Les fans de Nessma et Hannibal n'ont pas de soucis à se faire. Les deux chaînes vont continuer d'émettre en vertu de l'article 31 du décret-loi 116 qui n'évoque pas la fermeture des médias audiovisuels. La campagne de dénigrement, ou d'autodéfense anticipée, lancée par les deux chaînes contre la Haica était-elle justifiée ? La guerre fracticide que se livrent depuis quelques jours la Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle (Haica) et les chaînes de télévision et de radio qui ont déclaré qu'elles ne se conformeront pas à la décision de la Haica leur ordonnant de demander de nouvelles autorisations et de signer le cahier des charges connaîtra, en principe, aujourd'hui, son épilogue. «C'est ce matin que se réunit le conseil de la Haica, précise à La Presse Rachida Neïfer, membre de la Haute autorité, pour décider de la démarche à suivre en fonction des uns et des autres, à l'expiration du délai du 28 septembre à zéro heure une minute». «Les moyens dont dispose la Haica se résument en l'application de l'article 31 du décret-loi portant sur sa création. Elle peut décider d'infliger une amende pécuniaire allant de 20 à 50 mille dinars aux chaînes TV ou radio qui n'interrompront pas aujourd'hui leur diffusion de leur propre volonté conformément aux injonctions de la Haica. En deuxième lieu, nous pouvons demander à la justice la mise sous scellés des équipements des chaînes contrevenantes. Pour le moment, rien n'est encore décidé. Ma conviction personnelle est que la Haica optera pour l'application graduelle de l'article 31 en question», précise-t-elle. La question que se posent les Tunisiens, à la faveur de la campagne menée, hier, conjointement par Nessma et Hannibal, pour dénoncer «les menaces de la Haica» est la suivante : aujourd'hui, Nessma et Hannibal diffuseront leurs programmes habituels ou leurs écrans seront-ils éteints ? «Nous ne pouvons pas interrompre la diffusion des programmes de Nessma et de Hannibal, ainsi que d'autres chaînes de radio puisque ces chaînes disposent d'émetteurs spéciaux et ne sont pas sous l'autorité de l'Office national de télédiffusion. Quant aux radios contrevenantes, elles ont recours au piratage des fréquences d'autres radios et ne disposent pas d'autorisations de la part de l'Agence nationale de fréquences», précise Rachida Neïfer. Nessma et Hannibal se rebiffent De son côté, Nouri Lejmi, président de la Haica, a révélé, dans une déclaration à l'agence TAP, que «seules Nessma et Hannibal qui diffusaient avant le 14 janvier 2011 n'ont pas répondu à l'appel de la Haica pour déposer des dossiers en vue de l'obtention d'une licence et la signature des cahiers des charges». Il a tenu à préciser : «A l'heure actuelle et contrairement à ce qui est prétendu, la Haica n'a pas encore annoncé de décision relative à des sanctions à l'encontre de Nessma et Hannibal». Quant à la chaîne Tounisna, elle a décidé de faire fi, elle aussi, des appels de la Haica, puisque ses responsables considèrent «que la chaîne diffuse ses programmes à partir de l'étranger et que, de ce fait, elle n'est pas assujettie aux ordres de la Haica». Volet radios, on apprend que certaines chaînes ont déjà interrompu leur diffusion bien qu'elles qualifient les décisions de la Haica d'injustes. C'est le cas de la radio Ruspina FM dont le directeur, Boulbaba Lansari, précise que la radio n'émet plus depuis une certaine période ajoutant que «le dossier soumis à la Haica répond aux conditions exigées mais, malheureusement, l'autorisation nous a été refusée». La radio Horria FM a également cessé d'émettre. Son porte-parole officiel, Omar Hamama, indique: «Nous avons obéi à la loi et nous avons annoncé que nous acceptons le cahier des charges. Mais nous avons eu une réponse négative suite à laquelle nous avons introduit une requête auprès du Tribunal administratif». D'autres radios dont les demandes de licence ont été rejetées par la Haica et dont la diffusion a été interrompue ne sont pas restées les bras croisés. Ainsi, les responsables des radios MFM, Diwan et Msaken ont tenu, jeudi dernier, une conférence de presse, au cours de laquelle ils ont précisé que leurs mouvements de protestation n'ont abouti à rien de concret malgré les rencontres qu'ils ont eues avec l'Ugtt et les représentants du gouvernement. Ils ont tenu à souligner qu'ils poursuivent leur sit-in devant le siège de la Haica et qu'ils n'interrompront pas la diffusion de leurs programmes.