selon le représentant spécial et chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) Par notre envoyé spécial à New York Abdelaziz HALI La situation en Libye commence à inquiéter les diplomates onusiens comme en témoigne la tenue, lundi, au siège de l'ONU, à New York, de la réunion numéro 7264 du Conseil de sécurité où M. Bernardino León, représentant spécial et chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) a présenté le rapport du secrétaire général (S/2014/653) sur les derniers développements dans ce pays voisin, tout en dressant un « tableau sombre ». M. León a déclaré que, malgré les appels répétés pour mettre fin immédiatement à la violence, dont ceux lancés par le Conseil, la situation sur le terrain demeurait extrêmement instable et précaire. En effet, à « J-2 » d'une conférence internationale qui va réunir plusieurs acteurs régionaux sur la Libye prévue à Madrid, le représentant spécial du Secrétaire général a fait état d'un « moment critique », tandis que « le processus politique est ébranlé » et que « la situation s'est transformée en un conflit civil ». Situation sécuritaire fragile Outre les profondes divisions politiques et le sentiment de manque de confiance total, le chef de la Manul, a aussi rappelé que le pays souffre d'une situation sécuritaire extrêmement fragile et ce, à cause d'une prolifération sauvage des armes à feu hors contrôle des autorités nationales. Toutefois, il s'est montré plus optimiste, suite à son premier baptême du feu en Libye, le 8 septembre, où il a rencontré plusieurs parties à Tobrouk (siège du parlement libyen), d'Al-Baida, Tripoli et Zentan. Il a salué la volonté des différents acteurs qu'il a rencontrés et leur promesse d'accompagner la Manul « pour trouver une voie pacifique et surmonter leurs divergences de vues afin de mettre un terme à la lutte armée ». En revanche, le représentant spécial de l'ONU a appelé tous les dirigeants libyens à ne pas manquer l'opportunité qui s'offrait devant eux et qui pourrait déboucher vers une résolution pacifique de la crise. « J'appelle les dirigeants libyens à agir vite pour trouver une solution politique à travers un dialogue inclusif et consensuel», a-t-il fait savoir dans son allocution devant les membres du Conseil de sécurité. De son côté, le porte-parole du Secrétaire général, Stéphane Dujarric, lors du briefing quotidien de midi a annoncé, avant-hier, au nom de M. Léon que les Nations unies demeurent engagées en Libye et continueront d'insister sur la nécessité urgente d'établir un dialogue politique et que le représentant spécial des Nations unies en Libye envisage d'effectuer d'autres déplacements en Libye. 500 morts dans les combats de Tripoli De son côté, le représentant de la mission libyenne à l'ONU, M. Ibrahim Dabbashi a souligné que son gouvernement et la chambre des représentants — nouvel organe législatif composé de 200 députés — n'accepterait en aucun cas d'être traité sur un pied d'égalité avec « les groupes armés terroristes ou illégaux ». « Si les groupes armés ne se retirent pas des villes et si le dialogue ne se traduit pas par la mise en œuvre des décisions de l'assemblée, des mesures seront prises pour préserver l'autorité de l'Etat, y compris le recours à la force avec le soutien de la communauté internationale si besoin en est », a prévenu M. Dabbashi. Parallèlement, l'ambassadeur libyen a mis en exergue ses inquiétudes des conséquences des combats en cours dans la ville de Tripoli depuis le 13 juillet, qui ont fait, selon lui, plus de 500 morts, plus d'un millier de blessés et des milliards de dollars de dégâts. 12 mille personnes déplacées à Zwara Sur le plan humanitaire, M. Léon a parlé des mesures urgentes visant à répondre aux besoins de populations fuyant les combats. On apprend ainsi qu'un convoi humanitaire va être envoyé pour porter secours à 12.000 personnes déplacées dans la ville de Zwara et il a ajouté que « le Programme alimentaire mondial (PAM), qui fournit déjà une assistance à 50.000 personnes déplacées, cherchait à atteindre 6.000 déplacés supplémentaires dans le cadre d'une opération menée conjointement avec le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Unhcr) ». Le représentant de l'ONU en Libye a rassuré les membres du Conseil de sécurité qu'«une évaluation des risques pour les civils liés à la dissémination des restes explosifs à Tripoli résultant de récents combats » vient d'être amorcée depuis 15 jours. Enfin, en réponse à une question de La Presse sur l'impact que peut avoir le conflit libyen sur la sécurité de la Tunisie ainsi que l'augmentation du nombre de réfugiés libyens sur le territoire tunisien, M. Léon a donné la déclaration suivante : «Je pense qu'il (le conflit libyen) n'aura pas d'influence négative sur la Tunisie». Par contre, d'après le Chef de la Manul, la présence des réfugiés libyens sur le territoire tunisien peut présenter « des contraintes sociales et économiques » très importantes pour un pays qui passe par une phase de transition démocratique, et pense que la communauté internationale est déjà consciente de ce qui se passe en Tunisie et de ses contraintes, comme en témoigne récemment la tenue d'une conférence internationale pour encourager l'investissement dans notre pays.