Les électeurs ont l'occasion d'exprimer leur rejet des fausses promesses, de l'argent politique, du discours démagogique ou populiste et des partis politiques qui les ont oubliés au lendemain des élections de 2011 et qui leur font de nouveau les yeux doux Aujourd'hui, les Tunisiens ont rendez-vous avec l'histoire. L'avenir politique, économique, social et culturel de la Tunisie post-révolution se décidera aujourd'hui au regard des enjeux cruciaux liés à ces premières élections législatives pluralistes, libres et démocratiques. C'est l'épilogue d'une longue période de transition démocratique qui a évité plus d'une fois de virer au chaos, voire à la guerre civile. Considérant la conjoncture sécuritaire, économique et sociale difficile, les Tunisiens sont en droit de croire à leur bonne étoile, à leur bon sens aussi, et à leur chance historique de se retrouver aujourd'hui face aux urnes pour choisir le modèle de société et de développement qui réponde à leurs attentes et à leurs ambitions. Plus de 5,2 millions d'électeurs attendus dans 10.954 bureaux de vote Pour ces élections législatives, un peu plus de 5,2 millions d'électeurs sont attendus dans les 10.954 bureaux de vote, répartis sur 27 circonscriptions locales et 6 à l'étranger, pour élire leurs députés à la prochaine Assemblée des représentants du peuple à partir de 1.327 listes en lice. Une vague de polémiques, plus violentes les unes que les autres, a soufflé sur la période de campagne électorale des législatives (4 – 24 octobre) fortement chahutée par les extravagances et les aberrations qui ont marqué l'opération de dépôt des candidatures à l'élection présidentielle. Aujourd'hui encore, la polémique gronde dénonçant des irrégularités et des anomalies dans l'étape d'inscription des électeurs, dans l'affectation des membres des bureaux de vote, dont un certain nombre est soupçonné d'être partisan, et dans la non-fonctionnalité de certains bureaux, notamment à l'étranger. Les élections législatives ont démarré vendredi dernier à l'étranger, dans 45 pays arabes, d'Europe, des Etats-Unis d'Amérique et du reste du monde, et se poursuivent aujourd'hui 26 octobre, jour d'élections nationales en Tunisie. Les premières informations qui ont circulé dès hier font état d'un faible taux de participation à l'étranger où le nombre des électeurs inscrits est de 359.530, dont plus de 50% résident en France. Les listes candidates en course pour les 18 sièges dans le prochain parlement atteint 97 et le nombre de bureaux de vote 386. A l'étranger, des électeurs empêchés de voter Le faible taux de participation n'est, malheureusement, pas la seule mauvaise nouvelle. Des électeurs en colère et des observateurs désabusés racontent des péripéties regrettables : l'absence de noms d'électeurs sur les listes électorales, la transcription erronée de certains patronymes, le transfert inattendu de bureaux de vote etc. Des imprévus malencontreux que des Tunisiens résidant à l'étranger ont interprété comme des tentatives de découragement au vote, de sabotage des élections. En réponse à ces plaintes et aux différentes critiques adressées à l'Isie, Chafik Sarsar a donné des explications au cours d'une conférence de presse tenue vendredi, premier jour de vote à l'étranger. Parmi ces explications : certains électeurs n'avaient pas présenté la même pièce d'identité (CIN ou passeport) que celle utilisée pour l'enregistrement. D'autres n'avaient pas procédé à l'inscription volontaire sur les listes électorale. Quant à la question des bureaux de vote fermés, le président de l'Isie ne semblait pas en être informé puisqu'il a demandé des précisions afin que l'Instance puisse effectuer des vérifications à ce sujet. Voter pour s'exprimer, sanctionner ou choisir Malgré tout, les élections législatives ont pu être organisées à temps et bien que l'on soupçonne un taux d'abstention non négligeable, à cause des indécis et des mécontents, l'espoir est permis de voir les Tunisiens — nouveaux inscrite par rapport à 2011 — former de longues files devant les bureaux de vote, comme en 2011, pour voter et dire leur dernier mot. Si ce n'est pas pour soutenir l'une ou l'autre des listes candidates, les électeurs ont l'occasion d'exprimer aussi leur rejet des fausses promesses, de l'argent politique, du discours démagogique ou populiste et des partis politiques qui les ont oubliés au lendemain des élections de 2011 et qui leur font de nouveau les yeux doux. Jusqu'à 18 heures ce soir, les Tunisiens ont la chance de choisir librement leurs gouvernants pour les cinq prochaines années.