Fin des sit-in et d'une grève de sept jours au sein de l'administration régionale La région de Kairouan vient d'être secouée par une grève du personnel du gouvernorat qui a duré pas moins d'une semaine. Ce n'est que jeudi dernier que les bureaux du gouvernorat ont ouvert leurs portes au public. Ce qui semble fort curieux dans cette grève, c'est qu'aucune partie syndicale ne s'est ouvertement déclarée derrière le mouvement. Et qu'aucun officiel n'a désigné cette partie. Depuis le début de la grève, presque toutes les parties prenantes ont cherché à s'esquiver devant tout ce qui a pour nom organe de presse. Elles sont demeurées dans l'expectative... Conflit intersyndical Le gouverneur de la région, M. Mohsen Mansouri, a été avare en commentaires. Dans sa déclaration faite à La Presse, il impute la responsabilité de la grève au personnel du gouvernorat. Il a qualifié le mouvement de spontané et non dirigé. Contactés à leur tour, certains fonctionnaires du gouvernorat ne semblaient pas du même avis. Ils nous ont confié que la grève était plutôt cautionnée par le syndicat de base, en contradiction avec la position du bureau syndical régional. Les misères, au nom des principes ! Et c'est, semble-t-il, à cause de cette divergence, cette dualité et ce conflit d'autorité intersyndial que tout le monde ou presque aurait tenu sa langue et choisi de gérer ou vivre la grève en dehors du réseau, bouche cousue et portable fermé ! Pour sa part, M. Hassen El Aouni qui vient de faire ses valises pour réintégrer le ministère de l'Intérieur en qualité de conseiller des services publics, sans fonction, nous explique qu'il avait été victime d'une machination et d'une certaine étiquette qu'on lui a collée à tort à cause de sa détermination à défendre ses prérogatives et l'indépendance de la décision administrative. «Pour les hauts principes, ajoute-t-il, je suis prêt à me laisser jeter sur le pavé et aller vendre les sachets en plastique dans les marchés ! Quoi qu'il en soit, je suis fier d'avoir su satisfaire ma conscience et laisser les meilleures impressions. Pendant six mois, j'ai exercé ma fonction avec dévouement». La face cachée de l'iceberg Maintenant, pourquoi la grève ? Eh bien à cause du limogeage du secrétaire général du gouvernorat, un éminent énarque semblant faire bonne presse et apprécié par presque tout le monde dans la région pour ses qualités professionnelles et morales (représentants de la société civile, des organisations nationales, députés multicolores de la région...). Motif inavoué ? L'homme aurait une couleur politique, faisant fausse note dans un monde supposé et voulu incolore et inodore. Autre motif sous-jacent : le profond désaccord traînant depuis un certain temps entre l'ex-secrétaire général du gouvernorat, M. Hassen El Aouni, et le secrétaire général du bureau régional de l'Ugtt, M. Slah Selmi. Celui-ci étant accusé à tort ou à raison d'immixtion et d'ingérence dans les dossiers centralisés par l'ex-maître des services administratifs du gouvernorat de Kairouan. Le désaccord aurait d'ailleurs fini par conduire à une violente altercation entre les deux personnes dans le bureau du gouverneur. M. Selmi nous dit qu'il n'en est rien des allégations avancées par le responsable évincé. Et que le limogeage était une mesure ministérielle où l'Ugtt n'avait rien à voir ni de près, ni de loin. Le même interlocuteur nous précise que le mouvement de grève a été mené par le personnel du gouvernorat de manière unilatérale. Aux dernières nouvelles, même le sit-in vient d'être annulé par le personnel concerné. Après avoir été rassuré qu'aucune retenue sur salaires ne leur serait imposée, au titre des sept jours de grève irrégulière observée. Une menace initialement brandie au summum de l'orage et de la tension. C'est donc bien le cas de dire : «Tout est bien qui finit bien».