Ce processus électoral tel qu'il se déploie, de mémoire de Tunisien, est inédit dans le pays et la région Seuls vingt-sept candidats à la présidentielle ont été sélectionnés sur dossier par l'Instance supérieure pour l'indépendance des élections (Isie), parmi soixante-dix en lice. Le verdict a été prononcé hier en milieu de matinée, dans un hôtel de la capitale, au cours d'une conférence de presse très attendue. Chafik Sarsar, président de l'Isie, siégeait au centre de la tribune, épaulé des deux côtés par ses principaux collaborateurs. Il a pris la parole en premier pour donner le pouls du processus électoral et annoncer par la suite la liste des candidats confirmés. Vingt-six hommes et une femme sont désormais en droit de briguer la magistrature suprême. Dans la liste passée au tamis par l'Isie, de grands noms y figurent, des chefs de partis doublés d'hommes d'affaire et soutenus par des appareils, de vieux routiers de la politique servis par leurs expériences et des réseaux, desdits indépendants, des opposants de tradition. La plupart sont connus de l'opinion publique et des médias, hormis quelques anonymes qui font leurs premières armes dans cette course vers Carthage, devenue par la magie d'un processus révolutionnaire un rêve raisonnable. Quarante et un dossiers ont été rejetés pour non-conformité au dispositif de règles préétablies. Les candidats recalés auront encore la possibilité de contester cette décision en justice dans un délai ne dépassant pas le 24 octobre prochain. Deux candidats se sont, eux, délibérément retirés de la course. Elections législatives C'est Mourad Ben Moula, vice-président de l'Isie, qui s'est chargé de présenter le bulletin de vote des élections législatives. Il a précisé que les concepteurs du bulletin se sont basés sur les recommandations découlant des élections de 2011 pour éviter les mêmes erreurs et les risques de confusion entre les logos, notamment. La version soumise au public est non finalisée, toutefois. Pourquoi ? Eh bien, conformément au code électoral, l'Isie se doit de publier le bulletin de vote avant terme, mais non dans sa version colorée et définitive. Précautions supplémentaires pour réduire les possibilités de falsification. Le type de papier, les couleurs des logos, les paramètres techniques ne seront révélés qu'à travers le modèle final du bulletin qui ne sera connu et distribué que le jour J, le 26 octobre. Riadh Bouhouchi, président de commission à l'Isie, a présenté de son côté les listes législatives validées. Elles sont 1327 au total, dont 97 listes représentant les circonscriptions à l'étranger. Les centres de tri sont exactement au nombre de 4864, dont 330 situés hors de la Tunisie. Le nombre des bureaux de vote s'élève à 10 567 à l'intérieur du territoire et 405 réservés aux Tunisiens résidant à l'étranger. Au cours de la conférence, a été également traité l'épineux dossier des parrainages. Le nombre final des parraineurs retenus est de 16 427. 1158 Tunisiens, par excès de générosité, sans doute, ont parrainé plus d'une liste. Un plaisantin s'est amusé à cautionner sept partis différents. Les réseaux de parrainage Parmi les tristes anecdotes révélées lors de la rencontre avec les médias, un prisonnier s'est trouvé depuis sa cellule être le parraineur d'un candidat. C'est son frère qui s'est rendu compte de la supercherie. La publication par l'Isie des listes de parrainage, en soulevant un tollé, a été par certains égards bénéfique. Combien de vols d'identités ont été révélés au grand jour, de falsifications de numéros de cartes d'identité, de non-conformité de signatures, de doublons... Des réseaux de parrainage ont prospéré en cette période, ouvrant un libre comptoir de signatures. C'est au plus offrant. Les procédés de vérification, de l'aveu même du président de l'Isie, ont montré leurs limites, puisque près d'un million de signatures ont été réceptionnées. Il est pratiquement impossible de tout vérifier, malgré la mobilisation de près de 100 personnes qui ont travaillé jour et nuit. Ces fraudes et toutes sortes de tromperies qui risquent de dévoyer l'ensemble même du processus électoral ont poussé certains responsables de l'Isie à attirer l'attention lors de la conférence sur ce système de parrainage qui s'est avéré très discutable, défectueux même. Ils ont proposé de réfléchir à d'autres mécanismes pour les futures élections en s'inspirant de modèles qui ont prouvé leur efficacité ailleurs. Cependant, à la clôture de la conférence, une sensation persiste : malgré tous les aléas et les imperfections révélées ou pas, ce processus électoral tel qu'il se déploie, de mémoire de Tunisien, est inédit dans le pays et la région. Sans chauvinisme aucun, il y a donc de quoi être fier. Mais, le plus dur reste à venir. Les noms des 27 candidats retenus pour la présidentielle 1/ Mohamed El Hechmi Ben Youssef Hamdi 2/ Larbi Ben Habib Ben Ali Nasra 3/ Mohamed Béji Ben Hamouda Caid Essebsi 4/ Ahmed Néjib Ben Abdelaziz Chebbi 5/ Mustapha Kamel Ben Hadj Ali Nabli 6/ Hamma Ben Ali Ben Bousseha Hammami 7/ Slim Ben Mohamed Ben Mokhtar Riahi 8/ Mustapha Ben Mohamed Ben Rachid Ben Jaafar 9/ Noureddine Ben Farhat Ben Mohamed Hached 10/ Abderraouf Ben Sadok Ayadi 11/ Ali El Mouldi Ben Mohamed Chourabi 12/ Mohamed Ben Mabrouk Ben Mohamed El Hamdi 13/ Abderrahim Ben Brahim Ben Ammar Zouari 14/ Mohamed Moncef Ben Mohamed Ben Ahmed Marzouki 15/ Abdelkader Ben Brahim Ben Mustapha Labbaoui 16/ Kalthoum Bent Mabrouk Ben Ahmed Kannou 17/ Kamel Ben Kantaoui Ben Maaraji Morjane 18/ Mohamed Ben Hassan Ben Mohamed Frikha 19/ Mohamed Mondher Ben Abdelaziz Zenaidi 20/ Abderrazzak Ben Ali Kilani 21/ Samir Ben Ezzeddine Ben Brahim Abdelli 22/ Yassine Ben Mouldi Ben Khalifa Chenoufi 23/ Hamouda Ben Mohamed Ben Hamouda Ben Slama 24/ Mehrez Ben Taieb Ben Tlili Boussayène 25/ Ahmed Essafi Ben Brahim Said 26/ Mokhtar Ben Mohamed Salah Méjri 27/ Salem Ben Ammar Chaibi