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Ville des vergers et de l'artisanat
Testour
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 12 - 2014

De toutes les cités du Nord-Ouest, Testour est presque la seule à avoir su préserver son cachet propre à elle, en tant que ville andalouse.
La ville regorge de faits historiques qui vous renvoient tous à cette chère Andalousie d'où sont venues des centaines de familles, et qu'elles ont quittée pour ne plus y retourner, en se faisant une nouvelle raison d'être dans cette cité, réplique de celles qu'elles ont laissées derrière elles.
Ville du Nord-Ouest sur l'axe Tunis-le Kef, Testour, cité andalouse, fut construite sur la cité romaine «Ticila» qui se lit «Tichila».
Relais comme toutes les villes construites à l'époque romaine, elle connut un grand essor avec l'arrivée des Maures, chassés d'Andalousie, tombée entre les mains des rois catholiques d'Espagne pendant la guerre de la Reconquista qui se termina en 1492 avec la chute de Grenade, dernier bastion arabe dans la péninsule ibérique.
Les exactions commises par les inquisiteurs poussèrent musulmans et juifs vers l'exil.
Des dizaines de milliers débarquèrent ainsi sur les côtes de la rive sud de la Méditerranée, plusieurs choisirent la côte, alors que d'autres ont gagné l'intérieur du pays. Les Andalous, qui ont choisi la vallée de la Medjerda, sont ceux de la dernière vague. Et c'est en 1609 que Testour a vu arriver ses premiers Andalous qui avaient choisi ce site pour son emplacement stratégique juché sur une colline sur le bord de la grande rivière.
D'autres sont venus après pour former une véritable communauté où vivaient côte-à-côte musulmans et juifs dans une véritable harmonie jusqu'à une date récente. C'était une communauté de destin au vrai sens du terme. Les juifs, selon les historiens, représentaient à peu près 30% de la population totale de la ville où chacun de son côté a porté sa touche pour en faire une grande cité prospère et grouillante d'activités. Venu d'une Andalousie très en avance sur l'Afrique du Nord, ce peuple d'immigrés a apporté avec lui tout l'art qu'il maîtrisait dans l'agriculture, l'artisanat, l'architecture. Ainsi, naquit cette ville qui garde encore son cachet intact avec ses tuiles d'Andalousie fabriqués sur place. La splendeur de sa grande mosquée surplombant la cité porte cette touche unique dans son genre en Tunisie avec son minaret aux motifs qu'on ne retrouve nulle part ailleurs et son horloge solaire remise en marche il y a quelques années. Cette mosquée, pour l'histoire construite en 1630, le fut par des maçons musulmans et juifs. Une marque bien spéciale de ces derniers se trouve d'ailleurs dans ce chef-d'œuvre architectural.
Testour, c'est connu aussi, que c'est la ville des mosquées. Il y en avait quatorze pour une population de moins de dix mille habitants à l'époque. Il en reste huit aujourd'hui, toutes aussi sobres les unes que les autres, épousant un cadre bien spécifique avec la chaux dont elles sont badigeonnées, qui est la même de celle des demeures andalouses aux vastes patios, où on plantait orangers, citronniers et jasmins.
Ville des mosquées
L'artisanat y était aussi une activité très développée. De multiples ateliers familiaux ou individuels existaient dans les différentes ruelles de la cité. Le tapis de Testour était très connu dans la région. Le Burnous et la Jebba de Testour ont une renommée qui dépasse les frontières. En un mot, le travail de la laine était une activité testourienne par excellence avec les Batanias et Hanbals à la finesse sans pareil dans le pays.
Le label andalou est présent partout dans cet artisanat aujourd'hui agonisant du fait de la vie moderne qui a bouleversé le mode de vie dans une ville qui, en dépit de tout, demeure fidèle à ses habitudes et traditions et résiste aux aléas du temps.
En parallèle de l'artisanat, activité citadine, les habitants de cette ville, mesurant à sa juste valeur la richesse de la plaine environnante, y ont développé une agriculture bien spécifique, celle de l'arboriculture.
Sur les deux rives de la Medjerda, à partir de Slouguia et jusqu'à plus de cinq kilomètres en allant vers Téboursouk, on ne voit que des vergers aux multiples variétés d'arbres.
Les plus connus sont, sans conteste, le grenadier testouri et l'abricotier chechi, dont il ne reste — il est vrai — que quelques unités, survivance des temps passés. Une autre variété, qui a supplanté la vraie, porte aujourd'hui le même nom mais dont le fruit est loin d'être aussi savoureux que son devancier.
Dans ces vergers, tous dotés de puits équipés en moto-pompes avec de grands bassins, on pratique la culture à étages avec du maraîchage à l'ombre des arbres. On y cultive toutes sortes de légumes et notamment la pomme de terre, spécialité des maraîchers de Testour. Tout comme ceux de Ghar El Melh, qui sont eux aussi des Andalous.
Cette ville, connue pour le dynamisme de ses habitats et son activité incessante, est l'une des rares du pays qui pouvait se suffire à elle-même, de par la complémentarité entre ses composantes sociales, réparties entre les différentes activités, la variété des produits de son agriculture et de son artisanat, ainsi que cette symbiose dans laquelle vivait sa population et qui demeure encore vivace entre ceux dont les ancêtres ont vécu et enduré l'exil de leur terre natale. Ceci explique d'ailleurs la cœxistence en parfaite cohésion entre la communauté musulmane et celle des juifs qui avaient leur synogogue et un grand cimetière où se trouve inhumée une figure de proue du rabbinat juif en Tunisie, le rabbin Fraji, que des juifs de tout le pays visitaient à l'occasion de la fête du Kippour pour se recueillir sur sa tombe. C'était un moment très attendu par les petits de la ville à qui les visiteurs donnaient quelques francs et des sucreries qu'on dégustait avec délectation.
Les juifs de Testour étaient tous ou presque des commerçants, ils partageaient avec les musulmans leurs heurs et malheurs.
Ils dégustaient même certains de leurs mets, tel ce fameux beignet qu'on appelle Sfinj qu'on confectionnait pour le petit déjeuner des convives lors des noces.
Aujourd'hui, plus un seul juif ne vit dans cette ville; les derniers l'avaient quittée après 1967. Seuls le cimetière reste, même s'il n'est plus visité, et la synagogue habitée par un musulman, question de la préserver de tout acte de vandalisme, surtout par ces temps d'intolérance et de fanatisme aveugles.
Ville du malouf et des veillées !
Le Testouri en bon Andalou a ramené de Cordoue, Séville, Grenade et autre Tolède, ses mœurs faites d'amour et de la vie, de l'art et de la bonne chère, même si dans cette ville on ne mange pas beaucoup de viande comme c'est le cas à Medjez El Bab par exemple.
Dans le Nord-Ouest, Testour est l'une des rares villes où on veille tard la nuit, chez soi ou dans les cafés de la principale artère de la cité qui la traverse de bout en bout. A toute heure de la journée, de nuit comme de jour, vous trouverez un café ouvert, une gargote ou même un épicier. Les veillées dans cette ville étaient des plus agréables sur les terrasses de ses cafés, notamment celui d'El Borni qui fait face à la Grande Mosquée. Un peu plus bas, il y avait le café des Andalous, où on avait organisé les premières manifestations du festival du Malouf qu'on avait déplacé par la suite vers l'hôtel qui se trouve à la sortie de la ville en allant vers Teboursouk.
Le malouf demeure très vivace chez les Testouris de souche maure. De petites troupes issues de familles andalouses ont existé par le passé. Je ne sais si aujourd'hui il en reste quelques-unes ou non, mais il n'en demeure pas moins qu'on savoure dans cette ville ce genre de mouacheh qui rappelle aux Marco, Merkikou, Jbiss, Ghin, Bantor, Mérichkou et j'en oublie leurs origines et la grande civilisation andalouse que leurs ancêtres ont laissée derrière eux en quittant l'Espagne pour un exil définitif.


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