Le résultat de l'octroi des licences de diffusion pour les chaînes de radio et de télé par la Haica n'est pas passé sans remous. Aux journalistes en sit-in ouvert, la Haica, à travers l'un de ses membres, en l'occurrence Hichem Snoussi, explique ses décisions Sur 60 nouvelles demandes de licence de diffusion radiophonique, la Haica (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle) n'a octroyé que 11, dont 3 à des radios commerciales : Saraha-FM (Tunis), Radio-Med (Nabeul), Knouz (Sousse) et 8 à des radios associatives. Concernant les chaînes de télé, elle n'a accordé que 4 licences sur une vingtaine de demandes de régularisation : «Telvza-TV», «Ettasia», «Al Moutawassata» et «TNN». Or, à l'annonce des résultats, s'est constitué un mouvement de protestation, notamment de la part des journalistes de deux chaînes de radio, «Horria-FM» et «M.FM», qui n'ont pas obtenu l'autorisation de diffuser. Ces journalistes qui sont en sit-in ouvert devant l'ancien siège de la Haica au Bardo, avouent «ne pas comprendre les raisons de ce refus alors que leurs institutions répondent aux critères et aux conditions nécessaires pour l'obtention des licences. Sans compter que la non-attribution des autorisations les met forcément au chômage». Or, justement, Hichem Snoussi, un des membres de la Haica, explique «qu'il ne s'agit pas de remplir uniquement toutes les conditions d'obtention de licence de diffusion en fournissant tous les papiers et documents demandés, sinon l'examen des dossiers de la part de l'Instance n'aura pas un caractère de régulation». La porte d'octroi des licences n'est pas fermée Et d'ajouter : «Mis à part les critères et conditions d'octroi, il ne faut pas dépasser un certain nombre de chaînes audiovisuelles entre radios, 35 actuellement, et télés, une douzaine. Sinon il y a risque de voir le marché noyé par un nombre considérable de radios et de télés par rapport au nombre de la population et qui dépassera en volume l'assiette publicitaire et la capacité de sponsoring. Ce qui amènera les institutions, faute de ressources et de financements, à recourir à l'argent sale. Il faut, donc, agir prudemment et octroyer les licences de manière raisonnable. Ce qui ne veut pas dire que la Haica ferme la porte d'octroi des licences de diffusion. On verra bien après les prochaines élections. Nous ne voulons pas rééditer l'exemple de l'Irak où, lors des élections parlementaires, des chaînes ont été louées par certaines forces politiques. Il ne s'agit donc pas de tomber dans une vision ultralibérale, mais de suivre les bons exemples comme en France où le paysage audiovisuel jouit d'une régulation étudiée et réfléchie au point que le CSA fait lui-même des appels d'offres et expriment ses besoins en genre de chaînes afin de réguler le paysage médiatique». Concernant la question de la mise au chômage des journalistes par le refus de l'octroi de licence, Hichem Snoussi est catégorique : «Normalement, ces chaînes ayant diffusé pendant plusieurs mois en recourant au piratage sont passibles de sanctions car elles ont utilisé des fréquences sans passer par l'ANF (Agence nationale de fréquence). Ainsi, si l'on contourne la loi, il faudrait accepter les conséquences. Mais il y a toujours possibilité, après les élections, d'ouvrir la porte, de manière prudente, à la régularisation de la situation d'autres chaînes audiovisuelles. A propos du refus de demande de licence des chaînes de télé, quatre dossiers ont été refusés : «Ettounsia-TV», parce que son propriétaire est président de parti, une autre demande de licence au nom d'une chaîne portant également le nom d'Ettounsia-TV a été refusée vu que les parties qui ont demandé la licence ont acheté la chaîne privée «Al Hiwar Ettounsi». Enfin, «Al Janoubia» et «Al Zeïtouna» ont vu leur demande de licence refusée car leurs fondateurs et propriétaires sont des responsables politiques. Qu'en sera-t-il maintenant des radios et des télés qui n'ont pas obtenu d'autorisation de diffusion de la part de la Haica ? Les chaînes «Ettounsia-TV», «Al Janoubia» et «Al Zeïtouna», par exemple, fermeront-elles leurs portes et cesseront-elles de diffuser comme le stipulent le règlement et le décret-loi 116 ? Les prochains jours nous le diront. Wait and see.