Par un collectif d'intellectuels tunisiens Nous, intellectuels tunisiens, démocrates, libéraux et progressistes, attachés aux valeurs universelles de l'Humanité, aux idées de progrès et de liberté, choqués par la nouvelle escalade du fanatisme jihadiste du pseudo- Etat islamique de Daech, qui, profitant de la position d'une dictature en désarroi, d'un pays en guerre, la Syrie et d'un autre pays, l'Irak, ayant un penchant ethnique sectaire, s'est établi par la conquête et l'usurpation aux confins de ces deux Etats millénaires, en vue de terroriser, assassiner les populations, voire chasser toute l'humanité non musulmane et musulmane au nom d'un califat dit islamique. Choqués par les moyens horribles et barbares utilisés par cette entité nébuleuse tendant à classer l'humanité entre les «bons», qui leur prêtent allégeance, et les «mauvais», condamnés d'avance à l'Enfer pour désobéissance à la «loi islamique». Consternés par les pratiques d'extermination ciblant les minorités non musulmanes, yazidis, chrétiennes, kurdes; par les décapitations des étrangers, journalistes et touristes dont les images sont transmises par vidéos aux voyeuristes des réseaux sociaux et aux adeptes de leurs sites. Constatant que les procédés expéditifs de cet Etat criminel nous rappellent autant la persécution et l'extermination des incroyants et sceptiques par les inquisiteurs de l'Eglise catholique que la barbarie et fours crématoires des nazis, ou encore les fous de Dieu du 11 septembre qui, chacun à sa manière, s'arrogeait «le droit» de juger et de classer l'Humanité entre fidèles et infidèles, aryens et sémites, selon des critères dogmatiques ou partisans. Relevant que l'islam des musulmans ordinaires est foi, piété, amour, concorde, miséricorde, alors que l'islam guerrier de Daech est terrorisme, cruauté, crime, horreur et bestialité ; et que la foi est et restera individuelle et intime et non collective, tout comme le salut des êtres humains. Condamnons de la manière la plus ferme possible, au nom des valeurs fondamentales de l'humanité, de la raison, du droit, de la morale et de la liberté, la monstruosité de l'Etat islamique de Daech qui a atteint un palier supérieur en ce XXIe siècle en matière de terrorisme et de persécution des minorités. Condamnons également ceux, Etats, puissances, dictatures, entités diverses, de quelque provenance que ce soit, qui ont pris part à la naissance, à la manipulation et à l'expansion de l'Etat islamique de Daech, par quelque moyen que ce soit : armement, ressources financières, facilités diverses (douane, passages frontaliers, passeports). Appelons les puissances étrangères, occidentales, arabes ou musulmanes, ainsi que nos gouvernants tunisiens eux-mêmes à changer radicalement de politique à l'égard de tous les groupuscules terroristes islamistes, en s'abstenant catégoriquement de les utiliser ou de les exploiter, ou de faire jouer les uns contre les autres, pour quelque raison que ce soit, au profit de leurs causes politiques et stratégiques, au risque de provoquer de nouveaux drames, génocides et crimes contre l'Humanité. Appelons encore les puissances étrangères à appuyer le processus de transition démocratique des pays arabes et à mettre en œuvre tous les moyens possibles pour les aider à sortir des difficultés économiques, politiques et sociales présentes, en vue d'extirper le terrorisme à la source, pour le bien de la communauté internationale et des valeurs universelles. Les signataires : Hatem M'rad (politologue), Ridha Chennoufi (philosophe), Raja Ben Slama (lettres et civilisation), Abdelmajid Charfi (civilisation), Dalenda Largueche (historienne), Ali Mezghani (juriste), MouldiLahmar (sociologue), Abdelhamid Largueche (historien), Hamadi Redissi (politologue), Mahmoud Ben Romdhane (économiste), Habib Kazdaghli (historien), Mohamed Salah Ben Aissa (juriste) Olfa Youssef (civilisation), Slim Laghmani (juriste), Imed Melliti (sociologue) Monia Ben Jemia (juriste), Cherif Ferjani (politologue), Kalthoum Mziou (juriste), Amin Mahfoudh (juriste), Melika Ouelbani (philosophe), Sana Ben Achour (juriste), Saloua Charfi (communication).