De notre envoyé spécial à New York, Abdel Aziz HALI Le Conseil de sécurité adopte à l'unanimité la résolution 2177 visant à contenir la propagation du virus et à La Mecque, le hadj de cette année sera sous haute surveillance La mobilisation internationale qui vise à contenir la propagation de l'épidémie causée par le virus Ebola dans la région de l'Afrique de l'Ouest a pris jeudi une nouvelle tournure au siège de l'ONU à New York suite à la réunion en urgence du Conseil de sécurité sous l'initiative des Etats-Unis. En effet, les 15 Etats membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont adopté unanimement, dans l'après-midi, un projet de résolution américain pour mobiliser contre la propagation de l'épidémie d'Ebola. La Tunisie était parmi les 130 pays membres de l'ONU qui ont soutenu la résolution «2177». Lors de son allocution d'ouverture, le secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, a tenu à préciser que cette crise a évolué vers une situation d'urgence complexe, avec des dimensions «politiques, sociales, économiques, humanitaires et de sécurité importantes». « Les effets de la souffrance et les retombées dans la région et au-delà exigent l'attention du monde entier. Ebola est important pour nous tous. Il s'agit de la plus grande épidémie que le monde n'ait jamais connue», a-t-il déclaré. Il a ajouté : «Le nombre des cas contaminés n'a cessé de doubler toutes les trois semaines. Il y aura bientôt plus de cas au Liberia seul que dans les quatre décennies d'existence de cette maladie». Le virus a aussi un impact direct sur l'économie des pays ravagés par ce virus, selon M. Ki-moon. «L'inflation et les prix des denrées alimentaires sont à la hausse. Transports et services sociaux ont été perturbés. La situation est particulièrement tragique...», a précisé le secrétaire général de l'ONU. L'ONU crée une mission pour lutter contre le virus M.Ki-Moon a aussi annoncé la création d'une mission de santé d'urgence de l'ONU, combinant perspective stratégique de l'Organisation mondiale de la santé avec une très forte logistique et une capacité opérationnelle. «Cette mission internationale va être connue comme Mission des Nations unies pour la lutte contre Ebola, ou Unmeer, qui aura cinq priorités: l'arrêt de l'épidémie, le traitement des personnes infectées, assurer les services essentiels, la préservation de la stabilité et de prévenir de nouvelles épidémies», a-t-il fait savoir. Il a aussi accueilli chaleureusement l'annonce des Etats-Unis de déployer 3.000 soldats et de fournir une expertise dans la logistique, la formation et l'ingénierie pour lutter contre le fléau. «Je me félicite de la résolution qui sera adoptée aujourd'hui par le Conseil de sécurité. Demain, je vais parler avec l'Assemblée générale. Une semaine à partir d'aujourd'hui, nous allons nous réunir au plus haut niveau pour mobiliser la volonté politique et relever ce défi extraordinaire», a-t-il conclu. De son côté, la présidente du Conseil de sécurité et ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, Mme Power, a annoncé que son pays allait mettre en place plusieurs mesures pour contenir la propagation de ce virus mortel telles que la création d'un pont aérien pour faciliter l'acheminement du matériel médical et l'arrivée des personnels de santé, la mise en place d'unités de traitement supplémentaires, y compris de nouveaux espaces d'isolement et plus de 1.000 lits, etc. «Menace à la paix et à la sécurité internationales» Et comme message d'optimisme, Mme Samantha Power a cité l'exemple du Nigeria qui, grâce aux moyens humains et logistiques déployés, a su contenir la propagation de cette fièvre hémorragique où deux foyers ont été détectés depuis le déclenchement de l'épidémie. «On était à Lagos, qui compte une population de plus de 21 millions. En quelques semaines, plus de 1.000 professionnels ont été mobilisés et ont effectué plus de 18.000 visites à domicile. Ils ont fait le suivi de 20 cas infectés par le virus, ainsi que les 890 personnes qui sont entrées en contact avec elles. À la suite de ce rapide effort méthodique, jusqu'à présent les foyers du Nigeria semblent avoir été maîtrisés», a-t-elle précisé. La France, en la personne de son ambassadeur M. François Delattre, a qualifié l'épidémie d'Ebola de «menace à la paix et à la sécurité internationales». Il a ajouté : «Une menace à la paix et à la sécurité, d'autre part : la crise sanitaire s'est transformée en une crise sociale et économique. Elle peut aussi provoquer une crise politique. Le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée sont sur le chemin de la paix après des années sanglantes de conflit. Le virus Ebola menace d'annuler les dividendes de la paix et de faire replonger ces pays dans le chaos. Nous avons le devoir d'arrêter la progression de ce fléau avant qu'il ne devienne hors de contrôle. Notre responsabilité collective s'articule autour de trois priorités : agir, coordonner, prévenir...». Au moins 2.630 morts dont 1.459 au Liberia, selon l'OMS Enfin, lors de la rencontre quotidienne avec les correspondants des médias internationaux, La Presse de Tunisie a voulu savoir si l'ONU et l'OMS avaient un plan d'action avec les autorités saoudiennes pour éviter d'éventuelles contaminations par ce virus lors du hadj 2014/1435 de l'hégire. Selon le porte-parole adjoint du secrétaire général de l'ONU, M. Farhan Haq, pour aider à préparer les responsables de la santé publique du Royaume d'Arabie Saoudite, l'OMS travaille actuellement en étroite collaboration avec le groupe de travail national qui gère les rassemblements de masse et ce, à travers la formation d'agents de santé sur les procédures à appliquer pour détecter les cas de personnes déjà contaminées et contenir la propagation de l'épidémie d'Ebola. L'histoire retient que c'est en 1976, à l'hôpital de la ville de Yambuku, dans le nord de la République Démocratique du Congo (ex-Zaïre), que le premier cas atteint par cette fièvre hémorragique a été identifié. Or, aujourd'hui, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), datant du 14 septembre, au moins 2.630 personnes sur 5.357 cas sont mortes dont 1,459 (sur 2,720 cas) seulement au Liberia.