L'application de la mesure relative à la réduction du nombre d'heures pour les enseignants ayant une ancienneté supérieure à vingt ans a déçu les attentes Malgré les dires du ministre de l'Education qui a déclaré que la rentrée s'est déroulée, cette année, sous de très bons auspices dans l'ensemble des établissements scolaires du pays, elle ne semble pas avoir été de tout repos pour de nombreux enseignants qui ont été désagréablement surpris lorsqu'ils se sont présentés à leurs établissements respectifs samedi dernier pour récupérer leur emploi du temps scolaire: classes surchargées, mauvaise répartition des horaires, salles en piteux état, directeurs et surveillants généraux absents... Les emplois du temps auraient dû être prêts depuis la fin du mois d'août. Mais, ils n'ont toujours pas été finalisés par l'administration scolaire qui n'a pas voulu les remettre aux enseignants et instituteurs sans l'aval des nouveaux directeurs. Or, bien que le mouvement des directeurs ait eu lieu (ces derniers ont été désignés suite au concours sur dossier qui a été organisé cet été), les nouveaux responsables n'ont toujours pas intégré leur poste, provoquant un grand désordre dans certains établissements scolaires. A la veille de la rentrée scolaire, des collèges et des lycées n'avaient toujours pas de directeur. En se présentant à leurs établissements, samedi dernier, des enseignants, à leur grand dam, n'ont trouvé personne pour les accueillir et faire le point sur la prochaine rentrée scolaire. Le censeur leur a remis l'emploi du temps de l'année dernière afin d'éviter toute perturbation le jour de la rentrée. Quatre établissements scolaires à El Mnihla, dont un collège de 1.000 élèves, ont fait leur rentrée scolaire sans directeur. Les élèves ont rejoint leurs classes sous l'œil d'un surveillant général indifférent et blasé. Dans des établissements qui n'avaient toujours pas de directeur à la veille de la rentrée scolaire, des directeurs ont dû, à la dernière minute, assurer la rentrée scolaire, à cheval, entre deux établissements scolaires, en attendant que leurs collègues mutés rejoignent leur poste. Venus à huit heures du matin, samedi dernier, des enseignants n'ont récupéré leur emploi du temps qu'en milieu de matinée. Ils ont dû attendre qu'un autre chef d'établissement vienne s'acquitter de cette tâche en l'absence du nouveau directeur. Aujourd'hui, la colère gronde chez les enseignants. Pour plusieurs raisons: ces derniers sont irrités non seulement par la mauvaise organisation de la rentrée scolaire mais également par celle de la répartition horaire. En effet, l'application de la mesure relative à la réduction du nombre d'heures pour les enseignants ayant une ancienneté supérieure à vingt ans a déçu les attentes. Au lieu de recruter un effectif d'enseignants conséquent pour assurer les heures qui ont été retranchées aux plus anciens, il faudrait, selon un membre d'un syndicat d'enseignants, recruter au moins trois mille nouveaux enseignants pour répartir ces heures de cours. Le ministère n'a recruté cette année que 1.350 professeurs, « ce qui est insuffisant, note Nejla, enseignante d'arabe dans un collège de la zone d'El Mnihla. Il faudra avoir recours aux suppléants. Ce qui ne va que compliquer davantage le problème relatif à leur situation et à leurs conditions précaires qui n'ont toujours pas été résolues ». L'impact de cette mesure a commencé à se faire sentir au niveau des pyramides et des emplois du temps. Dans certains collèges et lycées, la direction scolaire a décidé de régler provisoirement la question en intervenant sur les emplois du temps et les pyramides scolaires. A leur grande déconvenue, des enseignants se sont retrouvés avec des classes surchargées comptant jusqu'à quarante élèves « Face à un effectif insuffisant, les directions scolaires de certains établissements se sont trouvées obligées de surcharger les classes, poursuit Nejla. Les enseignants se retrouvent avec des classes qui comptent trente à quarante élèves, alors qu'une classe ne doit pas dépasser 25 élèves. Cela va nuire à la qualité de l'enseignement ». Une autre mesure prise, cette semaine, par le ministre de l'Education a soulevé des remous au sein des syndicats d'enseignants. Contre toute attente, ce dernier a décidé de muter des directeurs régionaux de l'éducation à la veille de la rentrée scolaire. « Nous ne comprenons pas pourquoi le ministre a décidé de changer des directeurs régionaux à la dernière minute. Ce n'est pas le moment, note un membre du syndicat des enseignants. Ce type de changement ne doit pas se faire la veille de la rentrée scolaire », observe un membre de syndicat de base de la zone d'El Mnihla. Minés par l'amertume, c'est dans un dégoût général et dans une atmosphère de désillusion que les enseignants ont repris les cours dans quelques collèges et lycées de la capitale. Beaucoup rongent leur frein dans l'attente de l'application de l'accord conclu le 3 juin avec le ministère. Si ce dernier ne tient pas parole d'ici la fin de l'année scolaire, ils devront de nouveau mettre la pression. L'épée de Damoclès pèse sur le ministère.