Nadia Raïs a ouvert sa boîte à secrets au public venu découvrir ses anciens films et son tout nouveau, «Survival visa». Pendant le mois d'octobre, le CinéMadart ouvre son espace au cinéma d'animation. Pour le plaisir des grands et des petits, le programme propose «une sélection de films de Jacques-Rémy Girerd, des courts-métrages produits par le Studio Folimage dont il est le fondateur, des films d'animation français contemporains, un coup de projecteur sur un film restauré, des courts métrages tunisiens et arabes et une séance consacrée à la réalisatrice Nadia Raïs», comme le précise la présentation de l'événement. C'est au soir du mardi dernier, 21 octobre, que Nadia Raïs a montré ses œuvres au public. Une artiste que l'on suit depuis son premier court-métrage «L'ambouba», produit en 2009. Avant de voir ou de revoir ce film, en plus de son deuxième «L'Mrayet», sorti en 2011 et son nouveau «Survival visa», les visiteurs du CinéMadart sont passés par une exposition de peintures et de planches animées, réalisées par Nadia Raïs pour ces trois films. L'expo-projection porte le nom de «Chat à sept vies». A l'approche des élections, l'artiste nous rappelle la symbolique du 7 avec un personnage de chat barbu qui commence à occuper l'esprit d'un citoyen tunisien vivant avec sa mère, au chômage et âgé de 35 ans. Ce dernier participe à un casting pour se voir attribuer un visa de survie, document fourni en nombre limité par l'Agence nationale et arabe à la Survie... Dans ce film, comme dans «L'Mrayet», la fiction est poussée et élaborée tout en donnant écho à la réalité. C'est de là que Nadia Raïs n'arrête pas de s'inspirer, comme pour marquer son témoignage mais aussi son engagement dans l'évolution de l'histoire du pays. L'engagement dont on parle ne s'arrête pas au thème, il est développé dans le scénario et dans les choix esthétiques de Nadia Raïs. Ses films sont, en effet, des univers aux détails sonores, colorés et formels, ancrés dans une identité tunisienne : celle des petits détails de tous les jours, de la vie des simples citoyens, qui font les grandes réalités. Un point de vue en ressort également, et puis des questionnements à partager avec les spectateurs : Où va la Tunisie ? et Qu'est-ce qu'être tunisien ? Notre préféré reste «L'ambouba», qui parle de l'oubli à travers l'histoire de Ambouba, cette femme qui tente vainement de ne pas rater son rendez-vous avec Baya et Meherzia. Avant de passer à la projection, Nadia Raïs nous explique qu'exposer des planches animées est une pratique courante dans le monde de l'animation. Et d'ajouter : «Je voulais rassembler le public du cinéma et celui de la peinture dans un même événement». Grâce aux peintures, un voile s'est levé permettant aux curieux de découvrir quelques étapes de la réalisation des trois films, de capter des détails construits au fil des huitièmes de secondes auxquels correspond chaque planche. Celles-ci s'appellent comme les films ou encore «Sacrifice», «Bouche cousue», «Poli-Tique», ou même tout simplement, «Sans titre».