Depuis trois ans, la Caisse générale de compensation connaît une augmentation explosive de 300%. Au lieu de préserver le pouvoir d'achat des plus démunis, cette Caisse est devenue un fardeau pour l'Etat qui manque de ressources financières pour l'alimenter. Après 43 ans d'existence, la CGC montre, aujourd'hui, ses limites. Des dysfonctionnements au niveau de la gestion ont été relevés notamment au niveau du contrôle des produits subventionnés par l'Office des céréales et le Centre national pédagogique sans compter les procédures de paiement de ces subventions. Avec les difficultés que rencontre l'Etat en raison d'une conjoncture économique précaire marquée par la baisse des investissements, l'augmentation du taux de chômage, la détérioration de la monnaie, le taux d'endettement de près de 50% et un trou dans la finance publique d'environ 5 milliards de dinars. La CGC est pointée du doigt du fait qu'elle a engendré un déficit de 7,4% du budget. La hausse du prix des matières premières sur les marchés internationaux a été un coup de massue pour l'Etat tunisien, contraint de débourser deux fois le prix en raison de la hausse de l'euro et du dollar et la dévaluation du dinar. Cela est perceptible à tous les niveaux. Le coût des hydrocarbures est en nette augmentation. Il est assujetti en même temps que la farine et autres produits de consommation de base au système de compensation qui profite à toutes les classes sociales. La contrebande en profite aussi La contrebande profite aussi et de manière féroce et vorace du système de compensation en écoulant des produits de base à des prix cassés. Ce qui affecte considérablement la Caisse et la détourne de ses objectifs. En réalité, 25 % profitent à la classe pauvre et moyenne, 15 % à la classe aisée, 20 % aux étrangers résidant en Tunisie et 40 % à la contrebande. Cette situation ne peut pas continuer car elle peut mener l'économie du pays à sa perte. C'est pourquoi des réformes de fond sont nécessaires et urgentes. Mais pour l'heure, le gouvernement Jomâa s'emploie à résorber les déséquilibres en œuvrant au moins sur deux fronts : rationaliser certaines subventions de manière progressive mais drastique et continuer à soutenir uniquement les plus démunis, comme l'y incite le Fonds monétaire international (FMI). A cet effet, les subventions aux industries énergivores, comme les cimenteries, ont été supprimées et le prix de l'électricité a été augmenté en fonction des niveaux de consommation. Selon Hakim Hammouda, ministre des Finances, cette mesure permettrait d'«économiser 271 millions d'euros en 2014, sur 2,26 milliards de dépenses». Des transferts directs Sauf que le taux d'inflation ne cesse de grimper. Il est de 6 %. Les salaires sont pratiquement gelés et le chômage à 12 % n'épargnent pas les ménages surtout à faibles revenus qui peinent à faire face à des factures au-dessus de leur budget. Sans compter la hantise quotidienne d'une hausse du carburant et le spectre de l'augmentation du prix du pain. Depuis 2003, la Cour des comptes a révélé des dysfonctionnements au niveau du contrôle des produits subventionnés par l'Office des céréales et le Centre national pédagogique ainsi qu'au niveau des procédures de paiement des subventions. Selon certains experts, une refonte du système est nécessaire. L'alternative des transferts directs qui privilégient des subventions aux plus défavorisés calquée sur le modèle brésilien ou iranien serait envisageable. Or, dans la pratique, ce système est difficilement applicable en raison de la difficulté d'identification des personnes nécessiteuses.