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L'homme qui a incarné les espoirs du nationalisme arabe
Opinions - Jamel Abdel Nasser
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 09 - 2014


Par Ezzeddine BEN HAMIDA *
Le 28 septembre 1970 à 18h15, Jamel Abdel Nasser nous a quittés à jamais. Il a succombé à une crise cardiaque à sa maison. Hier, nous avons célébré donc le 44e anniversaires du Raïs. Une célébration qui prend tout son sens vu la conjoncture politique en Egypte et dans tout le monde arabe. L'absence de courant nationaliste puissant, face aux islamistes radicaux, explique le marasme politique et le vide idéologique que les Nations arabes traversent. L'objectif de ma contribution à cette occasion (l'essentiel de mes propos sont inspirés de l'ouvrage : « Nasser », Editions Chronique, collection Chronique de l'Histoire, 2006), est de rendre hommage à cet homme d'Etat, un humaniste plein d'audace et d'ambition non seulement pour son peuple mais aussi pour toute la Nation arabe. Son courage et son dévouement pour les causes arabes ont fait de lui un héros pour tous les peuples arabes. Ses discours enflammaient extraordinairement les foules grâce à la force de ses mots, la vigueur de ses propos et son indiscutable charisme.
Notre icône a incarné merveilleusement bien la passion et les espoirs de notre Nation : la Nation arabe. Si bien qu'il a répondu à Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev (1894 – 1971 ; il fut premier secrétaire du Parti communiste de l'Union soviétique de 1953 à 1964 et président du Conseil des ministres de 1958 à 1964), qu'il l'a qualifié publiquement de « (...) jeune homme passionné et à la tête chaude », « Nasser n'est pas le seul à être passionné et à avoir la tête chaude...Tous les Arabes le sont ! (...) Si les Arabes n'avaient pas eu la tête chaude, ils ne seraient jamais parvenus à triompher dans leur lutte contre l'impérialisme et le pacte de Bagdad, contre les Britanniques et les Français à Port-Saïd (...). Entre le 29 octobre et le 6 novembre 1956, l'Egypte s'est battue seule contre la Grande-Bretagne, contre la France et contre Israël avec passion et avec la tête chaude ». (Damas le 22 mars 1959) (P.54)
Nasser : le soldat
La résolution 181 du 29 novembre 1947 de l'Assemblée générale de l'ONU portant sur le partage de la Palestine entre deux Etats juif et arabe avec un statut international pour la ville de Jérusalem n'a pas laissé indifférent le Capitaine Nasser. Sa réaction immédiate a été de s'engager comme volontaire pour appuyer la résistance palestinienne. Le 30 novembre, il est allé à Zeitoun près du Caire, où réside le grand mufti de Jérusalem, Hadj Amin El-Husseini, pour lui offrir ses services. Le sage lui a ordonné de se référer en premier lieu à son gouvernement. Cependant, la réponse des autorités égyptiennes était négative. Le pouvoir voulait garder le contrôle de l'armée. Déçu, il décide de se concentrer sur la préparation du concours d'entrée à l'état-major.
Le 15 mai 1948, le lendemain de la proclamation de l'Etat d'Israël, les armées arabes entrent en guerre contre l'occupant sioniste. L'armée égyptienne s'est installée à Gaza et fait sa jonction dans la région d'Hébron-Bethléem, tandis que dans le centre de la Palestine, la légion arabe transjordanienne a pour principal objectif la vieille ville de Jérusalem. Au nord se sont installées, de leur côté, les forces syriennes, libanaises et irakiennes.
Chef d'état-major du 6e bataillon, Nasser a été promu commandant le 7 juillet, le 8 juillet, il reçoit l'ordre de s'emparer de Joulès et de Negba. Mais l'attaque de ces deux positions stratégiques a été mal préparée malgré les profondes réserves de Nasser. L'opération est un échec. Le 12, notre héros est atteint par une balle qui traverse la carrosserie de sa voiture. Malgré une hémorragie importante ses jours ne sont pas en danger.
En décembre 1949, Nasser constitue autour de lui un conseil de commandement avec Abdel Hakim Amer, Salah Salem, Kamal Hussein, Anouar El-Sadate, Khaled Mohieddine, Abdel Latif Boghdadi, Abdel Moneim Raouf, Hassan Ibrahim et Gamal Salem. Ce conseil se faisait appeler « les Officier libres ! ». Leur objectif est de prendre le pouvoir. Ils se sont accordés cinq ans pour préparer au mieux leur stratagème. Entre-temps, ils ont continué dans la clandestinité leur action de noyautage dans les milieux militaires et civils, ainsi que de renseignement et de propagande. Aussi, un tract intitulé «la Voix des Officiers libres» a été diffusé au Caire. Il appelle à la libération de l'Egypte, il exige une profonde réorganisation de l'armée et une réforme radicale du régime. Il dénonce enfin le scandale des armes défectueuses fournies aux soldats en Palestine. Leur entreprise a fini par prendre le pouvoir 23 juillet 1952. Il est 7 heures quand les plus matinaux entendent à la radio une brève allocution prononcée par une voix inhabituelle : « Des hommes dignes de confiance se sont chargés de la direction des affaires ». C'était la voix du prestigieux général Mohamed Naguib.
L'homme politique : un sens aigu de la diplomatie !
Nasser séduit les foules par la franchise des ses propos et sa façon de regarder ses auditeurs droit dans les yeux ; il est surnommé le « Bikbachi » (officier supérieur de l'armée égyptienne) : « Nous ne faisons pas de promesses parce que nous ne voulons pas vous tromper. De toute façon, il n'est pas possible d'élever le niveau de vie des ouvriers aujourd'hui. Le seul moyen de le faire est de créer des industries et d'augmenter la production », disait-il le 20 décembre 1953 à Choubra El-Khema (P.36).
Il était aussi un négociateur intransigeant. En effet, les Anglais avaient cherché à maintenir, en 1953, une force militaire minimale à Tell El-Kébir sous prétexte pour défendre le canal de Suez. Nasser leur a fait valoir que l'Egypte était capable d'assurer elle-même sa défense et que le préalable à tout accord de coopération était leur départ et l'évacuation donc de la base. Devant l'arrogance de Robin Hankey, chef de la délégation anglaise, Nasser est parti en jetant : « Ne perdons pas notre temps » (P.36).
Sa fermeté en tant que négociateur, où l'intérêt de l'Egypte était au-dessus de toutes autres considérations, a souvent était montré. Ainsi, John Foster Dulles, l'homme de la politique étrangère américaine, en a fait lui aussi les frais. En 1953, de passage au Caire, il reçoit Nasser à son ambassade. Le dîner se passe dans une ambiance fort courtoise. Mais le chef du département d'Etat se rend vite compte qu'on ne met pas facilement le « bikbachi » dans sa poche ! Ses suggestions de faire entrer l'Egypte dans une alliance contre l'ex-URSS se heurtent à un refus poli, mais ferme. Notre Nasser rappelle à Dulles que, pour l'instant, ce sont les Anglais qui occupent l'Egypte.
La crise qui a éclaté en février 1954 entre Nasser et le président (général) Mohamed Naguib, qui a tourné à la faveur de notre héros, est un autre exemple qui montre l'habileté politique de Nasser. Naguib, influencé par certains politiciens proches des Frères musulmans et surtout soutenu par Khaled Mohéddine, prônait un retour aux casernes des militaires ainsi que le rétablissement du parlementarisme. Nasser, pour sa part, estimait que la révolution n'est pas encore achevée et il y a un réel risque d'enlisement dans une crise institutionnelle et politique. Le 24 février, dans la soirée, la crise éclatait et Naguib démissionne. Mais deux jours après, Nasser était contraint de le rappeler sous la pression d'une vaste manifestation. Il a réussi, le 9 mars, à s'imposer comme Premier ministre. Et il a su retourner habilement la situation en resserrant les liens de ses fidèles et en isolant Khaled Mohéddine. Si bien que le 28 mars, une gigantesque manifestation est organisée en sa faveur et celle de la révolution. Naguib a jeté l'éponge.
Sur le plan international, Nasser a été l'instigateur du mouvement des « pays non-alignés ». La première conférence du mouvement s'est tenue à Belgrade le 6 septembre 1961. C'était un vrai succès personnel pour le « bikbachi » : la conférence avait réaffirmé les principes du non-alignement préparés déjà au Caire en juin de la même année avec Josip Broz Tito (1892 – 1980, président de l'ex-Yougoslavie), Nehru (1889 – 1964, ex-Premier ministre de l'Inde), Sukarno (1901 – 1970, premier président de la République d'Indonésie) et Nkrumah (1909 – 1972, président du Ghana) : refus de souscrire à toute alliance militaire liée au conflit des grandes puissances, soutien aux mouvements de libération nationale, politique indépendante fondée sur la coexistence pacifique.
On ne peut gouverner avec le Coran
Nasser était un fervent croyant et il n'avait aucune leçon à recevoir à cet égard des Frères musulmans. Il tenait à ne pas mêler religion et politique ; il considérait que leur séparation est nécessaire, indispensable pour une bonne gouvernance, pour reprendre ses propres mots lors d'une interview accordée en janvier 1954 aux deux journalistes français, Jean et Simonne Lacouture : « Franchement, j'en suis encore à me demander, après dix-huit mois de pouvoir, comment on pourrait bien gouverner d'après le Coran. Ce n'est pas seulement un ouvrage spirituel comme la Bible ou l'Evangile, il donne également des règles de vie publique aussi bien que des préceptes de vie privée. Il est donc susceptible de tant d'interprétation. Il s'agit d'un livre très ouvert. Il ne peut servir de doctrine politique car les conclusions qu'on peut en tirer dépendent nécessairement de l'esprit du dirigeant qui la met en application». (P.38).
Le 14 janvier 1954, le « bikbachi » dissout la confrérie des Frères musulmans qu'il accuse de « noyauter la police et l'armée pour s'emparer du pouvoir ». La réponse de la confrérie ne s'est pas fait attendre. Aussi, le 26 octobre de la même année, un extrémiste de l'organisation a tenté d'assassiner Nasser en tirant six coups de feu. Par miracle, le Président n'a pas été touché mais une panique s'est emparée de la foule et des officiels installés sur la tribune. Indemne, Nasser reste de marbre, impassible, reprend le micro et il improvise un bouleversant appel au peuple égyptien: « La vie de l'Egypte ne dépend pas de celle de Gamal...Elle dépend de vous, de votre courage, du combat que vous mènerez... Luttez et si Gamal meurt, alors que chacun d'entre vous soit un autre Gamal... ». Il ajoute ému : « Ce serait un honneur que de mourir pour vous et dans la voie de Dieu...Que la bénédiction et le salut de Dieu soient sur vous ! » (P.40).
Conclusion :
Quarante-trois ans après la disparition de Jamal Abdel Nasser, les questions, les combats, les principes et les idéaux qu'il a défendus demeurent vivants et les conflits militaires qui lui ont été imposés lors de son règne se poursuivent toujours. Le Docteur Hoda Nasser disait de son papa : « L'exemple de Nasser est toujours vivant, comme demeurent vives les braises des conflits qui ont été déclenchés pour l'empêcher d'atteindre les buts qu'il s'était fixés. La preuve en est que, depuis sa disparition, son expérience n'a cessé d'être débattue, en particulier dans les médias arabes où défenseurs et détracteurs s'affrontent à un point tel que, parfois, il me semble que mon père se trouve encore parmi nous ! » (Préface, op, cit).
* Professeur de sciences économiques et sociales


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