Le peuple tunisien a renouvelé son attachement aux valeurs de la démocratie, lors de l'élection présidentielle du 23 novembre. Une élection qualifiée, hier, de «transparente et crédible», tout comme les législatives, par la chef de la Mission d'observation électorale de l'Union européenne (MOE-UE) en Tunisie, Mme Neyts-Uyttebroeck, lors d'une rencontre de presse La chef de la Mission d'observation électorale de l'Union européenne (MOE-UE) en Tunisie a présenté, hier, en compagnie du président de la délégation d'observation électorale du Parlement européen, M. Michael Gahler, les conclusions préliminaires de l'observation de l'élection présidentielle du 23 novembre 2014. L'Union européenne a mobilisé quelque 93 observateurs relevant du vieux continent, ainsi que de la Suisse et de la Norvège, pour analyser l'ensemble du processus électoral dans les 27 circonscriptions du pays. Selon le rapport préliminaire de la MOE, la journée électorale a été bien organisée et s'est déroulée dans un climat serein. Les observateurs de la MOE-UE, a indiqué la chef de la mission, ont évalué de manière positive, voire très positive, le déroulement du vote et du dépouillement, ainsi que sa transparence, dans la quasi-totalité des 584 bureaux observés. La mission a aussi constaté la présence des représentants de candidats dans 98% des bureaux et des observateurs électoraux tunisiens dans 66%, pourcentage identique à celui enregistré le 26 octobre. L'agrégation des résultats dans les bureaux centraux a été plus fluide que lors des élections législatives, surtout grâce aux mesures adoptées par l'Isie. La MOE-UE attend la publication des procès-verbaux sur le site internet de l'Isie et observera ensuite l'éventuelle phase de recours électoraux. 489 nouveaux inscrits n'ont pas retrouvé leurs noms La chef de la MOE a ajouté que les données d'inscription ventilées par genre et tranche d'âge indiquent que les femmes et les jeunes sont sous-représentés dans le registre électoral : les femmes constituent 46% des électeurs inscrits, alors qu'elles représentent 51% de la population. Pour leur part, les jeunes entre 18 et 21 ans constituent à peu près 10% de la population en âge de voter mais moins de 5% des inscrits. L'Isie a réinséré 489 électeurs qui s'étaient inscrits mais n'avaient pas retrouvé leurs noms sur le registre électoral, pour la plupart à l'étranger. En ce qui concerne la campagne électorale, le rapport souligne qu'elle s'est déroulée dans le calme, sans violence et sans discours d'incitation à la haine. La liberté d'expression et de rassemblement a été respectée. 27 candidats étaient en lice, parmi lesquels une seule femme. Le retrait de cinq candidats après la publication de la liste définitive n'a pas eu d'effet juridique sur la comptabilisation des résultats et n'a pas entraîné de modification du bulletin de vote. Infractions d'importance mineure La mise en œuvre des règles de campagne s'est avérée plus simple que lors des élections législatives grâce au nombre plus réduit des candidats et du fait que la campagne a été organisée au niveau national plutôt que régional. Les candidats ont généralement respecté la réglementation, et la grande majorité des infractions relevées par les contrôleurs de l'Isie ont été d'importance mineure. L'Isie a saisi le ministère public pour 22 infractions électorales qui concernent le non-respect des règles d'affichage, l'utilisation de médias étrangers, la publicité politique et, dans un seul cas, l'incitation à la haine. Les médias ont joué un rôle plus important dans la campagne présidentielle que dans celle des élections législatives. En revanche, la campagne a été cette fois moins visible dans les rues. Selon nos observations, seuls les candidats Béji Caïd Essebsi, Moncef Marzouki et Hamma Hammami ont organisé de grands rassemblements. Béji Caïd Essebsi, Moncef Marzouki, Hamma Hammami et Slim Riahi ont mené des campagnes de proximité (porte-à-porte, réseaux sociaux, sorties dans les marchés, cafés politiques). Certains candidats, notamment Béji Caïd Essebsi, Larbi Nasra, Mondher Zenaïdi, Yassine Chennoufi, Slim Riahi ou encore Mohamed Frikha, ont loué de grands emplacements publicitaires sur les axes principaux des agglomérations. Bipolarisation croissante «De l'avis de certains candidats et selon des articles d'opinion, la campagne aurait été caractérisée par une bipolarisation croissante», indique le rapport préliminaire. Les ressources des candidats provenaient d'une part d'une subvention publique modeste à hauteur de 80.000 DT, allouée à tous les candidats, et d'autre part de l'autofinancement et du financement privé. Il est à noter que 22 candidats ont reçu la première tranche de la subvention seulement le vendredi 14 novembre, trois semaines après la date prescrite par la loi. «Le gouvernement a fixé le plafond global des dépenses de campagne pour chaque tour de l'élection présidentielle à 10 fois le montant de la subvention publique», indique le rapport. Les médias plus équitables au cours de la campagne présidentielle Côté médias, la chef de la MOE a précisé que, comme, lors des élections législatives, la liberté d'opinion, d'expression et d'information garantie par la Constitution a été respectée et les médias tunisiens ont pu couvrir librement la campagne présidentielle. La loi électorale et les décisions de l'Isie et celles de la Haute autorité Indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) obligent les médias à assurer une couverture impartiale et à accorder aux candidats le même temps d'antenne. Lors des législatives, le respect de ce devoir d'équité s'était avéré difficile, voire impossible, en raison du grand nombre de listes, plus de 1.300. Le nombre bien plus réduit de candidats à l'élection présidentielle — 27, dont 5 se sont retirés avant ou au cours de la campagne — a facilité la tâche d'informer de façon équitable et a permis aux médias audiovisuels, notamment publics, de mieux cerner les candidats et leurs messages. Pour sa part, le président de la délégation d'observation électorale du Parlement européen, M. Michael Gahler, a souligné que l'achèvement de ces élections marquera une étape très importante pour entrer dans la phase d'institutions pérennes et de consolidation de la démocratie en Tunisie.