Encore un nom de l'histoire de la musique tunisienne qui vient de s'éteindre. Salah El Mahdi, ce fils d'artisan de la chachia qui a choisi la musique comme vocation depuis son jeune âge, est l'une des figures de proue de la musique tunisienne. Avec son départ, une grande et belle page de l'histoire de la musique est tournée. Son domicile familial était un des lieux de rencontres des meilleurs musiciens tunisiens et étrangers. C'est ainsi que le jeune Salah apprend différents modes et rythmes des pays arabes qu'il exécute avec le petit instrument qu'il a fabriqué (mélange de luth et de violon). Plus tard, il quitte La Marsa pour la capitale et donne des cours de musique aux élèves débutants à La Rachidia et seconde Khemaïes Tarnène. Parmi les plus remarqués, une chanteuse dont le nom de scène est Oulaya. En 1949, il devient directeur de l'institution. Compositeur, il est accepté la même année à la Sacem où il atteint le grade de membre définitif. Après la création de la société tunisienne équivalente, il est nommé membre honoris causa de la Sacem. De 1957 à 1961, il occupe les fonctions de président du service des arts où il participe à la création du Conservatoire national de musique, de danse et de théâtre et organise l'enseignement artistique dans les lycées et les collèges. En 1961, il est nommé directeur au secrétariat d'Etat à la Culture et à l'Information : il est appelé à diriger jusqu'en 1979 la direction de la musique et des arts populaires avant d'être nommé président du Comité culturel national, poste qu'il occupe jusqu'à sa retraite avec la présidence du Comité national de musique. Il crée également la troupe nationale des arts populaires (1962), l'Orchestre symphonique tunisien (1969), la Société nationale de préservation du Coran et l'Ecole nationale de psalmodie du Coran. En 1982, il devient directeur général de l'animation culturelle nationale jusqu'à son départ à la retraite. Musicologue, chef d'orchestre et compositeur tunisien, il compte près de 600 compositions mêlant chants classiques et populaires, musiques instrumentales orientales et occidentales, noubas, muwashshahs, bachrafs et poèmes symphoniques, musique de chambre et pièces pour piano, nays, violons et harpes), ainsi que quatre symphonies. Il participe en 1958 avec succès au concours de l'hymne national tunisien dont il compose la musique. Ses œuvres symphoniques seront notamment jouées aux festivals de Moscou et de Saint-Pétersbourg.