De notre envoyé spécial à New York, Abdel Aziz HALI L'organisation internationale subit une «tension financière» imputable aux arriérés de 1 milliard de dollars, selon le secrétaire général adjoint à la gestion des Nations unies. Assurément, la crise financière qui affecte une grande partie des pays de la planète bleue a fini par rattraper l'organisation des Nations unies (ONU) comme en témoigne le point de presse, tenu jeudi dernier par le secrétaire général adjoint à la gestion des Nations unies, M. Yukio Takasu, dans la salle «S-237» (celle du «Press Briefing») du bureau du Porte-parole du secrétaire général de l'ONU. «Le budget ordinaire de l'ONU connaît une tension financière... Comme aucun recouvrement substantiel n'est attendu pour le financement du Plan-cadre d'équipement en 2014, la quasi-totalité du 1,868 milliard de dollars ayant été encaissée, on devra recourir au fonds de roulement et compte spécial», a-t-il confirmé. Des dépenses qui dépassent largement les liquidités disponibles En s'appuyant sur des statistiques internes, M. Takasu a montré aux correspondants internationaux un tableau indiquant qu'il faudrait récupérer, d'ici la fin de 2014, 1,037 milliard de dollars, dont 882 millions sont dus par les Etats-Unis, 77 millions par le Brésil, 28 par le Venezuela, tandis que les 50 millions restants sont le fait de 65 autres Etats. «Pour l'année 2014, 2,612 milliards de dollars ont été mis en recouvrement au titre du budget ordinaire contre 2,606 milliards en 2013», a-t-il précisé. Toujours selon le secrétaire général adjoint à la gestion de l'ONU, la situation financière est «d'autant plus préoccupante qu'à ce jour, les liquidités sont de 419 millions de dollars alors que les dépenses prévues d'ici la fin de l'année sont estimées à 800 millions, dont 35 millions sur le compte du budget ordinaire, 150 millions sur le compte du fonds de roulement et 259 millions sur le compte spécial», a-t-il renchéri. Pour ce qui est du budget des opérations de maintien de la paix (OMP), qui sert à financer logistique et la présence des Casques bleus dans les zones de conflit, M. Takasu a précisé qu'il «reste à récupérer 2,559 milliards de dollars auprès d'une centaine de pays dont 1,2 milliard étant dû par la France (356 millions), les Etats-Unis (337 millions), l'Italie (215 millions), la Chine (192 millions) et la Fédération de Russie (152 millions)». Toujours selon M. Takasu, «l'ensemble des liquidités disponibles jusqu'au 2 octobre 2014 étaient de l'ordre de 4,363 milliards de dollars, dont 4,115 au titre des comptes des OMP», par contre, les arriérés de contribution se montent à 3,6 milliards, dont 2,56 au titre des seules OMP». Un calendrier budgétaire mal approprié Parallèlement, il a tenu à remercier les 125 Etats membres qui ont déjà réglé, au 9 octobre, la totalité des sommes dues au titre du budget ordinaire pour l'année 2014, dont 28 se sont d'ailleurs acquittés de toutes les contributions dues au maintien de la paix, aux Tribunaux pénaux internationaux et au Plan-cadre d'équipement. Le secrétaire général adjoint à la gestion de l'ONU a, par ailleurs, mentionné que cette situation est due essentiellement au laps de temps, très restreint qu'offre le calendrier budgétaire vu que ce dernier débute le 1er juillet et non pas le 1er janvier. Cette contrainte du temps rend, selon lui, «difficile toute prévisibilité, sans oublier le fait que les appels de contributions se font la création de chaque mission». Au début de la journée de jeudi dernier, M. Takasu a rencontré les membres de la cinquième commission de la 69e session de l'Assemblée générale, chargée des questions administratives et budgétaires. Lors de cette réunion, le secrétaire général a donné des réponses aux préoccupations de centaines de missions et membres de leur personnel qui ont du mal à ouvrir des comptes bancaires à New York. «Le secrétariat de l'ONU fera prochainement des propositions pour créer une nouvelle infrastructure bancaire qui pourra répondre aux besoins de toutes les délégations», a-t-il annoncé lors de cette réunion. L'ONU a du mal à rembourser ses fournisseurs D'autre part, quant aux sommes dues par l'organisation des Nations unies aux Etats membres, M. Takasu a avoué les difficultés que connaît le Ssecrétariat pour accélérer les remboursements aux Etats fournisseurs de troupes de contingents. Il a estimé que le montant devrait être aux alentours de 501 millions de dollars au 31 décembre 2014 contre 513 au 31 décembre 2013. «De ce montant de 501 millions, 149 millions seront dus d'ici fin 2014 aux pays fournisseurs de troupes, 266 millions aux pays fournisseurs de matériel aux missions en activité et 86 millions aux pays qui avaient fourni du matériel aux missions désormais fermées», lit-on dans une note distribuée par le département de l'information de l'ONU. Il reste à signaler que la cinquième commission chargée des questions administratives et budgétaires va tenir, le 16 octobre, son débat sur la situation financière de l'ONU.