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Révolution culturelle
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 09 - 2014


Par Dr Mohamed Ali BOUHDIBA
Nous avons en Tunisie quelques émissions culturelles télévisées. De grands intellectuels y participent dans des débats généralement de haute tenue. Curieux d'apprendre, je m'y intéresse assidûment, comme beaucoup de Tunisiens, et ce qui a particulièrement attiré mon attention dans les différentes interventions, c'est la persistante répétition des références aux grands classiques arabes comme El Kindi, Ghazali, Ibn Rochd, Ibn Khaldoun, etc.
Cela témoigne bien sûr d'une grande érudition mais essentiellement tournée vers le passé et c'est sans doute ce qui me pousse à me demander: notre culture est-elle actuelle ?
Parmi les intellectuels arabes d'aujourd'hui, certains pensent que notre culture souffre effectivement d'un excès de passéisme. Ils trouvent aussi qu'elle s'est enfermée dans un monde à part, isolée des autres cultures avec, pour conséquences, une tendance à l'embellissement de notre histoire et même son idéalisation. Il s'en est suivi une diminution du sens critique avec une étonnante facilité à rejeter sur les autres la cause de nos erreurs. De plus, nous avons trouvé un moyen de justifier nos insuffisances par une espèce d'exception culturelle qui voudrait que nous nous interdisions de discuter de certains sujets sensibles car nous sommes « arabes ». Une façon facile de transformer notre faiblesse en un sentiment de supériorité totalement imaginaire.
Le résultat est que notre culture a enfanté un monstre, une hydre hideuse et tentaculaire appelée l'extrémisme, et ce petit chérubin, non pas dans le sens de joli poupon, mais dans le sens des terribles chérubins qui gardaient le jardin d'Eden, est actuellement sur nos bras ou plutôt sur notre dos.
Tout le monde s'accorde à dire que si nous ne voulons pas couler avec ce fardeau, il faudra trouver des solutions autres que militaires, et la culture est la solution qui semble faire l'unanimité. Rien n'évoluera sans la culture, c'est certain, mais de quelle culture parlons-nous?
Allons-nous reprendre les vieilles oppositions entre sunnites et chiites pour savoir qui a tort et qui a raison? Allons-nous reprendre des débats dépassés comme « tahafut el falasifa et tahafut el tahafut »et nous replonger entre Ghazali et Ibn Rochd pour réactualiser le débat? Allons-nous revoir nos classiques de philosophie islamique et ilm al kalam en leur donnant simplement une teinte moderne? Allons-nous sempiternellement argumenter sur l'influence d'Ibn Khaldoun sur Montesquieu? Plus proche de nous, allons-nous poser longtemps encore la question s'il faut être pour ou contre la modernité. Comme si nous avions le choix. Allons-nous rediscuter à l'infini sur l'esprit d'ouverture et de tolérance de la religion en concluant systématiquement avec une évidente satisfaction que l'extrémisme ce n'est pas « ça »la religion.
Tout cela était fait depuis fort longtemps par nos prédécesseurs réformistes et leurs réformes n'ont pas toujours donné les résultats escomptés. J'en prends pour exemple le grand Mohamed Ali qui avait beaucoup fait pour l'Egypte, son train de réformes était contemporain de la réforme Meiji japonaise. Où en est le Japon aujourd'hui par rapport à l'Egypte? Je pense plus particulièrement à Jameleddin Afghani dont la réforme nahdha est encore dans tous les esprits. Ce mouvement a finalement montré des résultats plutôt controversés, peut-être à cause du fait que le personnage d'Afghani était difficile à cerner et ses intentions pas aussi altruistes qu'on l'aurait souhaité. N'avait-il pas négocié avec les Britanniques un poste de vice-roi du Soudan en échange de son influence sur les musulmans au profit de la couronne?
Ce dont nous avons besoin aujourd'hui, ce n'est pas de reprendre là où nous étions il y a bien longtemps. Ce dont nous avons besoin, c'est d'une véritable révolution culturelle, c'est-à-dire une nouvelle façon de penser basée non pas sur notre passé mais sur notre avenir.
Ayant bien assimilé non seulement notre passé mais tout ce que l'humanité a produit jusque-là, il ne sert à rien de ressasser les vieux débats. Nous devons résolument commencer à produire une culture du 21e siècle, une culture qui commencerait à bâtir à partir de notre présent, c'est-à-dire 2014, adaptée au monde d'aujourd'hui, concurrente des cultures modernes, totalement mondialisée. Nous devons, par nos idées, participer à la marche du monde et apporter aux autres autant qu'ils nous donnent une culture d'avant-garde, qui tiendra compte des nouvelles découvertes et des nouvelles idées, une culture capable d'affronter les grands défis de l'avenir, et il y en a beaucoup. Bref, une culture bien de son siècle.


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