Une autonomie graduelle des universités à partir de janvier 2015 et création de la Conférence des présidents des universités (CPU). Réforme du système LMD lui-même par la révision des filières en nombre et en qualité Le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et des TIC, M. Tawfik Jlassi, a tenu, hier, une conférence de presse au cours de laquelle il a présenté les résultats de la concertation engagée en vue de réformer le système de l'enseignement supérieur. Il a rappelé que cette consultation a été initiée en octobre 2011 et qu'elle a connu une interruption de 9 mois, de juillet 2013 à mars 2014. Le redémarrage des travaux au sein d'une commission nationale a permis d'aboutir à de grandes orientations qui donneront vie à un plan stratégique de réforme fin décembre prochain. Parmi les grands axes de cette action, il est question de viser un système prônant l'excellence. L'approche adoptée par les commissions régionales puis la commission nationale était participative et consensuelle. Les commissions tripartites regroupaient les différents intervenants, à savoir les universités, le ministère et le syndicat. La Commission nationale de réforme, qui est l'organe de pilotage du processus, compte 26 membres (14 représentants des universités, 5 membres du ministère, 5 membres du syndicat en plus du ministre chargé de la présidence). Pour rendre le travail plus efficace, la méthodologie utilisée consistait à dresser un diagnostic de la situation actuelle. En deuxième phase, il s'agissait de proposer des recommandations sous forme de rapports de synthèse et, finalement, élaborer un plan d'action stratégique. Ce plan fixe un échéancier clair. C'est le séminaire de Monastir, organisé du 20 au 22 juillet 2014, qui a donné une vision plus globale sur les grands axes. Un grand nombre de participants a contribué aux efforts de recherche des solutions aux problèmes de l'enseignement supérieur. Les enjeux de la réforme Le ministre a affirmé que cette réforme ne sera pas parachutée comme cela se faisait avant. Elle sera le fruit d'un travail commun entrepris par tous les acteurs de la scène universitaire sans exclusion. Elle placera l'intérêt de l'étudiant au-dessus de tout. La réforme a pris en compte plusieurs enjeux. D'abord, former les étudiants pour une meilleure employabilité. Ensuite, mieux valoriser la recherche et ses résultats auprès des acteurs du monde socioéconomique. De plus, il faut assurer une meilleure gouvernance pour optimiser la gestion des ressources. Le quatrième enjeu cherche à créer un meilleur équilibre régional grâce à une réorganisation de la carte universitaire. En dernière analyse, il s'agit de mieux former les enseignants afin de garantir un meilleur encadrement des étudiants. Au sujet de la gouvernance, M. Tawfik Jlassi a noté qu'il existe une grande problématique dans la gestion des ressources au sein de l'université. Les maux dont celle-ci souffre sont la centralisation et la rigidité ainsi que le manque de réactivité et donc de compétitivité. D'où la nécessité d'une plus grande autonomie et d'une meilleure coordination. Pour y remédier, on insiste sur l'idée de l'autonomie des universités de façon graduelle à partir de janvier 2015 et la création de la Conférence des présidents des universités (CPU). Lorsqu'on jette un coup d'œil sur la carte universitaire et sa relation avec son environnement, on constate des redondances et des disparités régionales : différents établissements délivrent le même diplôme au sein de la même université. De même, les ressources sont insuffisantes. Les mesures envisagées appellent à réviser cette carte pour un meilleur ancrage régional : reconversion, délocalisation, regroupement des universités et des établissements. Sur un autre plan, il y a lieu d'encourager la mobilité des enseignants-chercheurs et du personnel administratif vers les régions de l'intérieur et de faciliter la création de structures de recherche dans les universités de l'intérieur. D'ailleurs, en matière de recherche et d'innovation c'est le manque de ces structures qui est mis à l'index. De même, on observe un manque de coordination dans la recherche et des statuts non adaptés. C'est pourquoi il faudrait favoriser la création de spin-offs et d'entreprises innovantes. Réformer le système LMD lui-même En ce qui concerne le parcours et la formation, le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et des TIC a relevé le handicap de la massification de l'université et le manque d'adaptation de la formation aux besoins du monde socioéconomique. D'où le chômage des diplômés et la baisse du niveau de l'étudiant. Il a remarqué qu'aujourd'hui, il y a au moins 240.000 diplômés chômeurs. Chaque année, a-t-il dit, l'Etat doit résorber 80.000 nouveaux diplômés, ce qui est une tâche impossible. L'idée est, donc, de réformer le système LMD lui-même (licence, master, doctorat). Cette réforme se fera par la révision des filières en nombre et en qualité. Elle se fera, aussi, par la valorisation des enseignements transverses et par l'inculcation des valeurs fondamentales (langues, TIC, culture entrepreneuriale, communication, éthique, leadership, citoyenneté...). Il y a, également, l'idée de l'allègement du temps consacré aux examens sans toucher au volume horaire des études ainsi que le renforcement de l'utilisation du numérique dans la formation. Au niveau de l'employabilité des diplômés, les mesures adoptées par le projet de réforme ont trait à la professionnalisation des formations universitaires. C'est, en premier lieu, grâce à la promotion de la coconstruction de parcours (entre entreprises et universités), par le développement des compétences transverses et, en dernier lieu, par le développement de la culture entrepreneuriale. Le volet « formation des formateurs et pédagogie » a révélé, quant à lui, une double problématique : un manque de formation des formateurs et des méthodes pédagogiques non adaptées. Aussi, faudrait-il promouvoir l'innovation pédagogique et institutionnaliser la formation. Par cette réforme tant attendue, on espère retirer des bénéfices. Selon le ministre, ils sont au nombre de quatre : une université plus performante, des enseignants plus motivés et plus performants, des étudiants mieux formés et mieux préparés au marché de l'emploi et à l'auto-entrepreneuriat et, enfin, un monde socioéconomique mieux pourvu en compétences.