Vingt-deux mille recrutements dans la fonction publique, dont la moitié pour renforcer les rangs des forces de sécurité et de l'armée «Poursuite de la politique de redressement de l'économie», tel est l'intitulé du projet du budget de l'Etat pour 2015 qui a été remis, hier, au bureau de la présidence de l'Assemblée nationale constituante à une journée de la date butoir, le 25 octobre. Le projet table sur un taux de croissance économique de 3% pour l'exercice 2015, a affirmé le ministre de l'Economie et des Finances, Hakim Ben Hammouda, tout en rappelant que la conjoncture sera marquée, principalement, par une baisse significative du cours du Brent et une hausse prévisible de la valeur du dollar. Ce projet a été élaboré sur la base d'un cours moyen du baril de pétrole de 95 dollars et un taux de change de 1,8 dinar pour un dollar. Le taux de change pourrait basculer davantage en faveur du billet vert, mais ce dérapage serait résorbé, en partie, par la marge entre le cours du pétrole hypothétique et la tendance actuelle qui le place en deçà de 86 dollars. Des changements de ces deux variables se répercutent directement sur la facture des importations de la Tunisie, et de surcroît sur les équilibres macroéconomiques, «que le gouvernement actuel est déterminé à prendre en main», a rappelé M. Ben Hammouda. Lors de sa présentation, le ministre des Finances a mis l'accent sur la molle croissance de l'économie mondiale, révisée à la baisse lors des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, de 3,3%, et surtout le faible taux de croissance économique de 0,8%, affiché par notre premier partenaire économique, l'Union européenne. La morosité des économies de l'Europe et l'attentisme des investisseurs, comportement tout à fait naturel lors d'une année électorale, ne sont pas de nature à faciliter la réalisation de l'objectif de croissance annoncé à 3%. Défendant cet objectif, le ministre a rappelé que le secteur agricole s'est redressé au cours de 2014 et les performances seront meilleures en 2015. De même, la hausse des importations des biens d'équipement témoignent une proche relance des industries manufacturières. Toutefois, la croissance des industries non manufacturières (mines et hydrocarbures) reste freinée par le régime des autorisations, selon le ministre. Maîtriser les équilibres macroéconomiques sans verser dans l'austérité Le gouvernement actuel s'est penché, en priorité et dès sa formation, sur la maîtrise des équilibres macroéconomiques, a rappelé Ben Hammouda. En effet, le déficit budgétaire affichera moins de 6% à la clôture de l'année en cours. Cette entreprise passe, avant tout, par la maîtrise de la masse des salaires qui mobilise actuellement le tiers du budget de l'Etat, soit près de 11 milliards de dinars. Pour la maîtrise de cette masse, le projet de LF prévoit une baisse du recrutement dans la fonction publique à environ 22 mille nouveaux recrutements, dont la moitié pour renforcer les rangs des forces de sécurité et de l'armée, ainsi que pour combler les départs à la retraite. Pour ce qui est des dépenses de subvention, la rationalisation des frais de fonctionnement permet d'économiser environ deux milliards de dinars, a-t-il estimé. De l'autre côté, les recettes fiscales ont grimpé de telle sorte qu'elles couvrent 75% des dépenses budgétaires de 2015, et hisser ainsi vers la norme de 85%, a ajouté le ministre. La hausse des recettes et la baisse des dépenses permettent, logiquement, de limiter le taux d'endettement qui se situe à moins de 53%, a précisé M. Ben Hammouda, qualifiant cette performance de «véritable gageure». D'ailleurs, les investisseurs étrangers, notamment sur les marchés financiers, américain et japonais, ont afflué sur les obligations tunisiennes, qui ont été assorties de garanties des Etats-Unis et du Japon, respectivement. Sans ces garanties, la Tunisie aurait eu beaucoup de mal à lever des fonds sur ces marchés. «Dans les délais», s'est félicité le ministre chargé de la Coordination et des Affaires économique, M. Nidhal Ouerfelli, indiquant que les ministères, les institutions et l'administration ont redoublé d'effort pour élaborer ce document, parallèlement à l'organisation des élections et malgré les défis sécuritaires. Ce projet de LF sera discuté par le prochain Parlement et c'est au prochain gouvernement de le défendre.