Michael Brown, adolescent noir de 18 ans non armé, a été tué par l'agent de police Darren Wilson en plein jour dans une rue de Ferguson le 9 août dernier, d'au moins six balles. Le corps du jeune homme avait été laissé à la vue des passants pendant plusieurs heures, en plein soleil, ajoutant à la colère des manifestants qui y ont vu un signe de plus du mépris des forces de l'ordre pour la population noire. Après trois mois de délibérations, le procureur du comté de Saint-Louis (Missouri) a annoncé que le policier ne serait pas inculpé, comme l'espérait la communauté noire. «Il n'y a pas de doute que l›agent Wilson a causé la mort» de Michael Brown, 18 ans, a déclaré le procureur, parlant de «décès tragique». Mais les douze jurés, neuf Blancs et trois Noirs, ont mené une instruction «complète et profonde», entendu une soixantaine de témoins 70 heures durant, examiné des centaines de photos et d'éléments à charge et écouté trois médecins légistes. Parallèlement, l'enquête fédérale se poursuit, «elle est indépendante de l'enquête locale depuis le début et le restera», a déclaré le ministre de la Justice Eric Holder, prévenant que les autorités fédérales se garderaient de tirer des «conclusions hâtives». La famille du jeune Noir s'est dite «profondément déçue que le tueur de notre enfant ne soit pas confronté aux conséquences de ses actions». Aussitôt après la décision et devant les nombreuses caméras de télévision, la foule en majorité noire a commencé à jeter des pierres, à briser des bouteilles et à secouer une voiture de police, face à des dizaines de policiers. Ailleurs aux Etats-Unis, à New York, Washington, Boston, Los Angeles ou Seattle, des milliers de manifestants ont protesté contre, selon eux, ce déni de justice. Le risque était grand tant la mort du jeune homme avait réveillé le spectre du racisme aux Etats unis et éclairé de manière très crue les relations très tendues dans cette ville de Ferguson à majorité noire, où policiers et édiles sont quasiment tous blancs.