La police de la ville engage une opération coup de poing et remet de l'ordre dans tous les coins Le marché communal de Ras Jebel a vécu des incidents inoubliables, cette semaine. Devant une foule immense secouée, scandalisée et terrifiée par un spectacle inhabituel pour une société conservatrice, si jalouse et si fière de sa tranquillité coutumière et de son calme olympien séculaire... Le hasard, si bon pour le journaliste (comme témoin idéal) et, si mauvais pour les cœurs sensibles et tous ceux qui ont la larme à l'œil, a voulu que nous fûmes bien là, lorsque l'événement éclata. Nous étions donc parmi ceux qui traînaient alors cahin-caha leurs lourdes carcasses et leurs couffins devenus légers, pour les justes raisons qu'on sait, les poches vidées et retournées et le moral sapé, par une sale mercuriale salée, à couper les bras et les pieds... Maintenant vite les faits. Après avoir peut-être allumé toute curiosité. Bonjour l'échauffourée ! Il faisait entre chien et loup (au crépuscule), lorsque les premières étincelles jaillirent entre quatre «sacrés morceaux» légendaires, connus par leurs démêlés spectaculaires, et leur tendance au rififi et à la violence. Le quatuor, nous dit-on, étant souvent enhardi par Bacchus, le seul Dieu dont il est follement épris. Les hurlements et les cris à tue-tête ameutent tout le beau monde de céans. Gens du dehors et gens de dedans font, du coup, boule de neige autour du théâtre du grand manège, faisant alors rage. Au niveau de la porte centrale du marché, une petite cylindrée et une camionnette chargée de marchandises sont immobilisées et «clouées» l'une en face de l'autre, bloquant totalement tout passage. La voiture, phares allumés, étant orientée vers la sortie. La camionnette, feux de détresse déclenchés, étant dirigée vers l'entrée. Adviendra que pourra! Ne reconnaissant ni Dieu ni diable, les beaux diables des deux bords, ayant le diable au corps, disputant âprement la priorité de passage. Et malgré les bons offices des bonnes âmes alors présentes, les belligérants, habités du démon de l'entêtement, tiennent bon. Pas question de reculer d'un pouce. Adviendra que pourra! Pour les uns et les autres s'exposer à mille morts, plutôt que jeter du lest et céder! La véhémente prise de bec dégénère aussitôt en rude combat de coqs. A forces inégales. Lorsque trois garnements costauds et écervelés sont opposés à un adversaire esseulé, le résultat est facile à deviner. En un clin d'œil, le tour est joué et le pire est arrivé. La «bagnole» est saccagée, le pare-brise avant brisé et feuilleté. Tel un bœuf égorgé ! Et le chauffeur «récalcitrant» est projeté sur le pavé. L'émotion était à son comble lorsqu'on a eu à constater que la victime était dans les vapes, allongée sur l'asphalte de tout son long, plongée dans le sommeil, cru éternel ! Le cœur saignant à tous, en voyant l'individu terrassé, saigner comme un bœuf égorgé ! Bref, le blessé était visiblement dans un état désespéré, à ramasser à la petite cuillère. La panique était générale. On criait... On se lamentait. Et on ne savait quoi faire pour sauver la vie au bonhomme exsangue infortuné. Le conduire à l'urgence plus vite que le vent, au risque de compliquer l'état du souffrant en le déplaçant maladroitement? Attendre le Samu, qui tarde à pointer à l'horizon ? Les minutes et les secondes étaient longues. Et chacun de nous était pendu à son portable harcelant n'importe quel correspondant, à même d'activer le secours et prendre de vitesse la mort imminente de l'homme en détresse. Enfin la délivrance ! Enfin, voilà que le hurlement de la sirène annonce de loin l'imminence du secours et de la délivrance. L'on se bouscule... L'on se piétine... L'on se bat... pour dégager la voie aux ambulanciers et les laisser percer la foule compacte, dans le désarroi... Le blessé est vite hospitalisé. Et les trois aventuriers tout de suite arrêtés. Tandis que la foule se dispersait, la police s'est mise à se déployer sans compter, engageant une opération coup de poing de quartier en quartier... pour nettoyer la ville de ceux qui la dérangeaient. Cinq garnements, portés recherchés, ont été arrêtés pour délits de violence et vente clandestine de boissons alcoolisées. Deux autres éléments ont été, «kifkif», interceptés à cause du sacré «kif». Le lendemain, toute la population de la ville avait plein la bouche des «prouesses» du trio si farouche. Le soulagement était général, lorsqu'on avait su le grand miracle. L'agonisant de mercredi avait ouvert les yeux le jeudi. Disant à tous : «Bonjour! Je suis encore en vie!». Quel bonheur de voir la bonté divine (droit d'auteur garanti) vaincre la méchanceté humaine Manger... manger... Les premiers éléments d'informations s'accordent à révéler que le sanglant incident avait comme toile de fond une rivalité professionnelle trouble entre les trublions, manœuvrant au marché de céans. Au final, radio trottoir dit que rien ne serait rassurant au temple de la patate et des oignons, où rien ne tournerait rond. Là, le trafic serait à son top niveau et continuerait à frapper. Ceci à travers la valse effrénée des factures d'achat frappées. Laissons le loisir au «bon» dieu du commerce Mercure, de rendre à tous la vie dure! Nos sources nous confient aussi que la sacrée «source du manger» souffrirait fort du verbe manger, couramment conjugué. Dans tous les temps et de tout temps. A l'indicatif à la fois passé et présent. Ainsi donc, pour freiner l'élan et le galop du cheval de Mercure, il faudrait vite enquêter pour connaître la «vraie vérité» et délimiter les responsabilités.