Syndicats et ministères ont pu dépasser, pour le moment, leurs divergences pour permettre aux élèves, collégiens et lycéens de rejoindre leurs établissements scolaires le jour J Comme prévu, la rentrée scolaire aura bien lieu aujourd'hui. Plus de deux millions d'élèves, de collégiens et de lycéens vont devoir rejoindre les bancs de l'école pour entamer une nouvelle année scolaire sur laquelle planaient beaucoup d'incertitudes il y a encore quelques jours. Des menaces de grève mais surtout de boycott de la rentrée se sont fait entendre, en août dernier, du côté des syndicats de l'enseignement de base et du secondaire, en riposte à la non-satisfaction de leurs revendications figurant dans l'accord du 3 juin 2013, signé par les syndicats et les ministères de tutelle (Education, Sport, et Femme). Rappelons que cet accord concerne la réduction des heures de travail, l'indemnité de roulement, les heures supplémentaires, les promotions professionnelles et la régularisation de la situation des maîtres principaux d'éducation physique. Nouvel accord Force est de constater que ces menaces ont été bien entendues par les ministères concernés puisque les différentes parties — ministères et Ugtt — se sont de nouveau réunies autour d'une table de dialogue pour aboutir à des décisions concrètes, qui ont permis le maintien de la rentrée scolaire au jour J, soit le 15 septembre. Ces décisions ont porté notamment sur le versement des indemnités relatives aux promotions professionnelles, la fixation à 55 ans de l'âge de la retraite, avec 35 ans de service, l'ouverture d'horizons scientifiques devant les enseignants, le mouvement de mutation et la réduction du nombre d'heures d'enseignement. Autre accord : le paiement des indemnités relatives aux opérations de supervision des examens nationaux, avant le 14 septembre, et le versement du montant des heures supplémentaires au titre de l'année 2013-2014, avant le 30 septembre 2014. A noter que l'accord du 3 juin 2013 prévoit également le doublement du montant de la prime de rentrée scolaire sur deux tranches, l'augmentation du nombre des bourses universitaires accordées aux enfants des enseignants du secondaire. A savoir, également : dans le cadre de l'application de ces accords, la rémunération des heures supplémentaires des enseignants du primaire et du secondaire a été quintuplée. En outre, des dispositions pour l'organisation des concours au titre de 2014 ont été prises. Idem pour le parachèvement des différentes étapes du concours de recrutement des instituteurs et des enseignants du secondaire, ainsi que pour l'intégration des suppléants et contractuels. Les syndicats sur le qui-vive Il n'y a, sans doute, pas lieu de douter de la bonne foi du gouvernement Mehdi Jomâa qui, malgré la situation économique et sécuritaire préoccupante, conjuguée à l'impératif de réussite des prochaines échéances électorales, période préélectorale comprise, tente de maintenir le gouvernail et d'éviter au pays le pire. Mais, au regard des impondérables et des autres menaces qui se font de plus en plus sentir, cela relève de la gageure. Raison pour laquelle les représentants des syndicats restent vigilants et ne cachent pas leur détermination à aller jusqu'au bout : «Si l'autorité de tutelle ne respecte pas ce calendrier, le syndicat prendra les mesures qui seront discutées et prises par la commission administrative», a prévenu le secrétaire général du syndicat de l'enseignement secondaire, Lassaâd Yaâkoubi. A noter que les instituteurs sont au nombre de plus de 63 mille et, dans les cycles de l'enseignement préparatoire et secondaire, ils sont 77.800 enseignants, dont 3 mille aux collèges techniques. Concernant les ressources humaines, le ministère a procédé cette année au recrutement de 4 mille fonctionnaires dont 2 mille instituteurs, 1.350 enseignants du secondaire et 650 administratifs. Toujours pas d'allègement des classes et du cartable Au-delà des tiraillements sur fond de revendications sociales, le ministère de l'Education, faut-il l'admettre, n'a pas chômé ces derniers mois. A preuve, les nombreuses mesures rendant obligatoires les examens de la Sixième et de la Neuvième, outre la baisse de la bonification du Bac de 25% à 20%. Le ministère n'a pas manqué aussi de faire valoir ses réalisations en termes d'extension, de rénovation, de construction de nouveaux établissements éducatifs ou de maintenance des équipements. Si bien que la carte des établissements scolaires a été élargie pour atteindre le chiffre de 6.051 (4.562 écoles primaires et 1.489 collèges et lycées), soit 26 nouveaux établissements par rapport à l'année dernière, dont 18 écoles primaires et 8 collèges et lycées. L'implantation des établissements scolaires revêt une importance majeure, particulièrement dans les zones rurales éloignées, où la distance entre l'école et le domicile parental est à l'origine de la plupart des abandons scolaires, surtout pour les filles. Mais là où le bât blesse, c'est que malgré les promesses récurrentes d'allègement des classes, la surcharge est remarquable, même dans les établissements pilotes où le nombre des élèves par classe atteint souvent la trentaine, voire plus. Promesses également non tenues pour ce qui concerne le cartable de l'écolier, trop lourd pour les enfants. Et l'on se demande si « l'intérêt supérieur de l'enfant », objectif cité pour expliquer toutes ces mesures, n'est pas un slogan creux.