Le football prend toute la place. Ou presque. C'est pour mieux cacher les déboires des jeux individuels Il n'y en a que pour le football. Pourtant, Dieu seul sait combien le nôtre se porte mal. Derrière la façade, sous le strass, le sport le plus populaire du pays est hors-la-loi, criblé de dettes, miné par les polémiques et soumis encore aux pratiques d'un passé qui n'en finit pas de... finir. Mais qu'il aille bien ou mal, le football arrange bien des parties qui aiment se cacher derrière le sport numéro un pour mieux cacher leurs défaites et leur faillite. «Nostra culpa» également à nous journalistes. Il y a une vingtaine d'années, ils étaient des dizaines nos collègues qui étaient experts d'athlétisme (toutes spécialités confondues), de boxe, de gymnastique, de cyclisme, tennis, judo, etc. Aujourd'hui, plus personne. Et pour cause : la quasi-totalité de nos sports individuels sont à l'âge de pierre. Réduits dans cet état par des «irresponsables» qui ont envahi le domaine sportif pour des raisons et des ambitions politiques, sociales, économiques et autres. Irresponsables qui, quatre ans après le déclenchement de la révolution, continuent à occuper le terrain. Avec les résultats qu'on sait. A nous journalistes, on continue à poser la même question: pourquoi vous ne parlez pas des sports individuels ? La réponse est toute simple: c'est parce que les responsables de toutes ces fédérations se cachent, ne communiquent pas sur leurs spécialités, travaillent (enfin, feignent de le faire) en vase clos, ne présentent pas de programmes, d'objectifs et n'ont aucun bon résultat à annoncer aux journalistes et à l'opinion publique. Ces responsables, on ne les entend ni les voit que quand il y a une campagne électorale. Jamais après. Pourtant, on a parlé de mandats à objectifs. Qui pour leur demander des comptes entre-temps? Personne, et c'est parti pour une nouvelle campagne électorale et pour un nouveau mandat. Notre jeunesse s'identifiait à Gammoudi, elle s'identifie, désormais, à Mellouli, mais c'est trop peu pour un pays qui ne manque pas de talents, mais est terriblement en quête de responsables capables de les accompagner et d'en faire des champions. Les moyens? Voilà l'alibi derrière lequel se cachent ceux qui essaient de justifier leurs déboires, alors que le comité olympique tunisien n'a jamais été aussi riche et qu'il distribue «son» argent au compte-gouttes comme si cet argent lui appartenait. L'Etat? Il a longtemps dépensé en pure perte et répugne, depuis quelques années, à mettre le paquet sur les sports individuels. Et pour cause : les résultats ne sont jamais là. Les responsables de ces fédérations, on ne les voit que dans les manifestations mineures (championnats arabes et autres) où ils essaient de nous bluffer avec des victoires et des performances improbables. Un pays sans champions, c'est un pays sans rêves et sans locomotives. Allez savoir après pourquoi nos jeunes se perdent en chemin ou vont chercher ailleurs leurs héros et leurs idéaux. Le tribunal de l'Histoire n'est pas que politique, humanitaire ou économique. Il est et doit aussi être sportif !