De notre envoyé spécial à New York, Abdel Aziz HALI Face au veto américain contre toute mesure unilatérale des deux parties aux Nations unies et devant la frilosité des autres grandes puissances, la tentative palestinienne de faire passer une résolution au Conseil de sécurité est en passe de devenir un projet mort-né Cinquante-quatre pays et organisations internationales dont la Tunisie ont participé, mardi, à une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation au Moyen-Orient avec un grand chapitre consacré à la question palestinienne. Lors de son allocution d'ouverture, le secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon a briefé les participants à cette réunion sur sa récente tournée dans la région tout en déclarant que le «compte était compté » surtout avec « l'approche de l'hiver». M. Ban a précisé que la Bande de Gaza avait besoin «immédiatement» de 414 millions dollars nécessaires pour l'aide humanitaire ainsi que de 2,4 milliards pour les efforts de reconstruction. 100 mille SDF à Gaza Il a aussi rappelé que 100 mille Gazaouis sont sans domiciles avec plus de 50 mille qui squattent actuellement les bâtiments des écoles de l'Unrwa. «Beaucoup d'entre eux n'ont toujours accès au réseau d'eau potable municipale et les pannes d'électricité sont fréquentes et peuvent durer jusqu'à 18 heures... J'exhorte la communauté internationale à agir rapidement pour fournir toute l'aide nécessaire», a-t-il ajouté. Pour ce qui est des attaques israéliennes perpétrées contre les installations de l'ONU à Gaza, dont l'école du camp des réfugiés de Jabalia, le secrétaire général a annoncé que les Forces de la défense israéliennes allaient ouvrir une enquête sur ces «incidents» qui ont coûté la vie à plusieurs innocents. Toutefois, il a aussi précisé qu'il prévoit d'aller «de l'avant avec une commission d'enquête indépendante» pour examiner les cas les plus graves, ainsi que les allégations parlent d'une éventuelle présence d'armes cachées dans les locaux de l'ONU. En ce qui concerne les derniers rebondissements à Al-Qods occupée suite à l'annonce du gouvernement israélien son intention de construire de nouvelles unités d'habitations, M Ban a exprimé ses vives préoccupations. «Le droit international est clair: l'activité de colonisation est illégal. Elle va totalement à l'encontre de la recherche d'une solution à deux Etats», a-t-il renchéri. Il a, par ailleurs, exhorté le gouvernement israélien à revenir sur ces activités tout en restant également profondément préoccupé par les actions unilatérales, les restrictions et les provocations dans les lieux saints à Al-Qods occupée. La Palestine défend son projet de résolution De son côté, l'observateur permanent à l'ONU, M. Riyad H. Mansour, pense que l'initiative palestinienne de solliciter le Conseil de sécurité à travers un projet de résolution était dans l'unique but de réaffirmer les paramètres de la solution de deux Etats et de délimiter un délai pour mettre fin à 47 ans d'occupation militaire israélienne des terres palestiniennes, y compris Al-Qods-Est , et à la réalisation de l'indépendance et les droits du peuple palestinien. «Les éléments du projet de résolution sont donc entièrement fondées sur les dispositions des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et l'Assemblée générale comprenant les bases d'un règlement de paix durable», a déclaré M. Mansour. Toujours selon l'observateur permanent de la Palestine à l'ONU, le projet appelle à une cessation des politiques et pratiques illégales d'Israël, de sa conformité avec le droit international, y compris le droit humanitaire, et à la protection du peuple palestinien, qui s'imposent pour réduire les tensions, promouvoir le calme et reprendre les négociations pour mettre fin à l'occupation, en accélérant la résolution des problèmes de base. «Nous réitérons notre appel aux membres du Conseil de sécurité et la communauté internationale à soutenir cette initiative et soutenir l'approche de réaffirmer les paramètres fondamentaux d'une solution juste et donner un nouvel élan dans les efforts de paix et de sécurité durable entre Palestiniens et le peuple israélien», a-t-il déclaré. Il a renchéri : «Nous exhortons tous les Etats à assumer leurs responsabilités — collectivement ici, aux Nations unies en tant que Hautes Parties contractantes aux Conventions de Genève, ainsi qu'individuellement — à soutenir ces efforts en vue de faire de la paix une réalité». Le représentant permanent de la France auprès des Nations unies, M. François Delattre, «les paramètres d'une solution au conflit sont pourtant connus : un Etat de Palestine indépendant, démocratique, contigu et souverain, vivant dans la paix et la sécurité aux côtés d'Israël, sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem (Al-Qods) comme capitale des deux Etats», a-t-il déclaré. «Avant qu'il ne soit trop tard» L'ambassadeur français a jugé que le moment « est venu de mettre en œuvre la solution de deux Etats, avant qu'il ne soit trop tard». De ce fait, «une action du Conseil de sécurité permettant de fixer un cadre à la négociation serait opportune. Les partenaires internationaux doivent s'engager davantage pour accompagner les parties dans la négociation d'un accord global et définitif. Le rôle des Etats-Unis est décisif et il restera central. Celui de l'Europe et de la Ligue arabe ne l'est pas moins : toutes deux ont fait des propositions pour favoriser la conclusion d'un accord définitif et ouvrir la perspective d'une paix régionale. L'Europe ainsi que ses partenaires internationaux devront être prêts à activer les leviers dont ils disposent auprès des uns et des autres pour faire aboutir les négociations», a-t-il souligné. Toujours d'après M. Delattre, la communauté internationale ne devraient plus se «contenter d'essayer», mais plutôt elle devrait «aboutir» à une solution viable. «La France est prête à apporter dès à présent sa contribution à cet effort collectif. Sans avancées rapides et, sans aboutissement, il nous faudra bien, à un moment, reconnaître l'Etat palestinien», a-t-il conclu. Washington contre les actions unilatérales à l'ONU Enfin, la représentante des Etats-Unis au Conseil de sécurité Mme Samantha Power a félicité l'Egypte pour son aide à l'obtention d'un accord de cessez- le-feu qui a mis fin au conflit de Gaza. Elle a aussi appelé les deux parties (Israéliens et Palestiniens) à plus de retenue. «Nous continuons d'exhorter toutes les parties de s'abstenir à entreprendre des mesures unilatérales à l'Organisation des Nations unies et les Israéliens d'entreprendre des activités de colonisation, ainsi que des provocations au Mont du Temple / Haram Al-Sharif, où nous appelons toutes les parties à respecter le statu quo de ce lieu saint», a-t-elle martelé. Selon Mme Power, les Etats-Unis demeurent «pleinement engagés» à parvenir à un accord sur le statut final négocié permettant à deux Etats de vivre côte à côte dans la paix et la sécurité. «C'est la seule solution viable, et si les parties sont prêtes à aller dans cette voie — et sont véritablement consacrés au travail acharné de la paix — nous sommes prêts à les soutenir», a-t-elle souligné. Elle a ajouté : «Ensemble, nous pouvons et nous devons soutenir ceux qui prennent les mesures courageuses pour renforcer le Moyen-Orient, en ces temps extrêmement troublantes. La cause de la paix dans la région et la dignité de son peuple en dépend». Il reste à signaler que le représentant permanent tunisien auprès de l'ONU, M. Khaled Khiari a condamné, lors de son intervention, les exactions commises par Israël contre le peuple palestinien ainsi que sa politique de colonisation en Cisjordanie et les provocations dans les lieux saints à Al-Qods occupée. Il a aussi réitéré le soutien de la Tunisie à la cause palestinienne.