« Ma candidature est dictée par la volonté de servir mon pays, comme je l'ai fait toute ma vie » Figure nationale reconnue, Ahmed Néjib Chebbi, fondateur et président du bureau politique du parti « Al Joumhouri », a, finalement, déposé sa candidature à la présidentielle 2014. C'était hier matin, entouré de partisans et de sympathisants, il est arrivé au nouveau siège de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), aux Berges du Lac à Tunis. Arrivé plus tard que prévu et en fanfare, M. Chebbi est classé septième candidat à avoir confirmé sa décision de postuler à la magistrature suprême. Tiré par quatre épingles, l'homme au parcours militant avance à pas sûrs, sans chercher à fuir les projecteurs et les questions des journalistes qui ont été au rendez-vous. Vers 10h 30, le patron, bien escorté par les leaders « républicains », dont sa secrétaire générale Mme Maya Jeribi, son frère Issam et Iyad Dahmani, s'est vu entouré d'une foule dense venue l'accompagner jusqu'à l'intérieur des locaux de l'Isie, où il a finalisé l'ultime étape avant le démarrage de la campagne électorale, le 4 octobre prochain. C'est fait ! Le dossier a été soumis à l'instance et l'intéressé a bien reçu son accusé de réception. Mais, il s'agit bien d'un récépissé provisoire, en attendant que l'ISIE examine le dossier pour y statuer. Une heure est déjà passée, les journalistes, encore là, attendent les grandes annonces. Mais Chebbi n'a pas tari d'éloges au sujet de l'effort consenti par ses assistants, tout en faisant valoir le travail et le labeur dont fait preuve son équipe de campagne présidentielle. Pour lui, sa candidature n'a aucun défaut. Elle semble être dans les normes fixées par la loi électorale. « J'ai présenté tout un dossier complet et parfait, ne manquant aucune pièce demandée.. », estime-t-il. Critère éliminatoire de la course électorale, le parrainage ne lui a jamais posé problème. Chanceux, le candidat a été soutenu par dix députés à la Constituante. Il est, aussi, parvenu à collecter près de 25 mille (plus précisément 24617) signatures auprès des citoyens électeurs venant de partout, à travers les 23 circonscriptions où se présente le parti pour les prochaines législatives. Avec ce soutien et cette sympathie, le candidat s'est montré sûr de lui, ayant confiance en ses capacités de triompher face à ses rivaux pour succéder à l'actuel occupant du palais présidentiel, M. Moncef Marzouki. Ce dernier n'a pas encore clarifié ses intentions d'aller se représenter à la présidentielle, faisant toujours durer le suspense. Relance économique et stabilité Quant à M. Chebbi, d'où vient cette confiance en soi ? Etant le seul à avoir affronté Ben Ali à deux reprises, lors des campagnes de 2004 et 2009, ce vieux routier de la politique, éternel opposant, croit fort en la morale de l'histoire. Et comme la révolution a forcé l'évolution des choses et donné lieu à un nouvel ordre politique marqué par la liberté de choix et d'expression, le chef d'Al Joumhouri voit plus loin. Il est convaincu que l'ambition à la présidentielle demeure aujourd'hui un droit civil acquis, le considérant comme le «fruit de la révolution ». Et pour cause, révèle-t-il, « ce qui m'a motivé, c'est de servir mon pays comme je l'ai toujours fait. Car la Tunisie a besoin plus que jamais de stabilité». Se proclamant futur président, il a lancé sa profession de foi, sur fond de promesses électoralistes : «Je m'engage pleinement à assurer la stabilité dans le pays et préserver son indépendance et sa souveraineté de décision. Je m'engage également à défendre la démocratie et la liberté individuelle d'expression et d'opinion, sans en contester la forme ni la manière quelles qu'elles soient.. ». Le candidat s'est longuement prononcé sur les points forts de son programme quinquennal, une fois le pari de Carthage gagné. Il s'engage publiquement à œuvrer pour instaurer un gouvernement d'union nationale, sans calculs de boutiquier, fondé sur une vision pour la Tunisie à l'horizon 2020. Et M. Chebbi de préciser : «Pour moi, cette vision consiste à œuvrer pour la réforme de l'école, la promotion du secteur de la santé, le développement régional, et puis l'emploi des jeunes et l'amélioration des revenus». Autant d'engagements qui, d'après lui, ne sauraient se réaliser que par la relance de la machine économique et le rétablissement de la sécurité. « Je ferai de mon mieux pour donner à nos forces armées et de sécurité les moyens nécessaires de protection et de défense», promet-il. En réponse à la question portant sur la candidature éventuelle du chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ, Ahmed Nejib Chebbi s'est montré catégorique : cela contredit le contrat moral et social que M. Jomâa a établi avec les Tunisiens. Car, a-t-il encore ajouté, l'actuel gouvernement est considéré comme étant apolitique dont les membres ne sont pas autorisés à se porter candidats à la prochaine présidentielle. « C'est un pacte social, que M. Jomâa devra respecter», indique-t-il. Quant à la question relative aux déclarations de son sérieux rival, Kamel Morjane (parti de l'Initiative), Néjib Chebbi ne donnera pas de réponse.