C'est la première fois qu'ils viennent en Tunisie — un duo extraordinaire équipé d'instruments originaux — et ils se sont arrêtés à Tunis, à Ennejma Ezzahra. Ce duo, qui a commencé sa carrière en 2004, s'est réuni en 2009 pour approfondir ses recherches musicales tirées de la musique du monde arabe, andalouse et européenne. Il s'agit du violoniste Jorge Arribas et de l'accordéoniste Diego Galaz. Ravi de présenter aux Tunisiens un nouveau genre musical, peu connu, le duo s'est produit sur la scène d'Ennejma Ezzahra vendredi dernier, et a convié le public nombreux à voyager avec lui dans plusieurs contrées et plusieurs époques qui relatent des civilisations lointaines mais aussi modernes dans un concert qu'ils ont intitulé Féten Féten. Leur entrée sur la scène, si originale, a mis d'emblée l'auditoire dans une grande ambiance d'aisance et de confort : jouant chacun avec son instrument, à savoir l'accordéon et un violon-trompette (une composition atypique entre ces deux instruments), ils se sont déplacés entre les rangs, enchantant de près l'oreille de l'auditoire avec le morceau inaugural «Féten Féten», une composition personnelle offerte par Nacho Mastretta. Dès lors, on baigne dans une ambiance de joie, de bonheur, de partage et de communion car l'expression «Féten Féten» désigne en langue espagnole la joie et la décontraction. Cool et zen, les musiciens se sont réunis ensuite sur la scène pour nous proposer la «Vals para Amelia», un morceau qui a été dédié à la mère du violoniste. D'ailleurs, Jorge Arribas s'est adressé au public pour lui expliquer les origines de cette musique, qui se joue en Espagne avec une danse de couple. Béret sur la tête, ils ont joué en harmonie, imitant les hirondelles, la mer, les bateaux... «On vous convie à effectuer avec nous un voyage méditerranéen, de Madrid jusqu'à Barcelone en passant par le monde asiatique et arabe», se sont-ils alors adressés à un auditoire fasciné par tant de justesse et de virtuosité. Un public gâté, une musique éclectique Ces deux artistes, invités par l'Institut culturel Cervantès à Tunis, l'association espagnole des interprètes et le Centre méditerranéen de musique arabe, avaient pour mission de faire connaître au public tunisien et méditerranéen les spécificités d'une musique aux influences éclectiques et aux accessoires typiques : «Chitis» est un morceau qui a été joué avec une scie : produisant, malgré les apparences, des sons mélodieux tantôt doux, tantôt aigus, le concert était un véritable périple. A chaque moment et avec chaque composition, le duo nous ramène dans un univers unique : un simple accessoire sur la tête ou un instrument original comme un dé à coudre, des coquilles, des ustensiles de cuisine (poêle et cuillère) et on se retrouve dans une rythmique vibrante et enflammée. Ils changent souvent d'instruments et de tonalité. En introduisant la mandoline avec ses notes aux influences arabes, mouvementées, ils nous ont offert un «Jota oriental» et nous ont raconté, en musique, l'histoire de «Paquita en las Ramblas», un morceau qui a été dédié à toutes les mères de la salle. Les instrumentistes ont animé avec succès la scène dans un spectacle à la fois doux et vibrant, des éclairages soignés, une lumière tamisée qui révèlent une complicité sans faille entre les deux musiciens. Des mélodies de styles divers : valses, fandangos, boléros, tarentelles, musique de cabaret... Evocateur et innovateur, le duo a titillé les sens de l'auditoire, à travers une musique émouvante, dansante et rigolote. Le côté festif et généreux de ce concert s'est accentué à la fin quand les artistes ont offert aux Tunisiens Bent Echalabya de la diva libanaise Feyrouz en version instrumentale.