Al Kamanjati, une association qui facilite l'accès à la musique pour les enfants des territoires occupés, produit « Ya hal alem », une chanson filmée qui s'adresse au monde entier. En 2009, nous avons eu la chance de partir en Cisjordanie, assister aux Journées Al Manara du théâtre international, organisées par Al Kasabah, un espace consacré au quatrième art, et qui se trouve en plein cœur de Ramallah. C'est à cette occasion que nous avons découvert Al Kamanjati, un centre de formation musicale, situé à « Ramallah Taht », la vieille ville. Dans l'un des bureaux d'Al Kamanjati, une photo familière nous avait interpellés : celle d'un enfant en colère qui s'apprête à lancer une pierre. Il s'agit bien de cet enfant de 8 ans qui, en 1987, lors de la première Intifada, jetait des pierres sur des soldats israéliens, prés de chez lui, au camp d'Al Amari. La photo prise sur le vif et qui a fait le tour du monde, n'est autre que celle de Ramzi Abou Radwane, altiste, (médaille d'or au conservatoire d'Angers, France) et fondateur d'Al Kamanjati. Ce centre de formation fonctionne sous la tutelle d'une association, créée en 2002, qui porte le même nom, et dont le rôle est de soutenir l'éducation des enfants palestiniens, en leur facilitant l'accès à la musique, surtout pour ceux qui vivent dans les camps de réfugiés et les villages dans toute la Palestine et le Liban. 90% des élèves de Ramallah, Jénine, Dir Ghassana, des camps de réfugiés Al Amari, Kalendia, Jalazon, Chetila, Borj Al Barajneh et Rachidia du Liban y étudient la musique gratuitement. Les 10 autres payent 25% de leur scolarité et ont une bourse. « Nous ne pouvons pas attendre éternellement des décisions politiques et la création effective d ́un Etat palestinien pour travailler avec eux, à la reconstruction de la vie culturelle, autrefois si riche», déclare Ramzi. Et d'ajouter : « Nous ne pouvons pas attendre pour apporter aux enfants de quoi penser, ne serait-ce qu'une ou deux fois par semaine, à autre chose qu'à un char ou à un soldat. » L'enfant de la pierre, qui doit avoir 35 ans, aujourd'hui, défend l'idée que l'Intifada peut aussi être culturelle. Donner du plaisir à des enfants qui sont les premières victimes de la situation politico militaire demeure le sens premier de l'action que mène Al Kamanjati. L'association vient d'annoncer le lancement d'une nouvelle chanson, coproduite par l'association et le groupe « Vision scientifique », qui s'adresse au monde entier, et dont les paroles revendiquent le droit au rêve, à l'éducation, à la liberté... bref, à la vie normale. « Ya hal alem » (Oh, ce monde !) est chantée par les jeunes élèves d'Al Kamanjati, à Jénine. Elle est écrite par Bachar Etamizi et composée par Iyad Setiti. Le clip est réalisé par May Oudé. La chanson comporte quelques airs du patrimoine palestinien, pour souligner les racines. Et dans le clip, il y a des images émouvantes qui disent tout sur le quotidien de ces enfants qui vivent sous l'occupation militaire israélienne. Surfez sur You tube, et découvrez ce clip qui n'a rien à envier aux meilleurs du monde.