Parfois, il faut accepter la réalité. Aussi dure soit-elle. Les temps sont durs pour l'Espérance, voire très durs. Certes, l'équipe a traversé des crises par le passé, mais elle n'est jamais descendue aussi bas en matière de résultats. C'est que cette fois-ci, la crise a trop duré, et pour cause : dans le sillage proche du club, on s'est entêté ces derniers mois à ne pas reconnaître que c'est la fin d'un cycle. Du coup, on n'a jamais préparé la transition et dans la foulée, des décisions non réfléchies ont été prises et ont conduit au ratage de deux mercatos de suite. Prenant le train en marche, Khaled Ben Yahia a accepté la délicate mission de remettre l'Espérance sur les rails. L'entraîneur «sang et or» l'avait prédit : ce troisième come-back ne se passera pas comme les deux précédents. Les observateurs les plus optimistes ont cru bonnement que la machine « sang et or » a redémarré à Bizerte lorsque les protégés de Ben Yahia sont parvenus à revenir dans le match avant de signer un triplé. Le deuxième succès d'affilée remporté une semaine après au détriment de l'Avenir de Gabès sur le score sans appel de 7-1 allait conforter l'entraîneur dans ses idées. Mais voilà que la défaite à La Marsa est venue stopper tout net les espoirs de voir l'équipe rebondir. Et ce n'est pas le nul ramené de Zarzis qui fera croire le contraire. Loin de là. Milieu et attaque : des choses à revoir En défense, Khaled Ben Yahia, conservateur qu'il est, a trouvé la solution dans l'axe en alignant Jabeur et Dhaouadi côte à côte. Certes, l'entraîneur espérantiste a fait appel à une vieille connaissance, Arbi Jabeur, tout en faisant revenir Sameh Derbali sur le flanc droit, mais il faut avouer qu'à Zarzis, la formule défensive a bien fonctionné. A droite comme à gauche, les latéraux, Derbali et Mbarki, ont apporté leur concours en phase offensive grâce à leurs montées régulières. D'ailleurs, c'est grâce à eux et à la bonne entente avec les attaquants de couloir, Harbaoui et Mhirsi, que N'Djeng et Darragi ont pu atteindre la zone de réparation adverse. C'est qu'avec un seul milieu défensif statique, Houcine Ragued, la liaison entre la défense et l'attaque n'a pas été régulière, ce qui a atténué considérablement les ardeurs «sang et or» et ce, malgré toute la bonne volonté affichée en deuxième mi-temps. Bref, jouer avec un seul pivot, en l'occurrence Ragued, n'est pas la solution idéale. En tout cas, elle ne peut pas fonctionner à tous les coups. Il est vrai que contre l'Avenir de Gabès, le danger ne s'est pas fait sentir. Ce n'était pas le cas face à l'ASM, ni contre l'ES Zarzis. Marouane Tritar n'a pas eu de difficulté à s'infiltrer à maintes reprises dans la défense espérantiste. Puis, Afful semble se perdre dans son nouveau rôle de milieu relayeur. Le Ghanéen a été contraint de reculer d'un cran la plupart du temps pour apporter son concours aux défenseurs. Par conséquent, l'attaque est devenue beaucoup moins percutante. Ben Hammouda : retour de l'enfant prodige Dans toute cette grisaille, une petite lumière a jailli des pieds du revenant Mohamed Ali Ben Hammouda, qui endosse de nouveau le maillot « sang et or » après une longue traversée du désert qui a duré cinq années. Incorporé à la 70', Ben Hammouda a failli ouvrir le score à deux reprises. Une première fois à la 78' lorsqu'il a été servi sur un plateau par N'Djeng, mais sa balle s'écrase sur le poteau. Dans le temps additionnel, sa reprise de la tête est repoussée par le gardien zarzissien, Krir (90'+4). La chance ne lui a pas souri cette fois, mais le joueur a démontré qu'il n'a pas dit encore son dernier mot. Des prémices de bon augure : c'est le moins qu'on puisse dire sur le retour de Ben Hammouda. Pour le reste, il faut se rendre à l'évidence. C'est la fin d'un cycle pour l'Espérance. Il faut savoir prendre le temps de reconstruire. Avec du travail et de la persévérance, les résultats suivront. Il faut savoir mieux gérer l'effectif. Car il y a des joueurs qui sont épuisés mentalement et physiquement alors que d'autres ont besoin de plus de temps de jeu pour que la mayonnaise prenne. Tout un programme pour Khaled Ben Yahia. Les supporters et les dirigeants sauront-ils donner du temps au temps pour qu'un travail de longue haleine puisse porter ses fruits ? C'est la vraie question qu'il faut se poser aujourd'hui à l'Espérance.