La mission d'observation électorale de l'Union européenne a jugé «crédibles et transparentes» les élections législatives en Tunisie dans la quasi-totalité des 559 bureaux de vote observés. Une observation qui se poursuivra jusqu'au parachèvement du processus électoral La journée électorale du dimanche s'est déroulée dans une ambiance sereine et de manière ordonnée avec un taux de participation de plus de 60%, ainsi qu'une présence massive aux bureaux de vote des représentants des listes candidates et des observateurs », a déclaré, hier, à la presse la chef de la mission d'observation électorale de l'Union européenne (MOE UE), Annemie Neyts-Uyttebroeck. «Le peuple tunisien a renforcé son engagement démocratique grâce à des élections crédibles et transparentes qui ont permis aux Tunisiens de toutes sensibilités politiques de voter librement pour une assemblée législative, conformément à sa première constitution démocratique», a déclaré Mme Annemie Neyts-Uyttebroeck, qui, deux jours après le scrutin, a présenté la déclaration préliminaire contenant les principales conclusions de la mission. Des conclusions qui s'avèrent très honorables pour la Tunisie qui "a réussi, haut la main, cette première étape de sa transition démocratique". Le rapport préliminaire de la MOE fait état, par ailleurs, d'une appréciation du cadre juridique électoral dont s'est dotée la Tunisie. Un cadre qui offre une base satisfaisante, souligne le rapport, pour la tenue d'élections démocratiques conformes aux normes et aux bonnes pratiques internationales. «La constitution de janvier 2014 a apporté d'importantes avancées démocratiques. Quant à la loi électorale, inspirée par un souci d'équilibre entre les acteurs politiques, elle a mis en place une réglementation exhaustive et innovante en matière de financement et de couverture médiatique de la campagne», a précisé Annemie Neyts-Uyttebroeck. Infractions mineures En effet, concernant les médias, le rapport fait état d'une couverture pluraliste et équitable. Dans les programmes d'information de l'échantillon médias audiovisuels observés, aucun parti n'a reçu en moyenne plus de 7% de la couverture totale, et cela dans un ton généralement neutre », a-t-elle ajouté. En ce qui concerne l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie), la MOE estime qu'elle a engagé des démarches pour répondre aux appréhensions des partis politiques, notamment en ce qui concerne le système de consolidation des résultats, le remplacement de membres de bureaux de vote et l'émission des accréditations des représentants des listes. Une flexibilité, précise la chef de la MOE, qui parfois a provoqué des retards et des défis logistiques. Mais, l'Isie a néanmoins pu s'y adapter pour permettre un déroulement ordonné et inclusif du processus ». Toujours en ce qui concerne la campagne d'inscription de l'Isie, prolongée de plusieurs semaines, elle a permis d'augmenter le nombre des électeurs de presque un million par rapport à 2011. En outre, l'intégrité du suffrage a été renforcée par l'élimination des bureaux spéciaux où avaient pu voter des électeurs non inscrits, il y a trois ans. « La constitution et la loi électorale garantissent le droit de se porter candidat à l'assemblée et n'imposent pas de cas d'exclusion ni d'incompatibilité discriminatoire ou déraisonnable. Plus de 1.500 listes ont été déposées auprès des instances régionales, et 1.326 ont été finalement retenues », a encore déclaré Annemie Neyts-Uyttebroeck. Et d'ajouter, la campagne électorale s'est déroulée globalement dans le calme. Les listes ont pu présenter librement leurs programmes et ont généralement respecté les normes de la campagne qui se sont avérées très complexes. Certains partis disposant d'une structure administrative peu développée ont eu du mal à s'acquitter des formalités administratives liées aux activités de la campagne. La grande majorité des infractions relevées par les contrôleurs des Instances régionales indépendantes ont été d'importance mineure ». D'un autre côté, le rapport préliminaire de la MOE n'a pas occulté le rôle de la société civile saluée pour son dynamisme et son engagement civique. En effet, plus de 14 mille observateurs de 14 missions nationales ont été accrédités. Ils étaient présents dans 66% des bureaux de vote dans lesquels la MOE de l'UE a observé. Cela dit, et au-delà de tous les points positifs relevés par la MOE de l'UE, concernant les élections législatives en Tunisie, qui marqueront la réussite de la transition démocratique, un hic a été constaté en ce qui concerne la présence des femmes. Comme en 2011, la loi électorale exige la parité et l'alternance entre hommes et femmes dans les listes des candidats. Néanmoins, concrètement, la présence des femmes était très timide. Seules 148 femmes étaient têtes de liste sur les 1.326 listes retenues, soit 12%. Certes, c'est une avancée par rapport à 2011 (7%), mais elle demeure timide. Et il en est de même en ce qui concerne la médiatisation des femmes candidates qui demeure faible, notamment dans les médias audiovisuels publics. La mission des observateurs de l'Union européenne a ainsi présenté, hier, son premier rapport préliminaire sur le processus électoral en Tunisie. Mais, la mission ne s'achève pas pour autant. En effet, dans les deux mois qui suivront l'annonce des résultats définitifs (législatifs et présidentiels), la chef de la mission reviendra en Tunisie pour remettre aux autorités et à d'autres acteurs nationaux un rapport final plus détaillé incluant, le cas échéant, des recommandations concrètes en vue de l'amélioration des processus électoraux à venir. Rappelant que les législatives du 26 octobre en Tunisie et la présidentielle prévue en deux tours (novembre et décembre 2014) sont cruciales pour doter le pays berceau du Printemps arabe d'institutions pérennes, près de quatre ans après la révolution de janvier 2011.