Les chiffres sont flatteurs, mais serait-ce suffisant pour jouer les premiers rôles à la CAN? En une année, pratiquement, l'équipe de Tunisie est passée de l'extrême à l'extrême : d'une équipe complètement K.-O. et anéantie avec la débâcle face au Cameroun et la sortie par la plus petite porte des éliminatoires du Mondial, à une autre beaucoup plus heureuse, plus rassurante et plus efficace, avec une qualification méritée pour la CAN. On partira de ce point bien précis pour commenter la fin du parcours de la sélection. Critiquée, attaquée à tort et à raison, défendue et protégée aveuglément par Leekens et son entourage, l'équipe de Tunisie vit au gré des bras de fer entre la FTF et ses adversaires. Au gré aussi des impressions hâtives, voire infondées. Et ceci n'aide pas à bien analyser les choses. La métamorphose Leekens a réussi, en quelques mois, à déclencher une dynamique, une métamorphose, du moins au niveau des performances. On part d'un constat simple. Avec Maâloul, la sélection a touché le fond, avec Krol elle s'est effondrée au match retour face au Cameroun. C'était le point de départ pour Georges Leekens. Il a tout recommencé à zéro avec les mêmes joueurs pratiquement. Cette métamorphose se voit clairement à travers les chiffres : 14 points, 4 victoires, deux nuls, zéro défaite et surtout deux buts encaissés. Pouvait-on demander plus à une génération de joueurs techniquement moyenne et qui a cumulé les contre-performances l'une après l'autre? Franchement, on ne le pense pas du tout. Une chose est sûre : cette génération limitée malheureusement ne pouvait pas donner plus que ce qu'elle a montré jusque-là. Deux atouts l'ont aidée à obtenir une performance pareille : la bonne tenue défensive, même si l'on a été sauvé par la chance à maintes reprises et l'aptitude mentale à tuer le match dans les moments fatals (le 2e but contre le Botswana à Monastir, le but de Sassi, contre le Sénégal, le retour en force contre l'Egypte). Pour être réaliste, et même si la sélection n'a pas été charmante, elle a été efficace et solide dans sa tête. Ce qu'on n'a pas retrouvé depuis 2004. Les défauts... Leekens en fait trop en s'attaquant à tous ceux qui ont critiqué la façon de jouer de sa sélection. C'est vrai que le résultat est là, c'est vrai aussi que le Belge n'a pas bâti des châteaux en Espagne lors de son arrivée, mais il y a toujours des reproches à faire. Il n'y a pas un football parfait, ni d'ailleurs une sélection qui n'a pas de défauts. On reprochera à l'équipe de Tunisie trois points essentiels : les limites techniques dans la construction du jeu (surtout face à des équipes ayant un bon capital technique), une attaque et des attaquants en veille (aucun attaquant de pointe, de Jemaâ à Chermiti, n'a réussi à convaincre), des moments de fléchissement inexplicables qui auraient pu nous coûter cher. Cette équipe joue avec envie, c'est sûr, mais elle ne charme pas, elle attend trop ses adversaires avec des joueurscadres qui ont le poids des années dans les jambes. Avons-nous les moyens aujourd'hui de clamer haut nos ambitions pour gagner le titre de la CAN ou au moins jouer les premiers rôles? C'est la question déterminante à laquelle on devra répondre. Et, pour y répondre, il faudra faire parler les chiffres, faire parler le potentiel de chaque joueur. Et ce qui gêne dans tout cela, c'est qu'on ne pense pas qu'il y aura de nouvelles cartes à la CAN. La sélection sera ce qu'elle est aujourd'hui. On connaît les joueurs, on sait où ils évoluent en Tunisie et à l'étranger, et ça rend plus difficile le fait de postuler à un titre continental. Concevoir une stratégie défensive et un jeu intelligent basé sur des enchaînements rapides et sur les balles arrêtées? Peut-être que ce sera la bonne recette.