Pas de négociations avec Nida Tounès pour le poste de président du gouvernement Mustapha Kamel Nabli est revenu, hier, lors d'une rencontre avec les médias, sur les raisons de son retrait de la présidentielle. Au banc des accusés : la violence politique et l'argent sale. Deux éléments qui, à son sens, ont envenimé la campagne et risquent fortement de «tuer» toute possibilité de choix «rationnel» du prochain président par les Tunisiens. « Par l'annonce de mon retrait, souligne Mustapha Kamel Nabli, je voudrais attirer l'attention de toutes les parties concernées, sur la gravité de la situation, les dérives enregistrées et surtout leur impact sur le déroulement de la campagne et les décisions des électeurs. Ces derniers se trouvent, désormais, dans des conditions pas très propices à des choix électoraux «rationnels», basés sur ce qui est meilleur pour la Tunisie et son avenir. Dans un contexte où règnent la violence politique et l'argent sale, les motivations du vote seront plutôt influencées la crainte, la peur et l'argent sale ». Sans pour autant remettre en cause la crédibilité du processus électoral, et en réitérant son appel aux Tunisiens à voter massivement dimanche prochain, l'ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie a jeté l'éponge non pas par manque de courage de faire face à la violence politique et à «l'ampleur» de l'argent sale, comme il le souligne. Par son retrait, Mustapha Kamel Nabli lance un cri d'alarme contre les dépassements graves observés pendant la campagne, afin que chacun assume ses responsabilités. Son message était on ne peut plus clair : d'abord, il est impératif de contrer ce genre de comportements, en se référant à la loi électorale. Et à ce titre, Nabli dénonce clairement le laxisme de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) et de la justice face aux discours violents et à l'apologie de la violence, utilisés par certains candidats ou leurs supporters pendant la campagne. «Nous avons observé, au cours de la campagne électorale, une violence verbale, des incitations à la haine et à la violence et de la violence matérielle, notamment celle à laquelle notre campagne a été exposée. Face à ces dépassements, nous n'avons enregistré aucune réaction ni de la part de l'Isie, ni encore moins de la justice», a indiqué Nabli. Et d'ajouter que «l'apologie de la violence va crescendo et risque d'avoir des conséquences désastreuses sur les élections, notamment sur les électeurs qui se retrouvent dans un climat de craintes et de peur. Et par conséquent, toute possibilité de voter de manière rationnelle pour choisir le futur président n'existe plus». Autre message lancé par Nabli, contrer l'argent sale qui envenimé la campagne. L'argent sale a perturbé la campagne et envenimé le climat de la campagne, éliminant le vote rationnel du choix électoral. Un rationalisme sur lequel j'ai fondé toute ma candidature». Sachant que dans les démocraties naissantes, comme la nôtre, les grands risques qui la guettent sont principalement la violence politique et l'argent sale. Deux risques auxquels il faudrait faire face par les instances compétentes, en l'occurrence l'Isie et la justice mais aussi les médias », a ajouté Nabli. Une décision personnelle et réfléchie Interrogé sur les candidats ayant recours à la violence politique, Nabli a pointé du doigt les pratiques de Mohamed Moncef Marzouki, pendant la campagne électorale, qui, à travers ses meetings et ses discours n'a cessé d'utiliser des discours de division et une violence verbale explicite. Sans compter qu'il est soutenu par des groupes interdits d'exercer par la loi. L'ancien gouverneur de la BCT a d'un autre côté été clair et net dans la dénonciation de la violence et de l'utilisation de l'argent sale dans la campagne. «Tous ceux qui soutiennent ce genre de candidats veulent un retour à la case départ (2012/2013), où régnaient la violence et, les assassinats politiques », a-t-il expliqué. Ceci dit, Mustpha Kamel Nabli a clairement déclaré que sa décision de se retirer de la course est une décision personnelle et qu'il ne s'est pas retiré en faveur d'un quelconqe candidat. Il a par ailleurs démenti toute négociation avec Nida Tounès pour le poste du président du gouvernement. Mustapha Kamel Nabli a d'un autre côté réitéré son appel aux Tunisiens pour voter en faveur du candidat qui soit apte à les rassembler et non pas à les diviser. Un président capable de restituer la confiance des Tunisiens dans leur pays, et de la communauté internationale dans la Tunisie. Un président à même de mobiliser les capacités nécessaires, matérielles et humaines, pour que la Tunisie sorte la tête de l'eau, dépasse sa crise économique et puisse mener la bataille contre le terrorisme. Mustapha Kamel Nabli n'a pas clairement affiché son soutien pour tel ou tel candidat. Néanmoins, on pourrait entrevoir en filigrane un appel subtil à voter Béji Caïd Essebsi. L'ancien gouverneur de la BCT a pris la décision de se retirer parce qu'il considère que le climat de la campagne n'est pas propice. Mais, aurait-il un avenir politique ? Le verra-t-on lors des prochaines élections ? Nabli ne s'est pas exprimé sur cette question. Mais l'avenir nous le dira.