Le chef du gouvernement est catégorique. Bien qu'il ait été sollicité par plusieurs partis pour se porter candidat à la présidentielle, il a décidé de respecter ses engagements et de se consacrer à la réussite des élections Mehdi Jomâa, chef du gouvernement de compétences apolitiques, a levé, hier soir, toutes les équivoques en annonçant clairement qu'il n'est pas candidat à l'élection présidentielle. «Il est vrai, a-t-il reconnu, que j'ai reçu plusieurs sollicitations et messages de soutien de la part de parties tunisiennes et étrangères pour postuler au palais de Carthage. Mais j'ai pris ma décision et elle est irrévocable : je reste fidèle à mon engagement, celui de faire réussir les élections législatives et présidentielle. Je suis attaché à assumer pleinement la responsabilité qui m'a été confiée et déterminé à respecter mes engagements», a-t-il tenu à préciser. «Aujourd'hui, ajoute-t-il, l'important pour moi et pour mon équipe est de faire réussir le processus démocratique. Il y va de la continuité de l'Etat et de l'avenir des générations montantes». Et Jomâa de poursuivre avec détermination et clarté : «J'ai décidé de ne pas me présenter à l'élection présidentielle, étant convaincu qu'il est de mon devoir de respecter mes engagements où la morale occupe une place importante. Dans ma démarche, il ne peut y avoir de démocratie sans morale et éthique. Je ne suis pas là pour tirer profit des opportunités qui me sont offertes pour accéder à la présidence de la République. Je suis à La Kasbah pour servir mon pays dont l'intérêt demeure au-dessus de toutes les considérations personnelles ou partisanes». Discours franc Les choses étant tirées au clair, Mehdi Jomâa a appelé les Tunisiens à se mobiliser pour une participation aux élections. «Le peuple doit dire son mot le 26 octobre prochain et c'est à lui que revient l'ultime décision. Les partis politiques et les candidats à la présidence sont eux aussi appelés à développer un discours franc et à proposer aux Tunisiens des rêves fondés sur des programmes et des projets fiables, le tout sur fond d'une compétition saine et loyale». La question sécuritaire a occupé aussi une place importante dans l'adresse de Jomâa. «Nos forces de sécurité ainsi que notre armée nationale ont accompli au cours de la saison estivale des avancées conséquentes en matière de lutte contre le terrorisme. Nous venons de démanteler des réseaux terroristes parmi les plus dangereux et de faire échec à leurs plans diaboliques. La Tunisie est protégée grâce à ses forces de sécurité, à son peuple vigilant et conscient de l'impératif d'éradiquer l'hydre terroriste. Nous sommes en guerre contre le terrorisme. Cette guerre ne sera pas gagnée de sitôt et les Tunisiens, sûrs de remporter au final cette guerre, sont décidés à consentir les sacrifices qu'il faut», a-t-il indiqué. Les élections se tiendront-elles dans les délais prévus? «Les dangers, quelle que soit leur ampleur, ne nous empêcheront pas de tenir nos engagements, les scrutins législatif et présidentiel auront lieu comme prévu et aux dates convenues. Aujourd'hui, la Tunisie dispose d'une opinion publique éclairée et d'une élite convaincue plus que jamais que la priorité absolue pour tous est de réussir les élections», répond Jomâa avec assurance. A une question sur les raisons ou les pressions qui ont motivé sa décision de répondre par la négative à ceux qui le poussaient à se porter candidat à l'élection présidentielle et qui ont commencé à collecter les signatures de parrainage en sa faveur, Mehdi Jomâa réplique: «Ma décision n'a obéi à aucune forme de pression. Tout le monde me connaît. Je ne suis pas sensible aux pressions. J'ai évalué la situation du pays et j'ai trouvé, en mon âme et conscience, qu'il est de mon devoir absolu de faire en sorte que les élections soient réussies».