A défaut d'un système d'information fiable, les estimations de l'enveloppe annuelle allouée aux achats publics ne sont qu'approximatives, de 7 à 8 milliards de dinars, selon Accia Le nouveau système d'achat public en ligne est en cours d'expérimentation, a annoncé le Secrétaire général du gouvernement, Ridha Abdelhafidh, lors d'un séminaire de formation organisé récemment à Tunis. Ce nouveau mode de passation des marchés s'ajoute à un ensemble de mécanismes et de procédures que seuls 11% des contrôleurs et des cadres de gestion de la fonction publique estiment qu'ils assurent l'efficacité des opérations d'achat, selon un sondage réalisé par l'Association des cadres de contrôle, d'inspection et d'audit dans les structures publiques (Accia). Outre ce nouveau système (TUNEPS), réalisé dans le cadre de la coopération tuniso-coréenne, il a indiqué que «six guides de procédures sont en cours de préparation en vue de vulgariser les nouvelles procédures régissant les marchés publics», d'après l'agence TAP. Toutefois, il convient de signaler qu'à défaut d'un système d'information efficace, les estimations de l'enveloppe annuelle allouée aux achats publics ne sont qu'approximatives, de 7 à 8 milliards de dinars. Et c'est là une première anomalie qui n'est pas des moindres du système de gestion des achats publics. Et l'importance de ces fonds attise les risques de corruption. Pis, la complexité de la fonction achat ainsi que les dysfonctionnements organisationnels que confrontent les acheteurs publics exacerbent les pratiques frauduleuses. De prime abord, le cadre réglementaire souffre de l'éparpillement des textes de loi. D'ailleurs, les acheteurs fournissent des efforts supplémentaires pour réunir les lois régissant l'achat en question, sans pour autant pouvoir recueillir toutes les lois. Ainsi, l'élaboration d'un code des achats publics, annoncé par le SG du gouvernement, permet de regrouper toutes les lois et faciliter, ainsi, la tâche des acheteurs. Mieux encore, des fiches techniques pour les achats communs entre les services publics permettent de faire gagner du temps et de l'argent. Car plusieurs institutions publiques achètent les mêmes articles, mais l'efficacité de ces opérations d'achats diffère d'une administration à l'autre. D'ailleurs, les textes de loi ne stipulent pas, parmi les principes de base, la notion d'efficacité des achats. Sur le plan organisationnel, la fonction des achats, dans les institutions publiques, est toujours rattachée à une autre direction, souvent la direction administrative et financière. Ce qui limite la coordination avec les fonctions complémentaires, notamment de la gestion des stocks. Par ailleurs, les acheteurs dans les institutions publiques ont évoqué le besoin de formation grandissant en la matière. D'après le même sondage de l'Accia, 61% des professionnels interviewés affirment avoir besoin d'une formation spécifique. L'expert international, M. Jean Pierre Bueb, avait rappelé lors d'une conférence de presse : «Sur les marchés publics, il y aurait toujours de la corruption». Pour contenir ces pratiques, il incombe à l'Etat, selon l'expert, de s'investir dans un cadre juridique et surtout dans des institutions qui se chargent d'appliquer ces lois et de lutter ainsi contre la corruption. Au sein des institutions, «avoir des procédures n'est pas suffisant. Il faut avoir des acheteurs formés et intègres», souligne-t-il. Pour ce qui est du volet de la formation, il est primordial de mettre les compétences des acheteurs du secteur public au niveau de celles de leurs interlocuteurs, les commerciaux du secteur privé.