourrit des complexes de supériorité face aux «petits» et d'infériorité face aux «grands». Le travail est également psychologique pour cette équipe! Confusion Ce qui a caractérisé l'évolution de cette équipe, c'est la gabegie tactique qui a régné sur le terrain. Outre l'individualisme de certains éléments, peu de choses ont véritablement marché. Un exemple, avec Mathlouthi et Ali Maâloul sur les flancs. On espérait un jeu varié, des dédoublements et des solutions aux rideaux défensifs et au bloc adverse. Mais avec Chikhaoui et Msakni qui évoluaient dans l'axe, la recherche systématique de Younès, l'axe Mathlouthi-Khazri s'est effiloché, alors que les montées de Maâloul n'ont pas trouvé de relais et de point de repère devant. Ceci a facilité la tâche des Botswanais. Qui en ont profité à fond et mis en danger une défense qui a dangereusement tangué. Bref, il y avait des joueurs mais pas d'équipe. Le retour à des choix passés y est pour quelque chose et c'est à notre avis une erreur stratégique qu'on payera encore une fois très cher. Leekens a été appelé pour changer. Il ne l'a pas fait. L'équipe nationale a frôlé la correctionnelle face au Botswana. La leçon sera-t-elle retenue? A ce point de la situation, on en doute fort!