Bien qu'elle soit sectorielle (c'est-à-dire qu'elle ne touche que les professeurs), la grève programmée pour aujourd'hui 26 et demain 27 novembre se déroulera sur fond de revendications sociales au profit des salariés et des employés de la Fonction publique. C'est, en substance, ce qu'a déclaré M. Sami Tahri, chargé de l'information au sein de l'Ugtt Au cours d'une conférence de presse, tenue hier au siège de l'organisation syndicale, l'accent a été mis sur la nécessité d'engager les négociations sociales avec le gouvernement en vue de parvenir à des accords en faveur de tous les salariés du secteur public. C'est, selon le porte-parole de l'Ugtt, le seul moyen de réaliser les augmentations attendues pour lutter contre la détérioration insupportable du pouvoir d'achat des couches moyennes. Aujourd'hui, tous les secteurs d'activité sont en état d'ébullition à cause de la non-application de certains accords. La prolongation de la crise est de nature à envenimer davantage le climat général. La Centrale syndicale, ajoute M. Sami Tahri, n'admet pas le renvoi des négociations salariales au prochain gouvernement. Faire pression sur le gouvernement De son côté, M. Lassaâd Yaâcoubi, secrétaire général du syndicat de l'enseignement secondaire, a expliqué les raisons qui ont poussé les enseignants à prendre la décision de ce débrayage. Cette grève, a-t-il poursuivi, est un moyen de faire pression sur le gouvernement pour qu'il accepte de s'asseoir à la table des négociations. Le renvoi de ce dossier au prochain gouvernement ne ferait que prolonger une crise qui pèse trop fort sur la bourses des citoyens. La fin de ce mois est décisive puisque c'est le délai accordé pour obtenir l'accord de l'équipe gouvernementale d'entrer dans des négociations sociales. La Commission administrative de l'Ugtt devra prendre les mesures qui s'imposeront lors de sa prochaine réunion qui se tiendra avant la fin de ce mois. Les conséquences d'un éventuel blocage seront très lourdes. M. Yaâcoubi a rappelé que les points de désaccord ont été soulevés depuis trois ans. Mais rien n'a été accompli allant dans le sens de la satisfaction des demandes des enseignants. La réunion qui s'est tenue au ministère de l'Education le 21 novembre dernier n'aurait rien apporté. Pourtant, elle a regroupé les représentants du Syndicat général de l'enseignement secondaire appuyés par le S.G adjoint chargé de la Fonction publique. En face, était présente l'équipe ministérielle présidée par le ministre de l'Education. Motion professionnelle Lors de cette rencontre, les différents points contenus dans la motion professionnelle ont été exposés. Cette motion a repris les principales préoccupations du secteur telles que la situation des professeurs d'éducation physique, la détérioration sans précédent du pouvoir d'achat des enseignants, la prolifération des phénomènes de la fraude et de la violence (verbale et physique)... Cet état s'expliquerait, selon M. Yaâcoubi, par l'absence de lois criminalisant l'atteinte à l'intégrité des enseignants et de l'institution éducative. C'est pour ces raisons essentielles que le syndicat général de l'enseignement secondaire a pris la décision de cette grève de deux jours. Il appelle, par conséquent, le gouvernement à ouvrir des négociations urgentes avec l'Ugtt en vue de permettre aux agents de la Fonction publique d'améliorer leur situation matérielle. Elles permettraient aussi aux enseignants et aux professeurs d'éducation physique d'obtenir des augmentations salariales susceptibles de les aider à surmonter les difficultés matérielles croissantes. Le syndicat appelle, en outre, à suspendre toutes les mesures visant à opérer des retenues sur salaire au profit du budget de l'Etat. En s'adressant au ministère de la Jeunesse, des Sports, de la Femme et de la Famille, le syndicat demande, instamment, l'application de toutes les conventions signées et, notamment, celles du 3 juin 2013 et du 8 septembre 2014. Majoration des primes D'autres points attendent, également, application et satisfaction. C'est le cas de la majoration de la prime accordée aux professeurs (prime de fournitures scolaires, de rentrée scolaire, des examens et de la surveillance, prime pédagogique, kilométrique, de rendement...) Sans parler de l'effet financier des promotions professionnelles ainsi que du bénéfice d'une promotion automatique pour les professeurs trois ans avant la fin de service. Un autre point concerne le cadre administratif, à l'instar des directeurs et des censeurs. Sur ce volet, le syndicat exige l'ouverture de discussions pour améliorer l'accord ayant trait à ce personnel. Le but serait de réviser les lois qui les concernent, l'augmentation des primes spécifiques (prime de responsabilité, prime de supervision des examens nationaux, prime de logement). A titre d'exemple, on accorde 35 D comme prime de logement aux directeurs. Il y aurait, pourtant, un nombre réduit de personnel (1.400 directeurs et 600 censeurs). Pour finir, le syndicat général de l'enseignement secondaire demande qu'on arrête définitivement le recours au travail précaire à travers les suppléants. La solution envisagée est de les intégrer par étapes dans le corps enseignant. Modalités du déroulement de la grève Ce mouvement touche tous les enseignants des collèges, des collèges techniques, des collèges pilotes, des lycées, des lycées pilotes et tous les enseignants d'éducation physique (tous grades confondus, y compris ceux qui exercent dans les écoles primaires) ainsi que les professeurs chargés d'un travail administratif, ou de directeur ou de censeur. Le communiqué du syndicat général de l'enseignement secondaire précise que cette grève est présentielle. Dès le matin, des réunions se tiendront dans les salles des professeurs puis il y aura des rassemblements, selon les régions, dans les locaux de l'Ugtt. Le deuxième jour, un rassemblement est prévu sur la Place du Gouvernement, à La Kasbah.