RAMALLAH, Cisjordanie (AP) — Le Président palestinien Mahmoud Abbas a estimé samedi soir «futile et inutile» d'entamer des discussions directes avec Israël en l'état actuel de la situation. Les Etats-Unis font monter la pression sur Ramallah pour la reprise d'ici septembre des discussions directes interrompues en 2008, du temps du prédécesseur du Premier ministre israélien actuel Benjamin Netanyahu. Mahmoud Abbas a affirmé à maintes reprises qu'il ne comptait pas revenir à la table des négociations tant que Netanyahu ne s'est pas engagé au gel total de la colonisation en Cisjordanie et à Al-Qods-Est, et à accepter de reprendre les pourparlers là où ils se sont arrêtés. Netanyahu n'a répondu positivement à aucune de ces exigences, et s'il a réduit les activités de colonisation, une réduction qui fait l'objet d'un moratoire, il ne les a pas gelées, bien que cela soit exigé par la communauté internationale via le Quartette pour la paix au Proche-Orient. En visite aux Etats-Unis cette semaine, le chef du gouvernement israélien a réaffirmé être prêt à discuter directement avec Abbas. S'ils y parviennent, Netanyahu pense qu'un accord de paix peut être conclu d'ici un an. Jugeant qu'il était temps de cesser de mettre des conditions à des pourparlers directs, il a plaidé à New York pour que les discussions commencent «maintenant, la semaine prochaine, dans deux semaines». «Nous sommes prêts à faire des concessions radicales aujourd'hui, et le meilleur moyen de les tester, c'est de commencer les négociations», a-t-il ajouté. Après avoir rencontré Netanyahu à Washington mardi, le Président américain Barack Obama a quant à lui téléphoné à Abbas, pour parler avec lui des moyens de relancer des discussions face à face. «Nous avons présenté notre manière de voir les choses et dit que s'il y avait des progrès de faits, nous avancerions vers des discussions directes, mais que s'il n'y a pas de progrès, cela sera futile», a expliqué Abbas dans un discours samedi soir. En l'absence de discussions directes, l'émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell effectue des navettes entre les parties, qui se sont intensifiées ces dernières semaines. «S'ils (les Israéliens) disent 'venez, commençons des négociations à zéro', c'est futile et c'est inutile», a ajouté Abbas. Son conseiller Yasser Abd Rabbo a quant à lui rappelé hier sur les ondes de la radio palestinienne que les Palestiniens ne reviendraient pas à la table sans calendrier et sans cadre. «Il doit y avoir un calendrier, un cadre pour ces négociations», a-t-il dit. «Nous n'entrerons pas dans de nouvelles négociations qui pourraient prendre plus de dix ans». Les Palestiniens estiment qu'après 17 ans de discussions par à-coups avec les Israéliens, il est impossible de repartir à zéro, particulièrement avec un chef de gouvernement israélien très marqué à droite qui a reculé par rapport aux positions prises par ces prédécesseurs.