De notre envoyé spécial à New York Abdel Aziz HALI Bagdad soutenu par la communauté internationale dans sa lutte contre les jihadistes... et la France juge que ses frappes sont «totalement légitimes» au nord-est de l'Irak Le nouveau gouvernement irakien a reçu, vendredi, lors de la réunion ministérielle du Conseil de sécurité à l'ONU, un large soutien international qui vient renforcer sa lutte contre les terroristes de l'Etat Islamique (dit Daech en arabe), alors que la France venait de bombarder, le matin du même jour, une position jihadiste près de Mossoul, au nord-est de l'Irak. C'est le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, qui a présidé cette réunion du Conseil de sécurité où 30 autres ministres des Affaires étrangères ou vice-ministres y avaient pris part. Au terme de cette réunion, le chef de la diplomatie US est parvenu à adopter une déclaration unanime appelant à «renforcer et étendre le soutien au gouvernement irakien dans sa lutte contre l'Etat islamique et les groupes armés qui lui sont liés». Daech, une menace pour toute la région La France, le Canada, l'Australie, le Qatar, la Jordanie, l'Allemagne, les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Egypte avaient envoyé leurs chefs de la diplomatie. Le Conseil a aussi condamné « fermement les attaques menées par des organisations terroristes, dont celle opérant sous le nom d'«Etat islamique en Irak et au Levant» (Eiil, prononcé Daech en arabe) en Irak, en Syrie et au Liban», a précisé le président de cette réunion. Il a aussi précisé que «cette offensive de grande ampleur représente une menace majeure pour la région». Kerry s'est montré totalement «convaincu» qu'à travers une mobilisation mondiale la «menace de l'EI» pourra être vaincue. «Le fait que tant de pays soient représentés ici démontre la nécessité pour nous tous de soutenir le nouveau gouvernement irakien et de mettre fin à la barbarie absolue que représente l'Etat Islamique», a-t-il renchéri. «Un monstre qui menace ses créateurs» Côté iranien, le vice-ministre Abbas Araqchi, a précisé lors de sa prise de parole, que Daech « n'est ni islamique, ni un Etat, mais une organisation terroriste ». Selon M. Azaqchi, l'Etat Islamique est désormais « un monstre qui menace ses créateurs », faisant allusion aux pays du Golfe. Toujours selon le vice-ministre qui a pris la place du ministre des A.E. iranien, M. Zarif sur la liste des orateurs, toute attaque visant les jihadistes doit obéir au cadre légal international avec le consentement des autorités locales. Un avis partagé également par l'ambassadeur russe M. Vitaly Churkin qui a prévenu que toute action d'une coalition internationale contre l'Etat Islamique devrait être conforme au Droit international et à la charte de l'ONU. En revanche, «toute stratégie qui affaiblit ces autorités, y compris le gouvernement syrien, est destinée à l'échec», a précisé le vice-ministre iranien. Paris prend ses «responsabilités» Le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius est revenu sur les frappes menées par l'aviation française contre des positions djihadistes en Irak. « La France, conformément à ses principes et à sa tradition, a décidé de prendre ses responsabilités. Nous l'avons fait récemment contre le terrorisme au Mali et, dans un autre contexte, en Centrafrique. Nous l'avons fait en Syrie lorsque, parmi les premiers, nous avons choisi de soutenir l'opposition modérée, à la fois contre Bachar Al-Assad et contre les terroristes», a-t-il déclaré lors de cette réunion. Il a ajouté : «Ce matin en effet, sur instructions du président de la République, des avions français Rafale sont intervenus contre un dépôt logistique tenu par les terroristes de Daech, près de Mossoul, au nord-est de l'Irak. L'objectif a été totalement détruit. Dans les jours qui viennent et sans engager les troupes au sol, nous allons continuer, en coordination avec tous ceux qui accepteront de s'engager et aux côtés notamment des forces armées irakiennes et des Peshmergas». Comme réponse à une question posée au Media Stakeout du Conseil de sécurité à M. Fabius sur le but de cette réunion et si c'était seulement pour légitimer les frappes françaises, le ministre des Affaires étrangères français a donné la réponse suivante : «Non les frappes françaises sont totalement légitimes. A partir du moment où nous avons reçu une demande écrite du gouvernement irakien de les appuyer en termes de forces aériennes, cela est totalement légitime en terme de droit international. Il n'y a pas de nécessité, dans ce cas-là, à aller devant le Conseil de sécurité. Non ça c'est clair». Obama veut une résolution pour empêcher les recrutements de l'EI Il reste à signaler que les Etats-Unis avaient déjà mobilisé 40 nations contre Daech et que le président américain Barack Obama devrait présider, mercredi prochain, une réunion au sommet du Conseil de sécurité focalisée sur la menace que font peser les jihadistes étrangers. Le Conseil aura comme mission d'adopter une résolution imposant aux gouvernements de prendre les mesures nécessaires pour empêcher leurs citoyens de rejoindre des organisations extrémistes en barrant la route aux recruteurs de jihadistes sur leurs territoires.