souligne Mohamed Ali Laroui. Fini le temps où la police se contentait de réagir aux opérations terroristes. Place maintenant à l'anticipation Pendant 28 heures, la Tunisie et la presse internationale avaient les yeux braqués sur une maison à Chebbaou dans la délégation de Oued Ellil où s'étaient retranchés deux hommes et six femmes armés, en compagnie de deux enfants en bas âge. Pendant 28 heures, la police a tenté de négocier sans succès avec le groupe terroriste. Pendant 28 heures, les forces spéciales et le ministère de l'Intérieur ont fait preuve d'une maturité à la fois opérationnelle et communicationnelle. Lors d'une conférence de presse organisée hier à Tunis, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Laroui, l'affirme : «Aujourd'hui, nous sommes plus forts». Six terroristes ont été tués dans l'opération et deux autres blessés. Les enfants, eux, ont pu être sauvés. Les enfants comme boucliers humains D'abord une maturité opérationnelle, puisque les forces spéciales, après avoir épuisé toutes les possibilités d'une issue sans pertes humaines, notamment en tentant de faire libérer les enfants et les femmes, ont finalement donné l'assaut hier dans la matinée. L'opération a semble-t-il été bien préparée et étudiée afin d'épargner la vie des deux enfants. «A 8h00 du matin, il y a eu un nouvel échange de tirs entre les terroristes et les unités spéciales, raconte Mohamed Ali Laroui. Une des femmes est même sortie avec le bébé pour tirer en direction de la police». Après un dernier avertissement à l'encontre des forcenés, l'assaut est donné. Retranchés dans la cuisine Houcem Bouali (19 ans) est grièvement blessé, alors que Aymen Mechmech est tué, tout comme les cinq femmes : Baya Berrjeb (originaire de Bizerte), Henda Saidi (étudiante), Amina Amri (épouse de Aymen Mechmech), Imen Amri et Nesrine (son identité complète n'a pas encore été révélée). La sixième femme, elle, est touchée à l'épaule. Quant aux enfants, ils sont sains et saufs. «Les terroristes ont utilisé les enfants comme des boucliers humains, notre plus grand souci était de les sauver, explique-t-il. Nous avons réussi à le faire et c'est très important». Les négociations ont été enregistrées L'efficacité des forces spéciales a été accompagnée d'une efficacité médiatique de la part du ministère de l'Intérieur, qui, dès les premières heures de l'opération, a choisi une communication transparente avec les journalistes, les informant presque instantanément du déroulement des négociations avec les terroristes. La police et l'armée prennent une longueur d'avance «Nous avons beaucoup été critiqués dans le passé pour nos méthodes. Cette fois nous avons tout enregistré», se félicite Mohammed Ali Laroui. En effet, le ministère de l'Intérieur a fait appel à une équipe de la télévision nationale pour filmer les négociations et l'action de la police sur le terrain. Fini le temps où la police se contentait de réagir aux attaques terroristes, place à l'anticipation. D'ailleurs, Mohamed Ali Laroui blâme les médias étrangers qui ont présenté l'opération de Oued Ellil comme une opération terroriste. «Il s'agit d'une opération anticipative que nous avons décidée à la suite de l'arrestation des terroristes de Kébili, pour empêcher ce groupe de nuire», a-t-il martelé, tout en avertissant que le terrorisme est d'abord «une idée portée par un certain nombre de Tunisiens, qui, à chaque instant, peuvent passer à l'action». Le porte-parole du ministère de l'Intérieur a en outre indiqué que la police a arrêté 4 individus liés à la cellule terroriste de Oued Ellil. L'anticipation est également le mot d'ordre chez les militaires qui ont procédé, selon le porte-parole du ministère de la Défense, à des tirs d'artillerie «de grande précision» dans les montagnes de l'ouest, visant à tarir les sources d'approvisionnement et de soutien logistique des terroristes. Il annonce : «Une grande opération au Kef pourrait aboutir à des résultats concrets».