Désormais, les touristes algériens se rendent en Tunisie pour se faire soigner aussi. Témoignage d'un expert algérien en la matière L'on sait que des millions de touristes algériens affluent, chaque année, sur la Tunisie, attirés notamment par la proximité de notre pays et ses vieilles traditions d'hospitalité et de nation touristique, ainsi que par la fermeture des frontières entre l'Algérie et le Maroc. Mais ce qu'on ne sait peut-être pas, c'est que nos frères algériens ne viennent plus seulement en Tunisie dans le cadre de vacances «classiques», mais aussi pour se soigner. Soit un remake de l'exemple libyen vieux déjà de plusieurs décennies. Comment les Algériens ont découvert aujourd'hui le tourisme médical? S'y plaisent-ils? Comment s'annoncent les perspectives de ce nouveau créneau? Pour en avoir le cœur net, nous avons approché un expert algérien en la matière. Il s'agit de M. Hatem Mahhay, 55 ans, propriétaire d'une agence de voyages qui a pignon sur rue à Alger et qui est considérée comme le fer de lance dans le domaine de l'organisation d'expéditions médicales en Tunisie. «Permettez-moi de vous préciser, sans aucune espèce de flatterie, que je suis le pionnier algérien en la matière, ayant été le premier professionnel algérien à avoir introduit le marché médical algérien en Tunisie», nous dit d'emblée M. Mahhay qui indique que «notre agence organise deux voyages quotidiens sur la Tunisie, l'un par bus pour une cinquantaine de personnes et l'autre par avion. Une moyenne que je qualifie de "flatteuse", après les débuts difficiles de cette expérience». Joindre l'utile à l'agréable Comment ce joli score a-t-il été réalisé? «Surtout pas par une baguette magique», répond, souriant, notre interlocuteur qui ne tarit pas d'éloges sur «la robustesse du système médical tunisien réputé par l'efficacité de ses méthodes, la compétence de ses corps en exercice et la qualité des services fournis». Des atouts vivement recherchés par nos frères algériens. «A telle enseigne, jubile M.Mahhay, que tous les patients rentrent en Algérie pleinement guéris». Il est vrai qu'après avoir reçu les soins nécessaires dans les cliniques, ils s'offrent un séjour en hôtel pour la traditionnelle période de convalescence. De quoi joindre l'utile à l'agréable... L'orage passera-t-il sans dégâts? Cependant, il y a une ombre au tableau, à savoir les conditions de séjour des patients algériens dans nos hôtels. Et là, M.Mahhay change subitement de mine pour... voir rouge. «A l'exception d'un ou deux hôtels de Gammarth, les autres sont en train de nous rendre la vie dure», s'indigne M. Mahhay qui déplore la médiocrité des services administrés par des établissements hôteliers où manquent compétence et professionnalisme. «Au point que les étrangers y sont préférés aux Algériens», s'insurge notre interlocuteur qui regrette que «mes clients soient si mal lotis, en dépit de leur solvabilité, de leur folie dépensière et de leur amour pour la Tunisie». Tout en rappelant fièrement que ce sont les Algériens qui ont sauvé le tourisme tunisien au plus fort du chaos engendré par la révolution du 14 janvier 2011, M.Mahhay tient à lancer un appel pressant aux autorités compétentes afin d'intervenir auprès des hôteliers «pour lever l'injustice sur les touristes algériens, et par là, pour promouvoir davantage ce créneau porteur et prometteur qu'est le tourisme médical». A bon entendeur...