Les Bourses ont entamé le second semesre sur leurs plus bas de l'année. Le spectre d'une rechute de l'économie mondiale angoisse les investisseurs, dont l'aversion pour le risque grandit. Le débat devrait durer tout l'été. Les Echos a interrogé plusieurs stratégistes et responsables de gestion de différents établissements sur cette question. La fermeture des marchés américains aujourd'hui, au lendemain de l'Independence Day, offrira peut-être du répit aux investisseurs. Mais elle ne saurait leur faire oublier ce qu'ils n'imaginaient pas six mois plus tôt : la crainte d'une rechute de l'activité globale. Dubitatifs sur le bien-fondé des plans d'austérité décidés en Europe pour enrayer la dérive budgétaire, les marchés voient désormais les mauvaises nouvelles économiques s'accumuler aux Etats-Unis. La croissance manufacturière ralentit, les ventes de logements baissent, la confiance des ménages reste faible et le marché du travail peine à redémarrer. La publication du rapport mensuel sur l'emploi, vendredi, a représenté une nouvelle déception. Et il y a d'autres menaces potentielles à la croissance. Jeudi, la Chine, moteur de la reprise mondiale, a annoncé un ralentissement plus marqué qu'attendu de son activité manufacturière en juin, conséquence directe des mesures restrictives prises par les autorités pour éviter une surchauffe de l'économie. Or certains économistes estiment que le gouvernement chinois doit poursuivre ses efforts pour prévenir de nouvelles hausses de l'inflation au cours de l'été, ce qui pourrait freiner davantage la croissance du secteur manufacturier. Débat estival L'incertitude du scénario macroéconomique a fortement renforcé l'aversion au risque la semaine passée. Les marchés d'actions ont entamé le second semestre à leurs plus bas niveaux de l'année. Le CAC 40 a cédé 4,87% d'un vendredi sur l'autre, Londres a perdu 4,13 %, Francfort 3,90 % et New York 4,51 %. «La performance des marchés montre que la peur d'une rechute de l'activité mène désormais les investisseurs. Les indicateurs cycliques à court terme vont décliner, car le soutien apporté par le cycle des stocks touche à sa fin et la double récession sera très probablement en débat cet été sur les marchés», avance Keith Wade, économiste en chef chez Schroders. Comme beaucoup, il juge l'ampleur de ces craintes exagérée, mais prévient qu'elles risquent de persister dans le contexte actuel fébrile et d'influencer les stratégies d'investissement dans les mois à venir. Pour l'heure, les investisseurs conservent des actifs risqués (actions, obligations à haut rendement) dans leurs portefeuilles. Les sondages sur les allocations d'actifs menés par Reuters en juin révèlent que les gérants ont légèrement réduit leur exposition aux actions, mais conservent leur sur-pondération. «Se positionner maintenant pour une double récession, un scénario à la japonaise ou une dépression n'offre pas de rémunération du risque suffisamment intéressante aux niveaux actuels des rendements obligataires», assure Fred Goodwin, responsable de la stratégie «Global Macro» de Nomura. Il rappelle que, historiquement, dès lors qu'une reprise économique est engagée, comme c'est le cas aujourd'hui, les rechutes sont très rares. Celle de 1980-1982 ne s'est produite qu'après que la Réserve fédérale a relevé ses taux d'intérêt proches de 10 %. Face aux inquiétudes, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a exclu que l'Europe puisse entrer dans une phase de récession. «Je ne le crois pas du tout», a-t-il assuré hier devant des journalistes lors des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence. Avant l'annonce des premiers résultats des sociétés américaines lundi, prévus globalement en forte hausse et qui pourraient apporter un souffle d'air aux marchés, les intervenants se préparent à la publication, mardi, d'un nouvel indicateur conjoncturel en baisse outre-Atlantique : l'indice ISM non manufacturier devrait en effet montrer un ralentissement des industries de services en juin. (Source : Les Echos)