Le président et candidat du Mouvement Nida Tounès à l'élection présidentielle Béji Caïd Essebsi a appelé le Conseil de la choura, principale instance dirigeante du Mouvement Ennahdha, à décliner clairement sa position quant à la question de savoir qui des deux candidats soutenir au second tour. «Il est insensé que la position de cette instance si ancienne reste opaque», a-t-il dit hier dans un entretien à la chaîne d'information en continu France 24. Caid Essebsi a affirmé que la majorité écrasante des bases et cadres d'Ennahdha, qu'il a qualifiés de «machinerie d'Ennahdha», ont «pris fait et cause pour le candidat Mohamed Moncef Marzouki et apporté leur concours à l'organisation de sa campagne électorale sur consignes de leur direction». Il a en outre critiqué la présence, aux premiers rangs des meetings de campagne de Marzouki, d'un prédicateur salafiste connu et de membres des ligues de protection de la révolution, légalement interdites, rappelant les mots d'ordre violents lancés par ces derniers, dont la menace de «faire de la Tunisie un bain de sang en cas d'accession au pouvoir du candidat de Nida Tounès». La fable de l'omnipuissance Béji Caïd Essebsi a d'autre part démenti qu'il y ait risque de monopolisation du pouvoir et de résurgence du système de despotisme, expliquant qu'en créant son mouvement politique, il s'était senti investi d'une responsabilité nationale « face aux dérives de la Troïka ». «C'est tout le contraire de la fable de l'omnipuissance que d'aucuns ont inventée pour nuire à Nida Tounès», a-t-il ajouté. Interrogé sur la lettre qu'il avait reçue du président provisoire de la République Mohamed Moncef Marzouki qui y lui demandait de choisir un chef de gouvernement, Béji Caïd Essebsi a dit avoir trouvé «triviale» la manière dont la lettre en question lui avait été envoyée, évoquant « une manœuvre politique » et une violation de la loi. Caïd Essebsi a encore déclaré que la majorité parlementaire relative obtenue par Nida Tounès «a valeur de message implicite du peuple» pour lui dire que « le mouvement ne gouvernera pas seul et qu'il est tenu au dialogue et à la concertation avec toutes les sensibilités politiques, y compris Ennahdha ». A la question de savoir s'il va accepter un face-à-face télévisé avec son adversaire Moncef Marzouki au cours de la campagne électorale pour le second tour, Essebsi s'est borné à dire qu'il est «contre les combats de béliers». Moi, «je parle au peuple et non aux partis», a-t-il ajouté.